La
conférence des donateurs de Tchernobyl, réunie le 19 avril à Kiev, s’est soldée
par un échec. Alors qu’il manquait 740 millions d’euros pour financer, entre
autres, le projet d’arche géante imaginé par Vinci et Bouygues pour le premier sarcophage recouvrant le réacteur numéro 4 de la centrale
ukrainienne, la communauté internationale s’est engagée sur seulement 550 millions d’euros.
Pour François
Fillon, qui coprésidait cette conférence au titre de la présidence française du
G20-G8, « il ne s’agit que d’un
montant minimal, plusieurs pays ont affirmé leur engagement en faveur de l’achèvement
du chantier, sans toutefois être en mesure d’annoncer un chiffre aujourd’hui ».
Parmi les 23 pays alimentant le Chernobyl Shelter Fund, lancé en novembre 1997 par
les pays du G7 (devenu G8 depuis) et géré par la Banque européenne de
reconstruction et de développement (BERD), certains ont déclaré forfait. Le
Japon, pour des raisons évidentes, mais aussi des pays faisant face à des
difficultés financières ou à l’imminence d’élections, comme l’Irlande, le
Canada et l’Espagne.
La
communauté internationale a déjà versé 854 millions d’euros pour financer la reconstruction,
estimée à 1,54 milliard d’euros, du site de Tchernobyl. A elle seule l’arche
pharaonique qui viendra coiffer le sarcophage construit à la hâte après l’explosion
du réacteur numéro 4 le 26 avril 1986, coûtera 900 millions d’euros. Lundi 18
avril, l’Union européenne, qui est avec les Etats-Unis, une des plus gros
contributeurs, a promis 110 millions d’euros supplémentaires. A Kiev, Washington s’est engagé à verser 86 millions d’euros, l’Allemagne 42,5 millions, la
BERD 120 millions, la Russie 45 millions et la France 47 millions. « La France aura ainsi contribué pour
un total de plus de 160 millions aux travaux sur le site de Tchernobyl »,
a souligné M. Fillon.
La France a
tout intérêt à ce que ce projet inédit aboutisse. Parce que son savoir-faire
dans le domaine nucléaire n’est plus à démontrer, même si ce secteur doit
redorer son blason en matière de sécurité après la catastrophe de Fukushima. Mais aussi parce que le consortium Novarka, en charge de la construction de l’arche,
est français. Formé par Bouygues et Vinci, il a remporté en novembre 2007 l’appel
d’offres de ce chantier sans précédent, face à l’américain CH2-Hill.
Problème :
l’estimation du coût de l’arche a doublé en cinq ans et le chantier a pris un
retard considérable. Plusieurs raisons à cela : des défis techniques
inédits, certes, mais aussi un devis initial serré afin de remporter l’appel d’offres.
En outre, les associations ukrainiennes soupçonnent des cas de corruption
autour de ce chantier et doutent du bienfondé de ce projet pharaonique, alors
que les combustibles stockés dans des piscines posent des problèmes plus
urgents.
Sophie
Creusillet