Les questions de sécurité ont dominé les scènes économique et politique tchadiennes tout au long de 2008.
Les relations diplomatiques ont été rompues avec le Soudan après une attaque de rebelles du Darfour visant Khartoum, le Soudan affirmant que N´Djamena était derrière ce raid. Le Tchad, quant à lui, a soutenu avoir subi des attaques venues du Soudan, dont celle des 2 et 3 février 2008, au cours de laquelle des rebelles avaient investi sa capitale et étaient à deux doigts de renverser le président Deby. Toutefois, après une brouille de six mois, les deux pays ont renoué le 9 novembre leurs relations diplomatiques.
À ce conflit qui a affecté l´économie nationale, dégradant l´image et le climat des affaires, s´est greffée la décision de la Banque mondiale, début septembre, de se retirer de l´accord de prêt (65,7 millions de dollars, début septembre) concernant l´oléoduc opéré par Exxon Mobil et qui relie les gisements de Doba, dans le sud du Tchad, au terminal pétrolier camerounais de Kribi. La Banque mondiale a justifié son geste par l´incapacité du gouvernement à respecter ses engagements de mettre de côté une partie des recettes pétrolières au bénéfice des communautés locales, de la santé et de l´éducation. Le Tchad a fait savoir que cette décision n´aurait pas de répercussion revenus tirés des 170 000 b/j acheminés par l´oléoduc.
Toutefois, l´ensemble de ces facteurs a fait plonger la croissance qui ne serait que de 0,2% sur 2008, soit -8% pour le PIB pétrolier et +3,25% pour le PIB hors pétrole, selon le FMI. Pour 2009, 3,5% est attendue selon une mission du FMI mi-novembre. L´inflation s´est nettement accélérée en 2008, sous l´effet principalement du renchérissement des denrées alimentaires, et devrait s´établir à 7,5% en moyenne en fin d´année.
Côté investissements, fin octobre, la China National Petroleum a lancé la construction à N´Djamena de la première raffinerie du pays : elle produirait 20 000 b/j en 2011 pour monter à 60 000 b/j. Une centrale électrique (20 MW) est également prévue dans le cadre de ce projet, ce qui boostera la production électrique nationale de deux tiers. De son côté, le consortium mené par Exxon Mobil poursuit ses recherches, tout comme la compagnie taïwanaise OPIC.
Sur la scène politique, le président Idriss Déby a nommé comme Premier ministre un diplomate de carrière, Youssouf Saleh Abbas, qui a proposé de négocier une trêve avec les rebelles de l´Est tchadien dont beaucoup sont d´anciens ministres, officiers ou soldats. Le chef de l´État a fait entrer quatre de ses adversaires politiques dans le nouveau gouvernement.
L´Union européenne, qui a envoyé la force de paix Eufor dans l´est du Tchad pour empêcher tout débordement des violences au Darfour, s´est félicitée de cette ouverture politique. Elle avait par ailleurs programmé 30 millions d´euros sur 2008 en aide humanitaire.
Quant aux relations avec la France, l´affaire de l´Arche de Zoé, qui a démarré en octobre 2007, a continué à planer sur 2008 même après la condamnation en France, puis la libération des neuf Français, le président Idriss Déby les ayant graciés le 31 mars. En effet, le 7 octobre 2008, le Tchad a demandé à Paris 4,12 milliards de FCFA en dommages et intérêts. À suivre.
Bénédicte Châtel et Anne Guilllaume-Gentil