Le 17 juin, comme Le Moci l’avait annoncé en avant-première, Édouard Philippe s’est déplacé à Rouen pour la première convention nationale Team France Export. Un événement marqué par le lancement par le Premier ministre, avec son hôte, le président de la Région Normandie, Hervé Morin – également à tête de l’association Régions de France – de la plateforme numérique teamfrance-export regroupant, région par région, les offres de formation, d’accompagnement et de financement à l’export de l’ensemble de l’écosystème public et privé (Business France, Bpifrance, réseau consulaire, organismes de formation, spécialistes de la traduction, consultants, banques, etc.).
La plateforme teamfrance-export se présente comme le support de portails du même nom dans les 13 régions métropolitaines, auxquels s’ajoute un portail pour les régions d’outre-mer. « La plateforme numérique de solutions illustre notre volonté d’inscrire la Team France Export dans une logique de proximité, de lisibilité et de différenciation », a souligné le Premier ministre.
Pour l’occasion, quatre membres de son gouvernement s’étaient déplacés Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des affaires étrangères, Sébastien Lecornu, ministre chargé des collectivités territoriales, Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Europe et des affaires étrangères, Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des finances. Étaient également présents les principaux dirigeants de l’écosystème du soutien au commerce extérieur, dont Christophe Lecourtier, directeur général de Business France, Pierre Goguet, président de CCI France, et Alain Bentéjac, président du Conseil national des conseillers du commerce extérieur de la France (CCEF), etc.
Normandie : les bons résultats du guichet unique
Il y a quinze mois, le 25 février 2018, devant les étudiants de l’Edhec Business School à Roubaix, le chef du gouvernement annonçait la nouvelle stratégie nationale du commerce extérieur. L’accompagnement à l’international en était la réforme la plus attendue, avec la constitution d’équipes de France régionales, les Team France Export, composées de Business France, des CCI, de Bpifrance, des Régions et de l’État.
Un mois plus tôt, le 18 janvier 2018, la Normandie avait déjà lancé un outil pilote d’accompagnement, l’Accélérateur Xport, guichet unique à la disposition de toutes les sociétés normandes désirant naviguer à l’international. Selon Hervé Morin, « 206 entreprises sont entrées dans l’accélérateur à l’export en 18 mois, dont 30 % de primo-exportateurs ». Pour autant, a-t-il reconnu devant le Premier ministre, « il ne suffit pas d’aller à l’international, il faut y rester » et, pour lui, il faudra deux à trois ans pour évaluer la pertinence du système.
Principe de subsidiarité et digitalisation
Pour être efficace, le principe de subsidiarité doit néanmoins s’appliquer. « A chaque fois que le privé peut présenter un meilleur service et à un moindre coût, le public doit laisser sa place », a averti Édouard Philippe, qui a aussi insisté sur la nécessaire modernisation du service public par la numérisation.
A cet égard, il a rappelé l’importance du Fonds de transformation pour l’action publique (FTAP) pour financer la plateforme de solutions et l’outil de gestion de la relation client de la Team France Export, le CRM (Customer Relationship Management), qui doit encore être déployé dans toutes les régions d’ici fin septembre.
En région, 235 conseillers au service des PME et ETI
Devant les représentants de la région Normandie – Vianney de Chalus, président de CCI Normandie, Alexandre Wahl, directeur général de l’Agence de développement Normandie, etc.)-, Édouard Philippe s’est fait fort de rappeler que « la bataille de l’export commence dans les régions ».
A cet égard, Jean-Yves Le Drian a insisté sur le fait que « les PME et ETI françaises peuvent maintenant s’appuyer sur 235 conseillers dédiés à l’international », issus de la mise en commun sur les territoires des équipes des CCI et de Business France. Les 300 000 entreprises peu ou pas exportatrices peuvent ainsi bénéficier d’un référent unique pour les guider dans le dispositif. C’est ce que l’on appelle aussi le guichet unique, et ces 235 conseillers peuvent être contactés sur la plateforme de solutions.
« Dans les territoires, il y a donc un seul donneur d’ordre, un seul guichet unique et l’autorité est exercée par la Région », s’est félicité Jean-Yves Le Drian. « Dans les pays étrangers, a-t-il poursuivi, il n’y a aussi qu’une autorité, l’ambassadeur, qui joue le rôle d’interface et fait en sorte qu’il y a aussi un guichet unique ».
A l’étranger, où Business France se désengage de certains pays (le dernier en date, la Russie), les Chambres de commerce et d’industrie françaises à l’international et Business France disposent ensemble de 750 conseillers à l’international.
Formation : des certifications en anglais
Édouard Philippe a profité de sa visite à Rouen, au lendemain de la grande parade des voiliers de l’Armada, pour faire le point sur les deux autres axes de la nouvelle stratégie nationale en matière de commerce extérieur : formation et financement.
« Sur les compétences, on forme au commerce extérieur, à l’export, l’apprentissage de l’anglais est indispensable ». Le Premier ministre a ainsi mis en avant la certification en langue anglaise pour 40 000 étudiants dans les établissements universitaires et dans les lycées en 2019-2020.
Les perspectives sont ambitieuses, puisqu’il s’agit de doubler les certifiés en université en 2020-2021, d’étendre cette certification à toutes les spécialités de BTS parallèlement et à toutes les licences en 2022-2023.
Sur les financements, plusieurs mesures ont été évoquées, comme l’amélioration et la simplification de l’assurance prospection et l’extension de la garantie de change à onze nouvelles devises. Sans compter le doublement de l’enveloppe des prêts du Trésor en trois ans, pour atteindre 600 millions d’euros annuellement.
J-B. Lemoyne : « ne tombons pas dans l’autosatisfaction »
Pour autant, a reconnu Jean-Baptiste Lemoyne, ce n’est pas fini. « Certains outils de financement, par exemple, doivent être affinés », a-t-il estimé en référence au Pass Export, un contrat de facilitation de l’accès aux garanties d’État et aux financements export contre un effort de valorisation de la part française par l’entreprise bénéficiaire.
« Ne tombons pas dans l’autosatisfaction », a ainsi alerté le secrétaire d’État. Un avertissement justifié au regard des derniers chiffres du commerce extérieur. Sur les quatre premiers mois, la France affiche un déficit des échanges de biens supérieur à 25 milliards d’euros.
François Pargny