Il y a moins d’une semaine, la coopérative française de voyageurs Point-Afrique annonçait le lancement de onze vols vers Faya-Largeau, au nord du Tchad, à compter du 23 décembre, malgré l’avis défavorable du ministère français des Affaires étrangères qui s’inquiète des répercussions de l’engagement des forces françaises et tchadiennes au Mali. Une bouffée d’oxygène pour cette région vivant notamment du tourisme dans un des pays les plus pauvres du monde.
Bien que le Tchad exporte du pétrole depuis 2003, les deux tiers de ses 11,2 millions d’habitants vivent sous le seuil de pauvreté. « La France est très présente militairement, sa présence civile est aussi importante, mais on peut accorder que des subventions au Tchad, puisqu’il n’a toujours atteint le point d’achèvement des pays pauvres très endettés (PPTE) qui lui permettrait de bénéficier d’un allègement de sa dette et donc de la possibilité de se rendetter », expliquait Yves Boudot, directeur Afrique de l’Agence française de développement (AFD), lors d’un atelier d’informations d’Ubifrance, le 23 octobre.
Le régime compte sur les revenus pétroliers et l’aide asiatique
Jusqu’à présent, le régime d’Idriss Deby Itno, président depuis 1990, a préféré compter pour son développement sur ses revenus pétroliers et l’aide surtout asiatique, indienne (filature, assemblage de tracteurs, tréfilerie, jus de fruits, etc.) et chinoise (cimenterie de Baoré, raffinerie et zone franche de Djarmaya), détaillent les Services économiques régionaux (SER) pour l’Afrique centrale.
La Chine, qui a construit et détient 60 % de la raffinerie, est également le premier pays fournisseur, le Tchad lui ayant acheté pour près de 129 millions de dollars de marchandises en 2012. D’après la base de données GTA/GTIS, la France arrivait en deuxième position, avec environ 121 millions de dollars, les produits de l’Hexagone principalement importés étant des biens d’équipement, agroalimentaires et pharmaceutiques.
« Les opportunités sont considérables dans tous les secteurs. L’État a pendant longtemps réservé 80 % du budget national à l’Armée, mais çà change aujourd’hui. N’Djamena, la capitale, se transforme. Les constructions sont nombreuses, y compris pour des logements sociaux », rapporte Elias Many (notre photo), membre du Cercle d’affaires franco-tchadien (Caftchad). « Il y a plus de grues à N’Djamena qu’à Douala, capitale économique du Cameroun », confie Gérald Petit, directeur Ubifrance pour l’Afrique centrale
Le projet de Cité internationale des affaires
Une Cité internationale des affaires (CIA) doit être bâtie dans la capitale sur une surface totale de 162 868 mètres carrés, comprenant complexe commercial et de divertissement, ministère de l’Énergie et du pétrole et Société des hydrocarbures du Tchad, palais des congrès, parc des expositions, Centre africain des technologies de l’information (CATI), un grand hôtel, etc. Les besoins sont considérables en matière d’infrastructures. Le Tchad ne possède pas de chemin de fer. Les réseaux d’eau en rénovation et d’électricité sont insuffisants.
Pays enclavé membre de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (Cemac), le Tchad a tout intérêt à la réalisation d’infrastructures régionales, comme l’interconnexion électrique Cameroun-Nord Nigeria-Cameroun-Tchad-Centrafrique. Pascal Maccioni, le chef du service économique régional (SER) pointe aussi le corridor routier entre N’Djamena et le port camerounais de Douala.
François Pargny