Alors que tous les regards sont portés sur la Corée du Sud, qui accueille actuellement les 23èmes Jeux olympiques d’hiver de Pyeongchang, avant de transmettre le flambeau à la ville de Pékin en 2022, le Cluster Montagne estime que l’Asie est bien « l’autre continent du ski », après l’Europe qui peut se targuer d’avoir le plus grand domaine skiable de la planète. Le Cluster Montagne est l’association française qui fédère les acteurs français de l’aménagement touristique de la montagne pour promouvoir à l’international leurs expertises et savoir-faire.
« Les Alpes, c’est 50 % de la part de marché mondiale du tourisme hivernal de par le nombre de stations de ski, le nombre de skieurs et le nombre de journées de ski », révèle au Moci Benoît Robert, le président du Cluster Montagne. Mais, avance-t-il, « il y a un continent du ski que l’on méconnaît, l’Asie ». Pourtant, « le Japon, la Corée, la Chine et l’Est de la Russie représentent 25 % du marché ». Viennent ensuite l’Amérique du Nord et l’Amérique du Sud, deux zones qui comptent pour les 25 % restants. « L’Asie est un très fort vecteur de développement des sports d’hiver », estime le président du Cluster Montagne. Le podium est occupé par le Japon, la Corée du Sud et la Chine.
Le Japon, une terre de ski à reconquérir
Avec 70 % de son territoire couvert par des montagnes et quelque 547 stations réparties sur l’ensemble de l’archipel, le Japon est considéré comme le pays du ski en Asie. L’importante crise économique à la fin des années 90 a impacté l’économie touristique hivernale, affaiblissant le dynamisme du marché des sports d’hiver au Japon, premier marché mondial du ski dans les années 70 et 80.
Le Cluster Montagne observe toutefois que les activités du secteur de la montagne reprennent de la vigueur depuis une dizaine d’années. « On assiste à un renouveau, le Japon réinvestit dans les infrastructures et les équipements », indique Benoît Robert. En effet, les infrastructures sont vieillissantes et peu de stations sont aux standards internationaux. « Les équipements sont vétustes », affirme Benoît Robert. Un plan national de modernisation des infrastructures de montagne est en cours. Les entreprises françaises ont donc une carte à jouer dans le renouvellement des équipements des stations.
La Corée du Sud, un marché mature
Les stations de ski en Corée attirent les adeptes de la pratique des sports de neige locaux et étrangers séduits tant par leurs splendides cadres naturels que par leurs équipements modernes. « La Corée du Sud est un marché mature pour le ski », affirme Benoît Robert.
Au nord-est, la province du Gangwon-Do, où se déroulent actuellement les JO d’hiver de Pyeongchang (du 9 au 25 février), présente un fort potentiel en matière de tourisme hivernal de montagne. Seize des dix-huit stations que compte la province sont équipées des standards internationaux et dotées de domaines skiables dernière génération. En témoigne la station de ski Alpensia (notre photo), un complexe de tourisme et de loisirs qui accueille la plupart des épreuves des Jeux. La station voisine, Yongpyong, accueille, elle, les disciplines techniques de ski alpin, le slalom et le slalom géant.
Le pays a certes des infrastructures sophistiquées mais a également des besoins pour satisfaire les touristes nationaux avides de pratiques sportives hivernales. « Les Coréens sont passionnés de sports de glace », assure Benoît Robert. Un important marché potentiel pour la filière tricolore de l’aménagement en montagne.
Le Cluster Montagne ciblait déjà la Corée, il y a cinq ans, dans la perspective des Jeux olympiques de Pyeongchang. Sept sites devant accueillir les épreuves et le public étaient alors à rénover et six autres à construire pour un budget total de 6 milliards d’euros. Anticipant les JO 2018, le cluster avait conduit, du 23 au 27 septembre 2013, une mission d’entreprises en Corée du Sud. Ce pays est considéré comme le marché le plus porteur pour le développement des sports d’hiver en Asie avec désormais la Chine.
La Chine, un marché en éclosion à fort potentiel
Bien que la pratique des sports d’hiver ne fasse pas partie de la culture chinoise, et que 80 % des skieurs en Chine soient débutants, le pays s’éveille à la pratique des sports de neige (ski, snowboard…). Les Chinois d’âge moyen (25-40 ans) se passionnent pour ces sensations nouvelles. La fréquentation des stations chinoises a été multipliée par 3,5 depuis 2006 avec un pic de 15 millions de journées skieurs atteint en 2015 et 2016. Avec l’émergence d’une classe moyenne aspirant à davantage de loisirs, le potentiel du marché chinois est gigantesque.
« En Chine, le ski est un loisir qui se pratique de manière artificielle, 50 % de la neige dans les stations est artificielle », explique Benoît Robert. Les entreprises françaises expertes dans la conception et la fabrication de machines d’enneigement artificiel pour pistes ont donc une carte à jouer.
Le Cluster Montagne était présent il y a tout juste un mois, du 24 au 27 janvier, à Pékin au salon international Alpitec China, manifestation de référence de l’aménagement de la montagne en Chine. L’association a accompagné sur le salon 18 acteurs français membres avec des savoir-faire dans l’aménagement de la montagne. Ils étaient réunis au sein du pavillon French Village, animé par le Cluster Montagne.
Considéré comme le nouveau « hot spot » du ski, la Chine, dont les domaines skiables dans la province du Sichuan sont relativement inconnus des touristes étrangers, « possède de magnifiques montagnes l’été comme l’hiver », précise le président du cluster. Le pays accueillera du 4 au 22 février 2022 les prochaines olympiades hivernales et se dotera pour l’occasion d’infrastructures performantes. Les entreprises de la filière tricolore de la montagne doivent donc se mettre en piste pour les prochains JO d’hiver.
L’Inde, un marché à surveiller
L’Inde ne connaît pas encore l’explosion de l’économie des loisirs comme celle de la Chine, pour autant les Indiens manifestent une certaine attirance vers les activités de montagne et plus particulièrement le ski. Le cluster rappelle ainsi que les 22 remontées mécaniques installées dans les 15 stations indiennes « sont modestes et n’ont pas beaucoup évolué depuis leur installation au début des années 90 ». Le marché indien des activités liées à la montagne enregistre une croissance annuelle de 5 %. Un marché qui offre, selon le cluster, de grandes perspectives de développement à moyen et long termes. À surveiller donc.
Venice Affre
Pour en savoir plus :
Consultez le site du Cluster Montagne : http://www.cluster-montagne.com
Pour prolonger :
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