600 participants venus de 47 pays : le symposium mondial des Conseillers du commerce extérieur de la France (CCEF) s’est ouvert ce matin à Miami dans une salle comble du complexe hôtelier Eden Roc, sur Miami Beach, où manquaient les chaises, et avec une feuille de route tournée vers le futur « Vision 2025 », qui doit alimenter réflexions et échanges durant deux jours, avec 15 conférences et tables-rondes et quelque 65 intervenants et conférenciers. Si Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères et du développement international, n’y assistera pas pour cause d’agenda géopolitique bousculé, il y a dépêché à la dernière minute Matthias Fekl, secrétaire d’État au Commerce extérieur, à la promotion du tourisme et aux Français de l’étranger, qui fera le déplacement spécialement et était attendu le 8 mai dans la capitale de la Floride.
« Il est très important pour un réseau comme le nôtre,qui compte 4 000 personnes dispersées dans le monde, de se réunir tous ensemble », a notamment indiqué Alain Bentéjac, président du Comité national des CCEF (CNCCEF), à l’ouverture, surtout à un moment où la France met la priorité « sur le développement international » des entreprises. Le choix de Miami, « hub international », s’avère pertinent, a-t-il estimé, saluant les participants venus d’Amérique du Nord et du Sud, mais aussi d’Europe, d’Asie et d’Afrique. Quant au thème tourné vers le futur, « il est au cœur de notre mission de conseil et de réflexion avec les pouvoirs publics ».
Parmi les 600 participants, une bonne moitié et plus de CCE, mais aussi des dirigeants de chambres de commerce françaises à l’étranger, des chefs d’entreprises non CCE -dont une cinquantaine de PME des quatre coins de France invitées pour un programme spécial de rencontres et de networking-, et enfin les représentants des principaux organismes de l’écosystème du soutien au commerce extérieur français, tous partenaires de cet événement (ministères, réseau diplomatique, Business France, Bpifrance, CCI International). « Le plus grand rassemblement au monde d’hommes d’affaires français en poste à l’étranger », a rappelé Paul Bensabat.
Alain Bentéjac, qui a rendu un hommage appuyé à ce dernier, président du Comité Amérique du Nord des CCE, cheville ouvrière de cet événement, en lui obtenant une « standing ovation », a ainsi donné les trois grandes raisons pour lesquelles il avait soutenu l’idée que ce symposium puisse devenir un événement mondial pour tous les CCE et qu’il bénéficie de l’appui du Comité national en France. Saluant son dynamisme et son engagement, le président du CNCCEF a tenu à souligner que « le conseil d’administration (du CNCCEF) n’a voté le projet qu’en septembre », malgré les « critiques » et la « morosité » ambiante « surtout du côté français ». Le nouveau président du CNCCEF, un an après son élection, donne ainsi un signal d’ouverture et de nouvelle dynamique au réseau des CCE.
Négociations TTIP : les négociateurs américains et européens « s’y sont très mal pris » selon Pascal Lamy
Le premier orateur, Pascal Lamy, ancien directeur général de l’OMC et tout nouveau délégué interministériel pour le projet de candidature de la France à l’Exposition universelle de 2025, infatigable pourfendeur du pessimisme français et défenseur d’un libre-échange raisonné et intelligent, a donné le « la » en donnant sa vision de l’évolution des grandes négociations actuelles de libre échange. Pour lui, il s’agit d’une transition d’un monde ancien, où les enjeux étaient dominés par « la protection des producteurs » à l’intérieur de frontières nationales, vers un monde où les nouveaux enjeux sont de « précaution » pour protéger les consommateurs, et se situent dans les normes et règles de qualité.
Pour Pascal Lamy, c’est pour ne pas avoir compris ce changement et adapté le discours -le « narratif » comme il dit- qui va avec que les négociateurs américains et européens « s’y sont très mal pris » dans la manière dont ils ont engagé les négociations pour le projet de Partenariat Transatlantique (TTIP). Car ils ont utilisé les argument « de l’ancien monde » pour vendre le projet à l’opinion publique, avec les études habituelles sur les retombées en terme de croissance et d’emplois, sans prendre la mesure des peurs qu’il pouvait susciter de part et d’autre de l’Atlantique, avec les caricatures brandies comme « le risque de voir arriver du fromage pourri » chez les Américains ou du « poulet chloré » chez les Européens. Or, pour Pascal Lamy, l’enjeu est ailleurs : « ce sera bon pour tout le monde à partir du moment où la convergence des normes et des règles sera faite par le haut et non pas par le bas ».
Dans sa nouvelle mission pour porter le projet de candidature française à l’exposition universelle de 2025, Pascal Lamy a indiqué qu’il attendait « sa lettre de mission définitive », mais qu’il entendait bien associer le réseau des CCE -qu’il « connaît bien »- à la campagne qu’il déclenchera une fois le projet français arrêté et déposé officiellement, au printemps 2016. « Ce n’est pas la raison pour laquelle je suis venu -je m’y étais engagé auprès de mon ami Alain Bentéjac- mais je suis d’autant plus content d’être la aujourd’hui ». Nul doute en effet qu’il pourra s’appuyer sur le réseau des CCE pour faire campagne à l’étranger.
Christine Gilguy
Envoyée spéciale à Miami