Entre la mode dans « une situation contrastée » et le pôle technique « très dynamique », il y a « un écartement » qui pousse à la prudence Yves Dubief. Selon le président de l’Union des industries textiles (UIT), qui s’exprimait lors d’une conférence de presse de conjoncture, le 25 septembre, le chiffre d’affaires de la profession devrait osciller ainsi entre zéro et + 1 % à la fin de l’année, après, il est vrai, au premier semestre une activité stable, des exportations et des importations croissant également faiblement, de 1 et 2 % respectivement.
« On a bien résisté malgré l’effritement de la consommation, les exportations sont toujours dans le vert », s’est félicité le dirigeant. Mais ce résultat intervient après une année 2016 morose : le chiffre d’affaires avait gagné 200 millions en un an pour atteindre 13,2 milliards d’euros, les exportations 300 millions pour parvenir à 8,8 milliards et les importations étaient demeurées stables.
Dans le détail, d’après la dernière enquête trimestrielle de l’IUT sur les tendances entre les seconds trimestres 2016 et 2017, le segment de la maison subit une crise majeure, tant sur le marché français qu’à l’export, alors que la mode et les accessoires parviennent à se maintenir sur les marchés internationaux. Le baromètre textile de l’organisation professionnelle témoigne également de la bonne santé des textiles techniques, qui gagnent à la fois en termes de chiffre d’affaires, de commandes et d’export.
E. Butaud-Stubbs : le Brésil, « un pays fermé », la Russie « redémarre », l’Inde, elle « espère »
« Globalement, on est sur un plateau, reconnaissait Yves Dubief. La politique industrielle de la France, avec ses plans sectoriels, notamment pour le textile, avec la mode et le luxe, a permis une prise de conscience de l’importance de l’innovation, mais, en même temps, les projets sont encore en phase industrialisation et la mise sur le marché arrivera au mieux dans quelques mois sinon dans quelques années vers 2020 ». Ce qui est, notamment, un souci pour la mode, confrontée à une véritable révolution, technologique d’abord, avec l’émergence du e-commerce, l’arrivée, en particulier, d’Amazon, et d’évènements extérieurs, ensuite, comme le Brexit et la variation de l’euro par rapport au dollar.
Le textile tricolore a du mal à se placer dans les grands pays en développement, tels que les Bric, à l’exception de la Chine, qui est devenue un débouché important.
« Le Brésil, nous y sommes inexistants, en raison des droits de douane élevés et de la concurrence locale, c’est un pays fermé », expliquait Emmanuelle Butaud-Stubbs, directrice générale de l’IUT, qui est, toutefois, plus optimiste pour la Russie et l’Inde. « La Russie, parce que l’économie y redémarre, que nous y restons très présents dans la lingerie, mais nous y avons aussi perdu des flux commerciaux avec les sanctions », nuançait la dirigeante.
Quant à l’Inde, elle « espère » une pénétration plus facile des marchés, dès lors que le Premier ministre Narendra Modi s’est engagé à l’instauration d’une TVA harmonisée à tous les États de la République fédérale.
A l’export, l’UIT prévoit de mener dix opérations collectives avant la fin de l’année, notamment en Égypte et Corée du Sud. Elle proposera également dans les semaines qui suivent son plan 2018, avec une quarantaine de missions collectives, notamment en Iran, au Canada, dans la lingerie à Hong Kong et Shanghai.
François Pargny