Quelques jours avant le Sommet Japon-Union européenne (UE), le 28 avril à Tokyo, les autorités de ce pays asiatique annonçaient un excédent commercial de 7,6 milliards de dollars en mars et une hausse des exportations nipponnes de près de 46 % par rapport au même mois de 2009. Ces livraisons, pour plus de la moitié, étant réalisées en Asie.
Piqué au vif par les négociations engagées par l´UE avec Singapour et surtout par l´accord de libre-échange (ALE) signé avec la Corée du Sud, l´archipel souhaite aboutir aussi à un ALE qui lui permettrait de faire tomber les droits de douane européens dans l´automobile (10 %), l´électronique (14 %) et les pièces détachées (de 5 à 7 %).
La diversification des exportations hors d´Asie est jugée d´autant plus importante qu´avec la concurrence renforcée de pays émergents comme la Chine et la Russie, les échanges du Japon avec les Vingt-Sept se sont sensiblement réduits. Ainsi, l´an dernier, le sixième partenaire commercial de l´UE ne comptait plus que pour 3 % des exportations de l´Union européenne et 5 % des importations.
Dans un article du 10 mai, le site LaTribune.fr explique que le Japon se tourne aujourd’hui davantage vers la vente de composants sophistiqués dans l´automobile et l´électronique que de produits finis. Ce déplacement vers l´amont de la production serait vital, en raison de la concurrence sud-coréenne en particulier.
Pour autant, les expéditions de l´UE sont tombées de 45 milliards à 36 milliards d´euros entre 2000 et 2009 et ses importations de 92 milliards à 56 milliards. Pour l´Europe, son déficit commercial de 20 milliards d´euros s´explique notamment par les obstacles non tarifaires dressés par son partenaire asiatique, comme l´accès limité aux marchés publics et les normes nipponnes. Autant dire que les négociations s´annoncent serrées.
Le Sommet de Tokyo a juste débouché sur l´établissement d´une commission chargée d´étudier le renforcement des relations commerciales. Mais, selon l´institut de recherche Copenhagen Economics, si les barrières étaient éliminées, le potentiel de gains pour les exportateurs européens s´élèverait à 29 milliards d´euros. Un accord d´intégration permettrait un bond de 71 % de leurs ventes. Pour le Japon, la hausse des exportations dans l´UE atteindrait 61 %.
François Pargny