Le Japon vit depuis le 11 mars un choc violent. Après un séisme grave suivi d´un tsunami qui ont frappé le Nord-Est de l´archipel, entraînant un lourd tribut humain, une catastrophe nucléaire plane sur le Japon. Des experts économistes ont analysé l’impact de ces événements sur une économie japonaise déjà structurellement fragilisée.
Comme le résume une analyse du Crédit Agricole, publiée le 14 mars, ce choc « combine un tremblement de terre grave, un tsunami important, une alerte nucléaire sévère, ce qui le rend sans comparaison historique valide avec d´autres chocs », et ce « dans un pays qui peine à sortir de la déflation depuis des années et qui a un niveau d´endettement très élevé ».
Le nombre de victimes pourrait dépasser 10 000, d´après les estimations provisoires. Les dégâts les plus importants ont été enregistrés dans les préfectures de Yamagata, Miyagi et Fukushima, qui comptent pour 4 % du PIB. « Si l´on retient l´hypothèse d´un quart seulement du nombre prévu de victimes, 1 % du PIB serait perdu », estiment les auteurs de l´analyse.
La production des entreprises dans l´archipel se trouve affectée. Les dommages à la centrale nucléaire de Fukushima et les pénuries d´électricité vont entraîner une baisse de la production dans les prochains mois et pourraient avoir des conséquences importantes sur l´activité des entreprises et des ménages, avec à la clé une baisse du PIB, estime l´analyse. Nombre d´entreprises ont d´ailleurs suspendu leur production, à l´instar du secteur automobile ou de l´électronique.
Les marchés financiers n´ont pas tardé à répercuter la crise. Après avoir perdu le 14 mars 6,2 %, l´indice Nikkei a dégringolé le lendemain de 14 %. Face à la crise qui frappe le pays, la Banque de Japon a injecté d´importantes liquidités sur le marché monétaire : elle a à ce jour apporté au total 23 000 milliards de yens, soit 202 milliards d´euros.
Autre conséquence, cette fois-ci financière : la hausse du yen. La monnaie nippone a en effet atteint plus de 80 yens pour un dollar. Une pression haussière due au rapatriement de capitaux, indique la note du Crédit Agricole. Et qui pourrait avoir un impact négatif sur les exportations nippones. « Un yen plus fort sera négatif pour les exportations japonaises étant donné qu´elles rivalisent avec celles de la Corée, de Taïwan et de la Chine. Dans cette situation difficile, une hausse du yen n´est pas souhaitable », confie au Moci.com Susumu Kato, économiste au Crédit Agricole.
Malgré ces épreuves qui frappent l´économie japonaise, plusieurs analyses laissent place à un certain optimisme. Comparant l´impact du séisme à celui qui avait frappé Kobé en 1995, une étude d´Oxford Economics estime le 14 mars que le PIB japonais pourrait se contracter de 0,2 à 0,5 % durant le premier trimestre. Mais à plus long terme, à condition qu´il n´y ait pas de détérioration de la situation nucléaire, l´économie nippone pourrait retrouver relativement rapidement les points perdus, selon l´étude.
Pour sa part, Natixis estime, dans une analyse du 14 mars, que le cataclysme naturel ne devrait pas conduire le pays à la récession. D´abord, les trois régions directement touchées par le séisme ne concentrent que 4 % du PIB national. Les industries automobiles, machine-outil, électronique et IT sont implantées, mais la production agricole y reste importante. Mais aussi, parce que « malgré une dette publique déjà élevée, le Japon n´aura pas de difficulté à financer la reconstruction en détournant l´épargne domestique de ses investissements étrangers », note l´analyse.
Reste à savoir quel sera l´impact de la crise japonaise sur l´économie mondiale. D´après Susumu Kato, « c´est l´économie asiatique qui en pâtira le plus, le Japon y jouant un rôle majeur dans les affaires et les finances ».
Natasa Laporte