« L’industrie française exporte à 40 %. Près de 60 % de la sous-traitance part aussi à l’étranger directement ou indirectement et, s’agissant des seules ventes directes hors de l’Hexagone, le taux d’exportation n’a cessé d’augmenter, passant de 24,6 % en 2009 à 27,6 % en 2013 ». En se référant aux seuls chiffres énoncés par Daniel Coué (notre photo), consultant pour le Midest spécialisé dans la sous-traitance, on pourrait penser que la situation des partenaires des grands donneurs d’ordre, dans l’automobile ou l’aéronautique, est plutôt bonne. Il n’en est rien en fait.
Depuis des années, la profession est rongée par la sous-utilisation de ses capacités de production et la détérioration de ses marges bénéficiaires. L’an dernier, les ventes sur le marché domestique ont chuté de 7 %. Et même hors de l’Hexagone, elles sont tombées de 3 % en valeur en un an. Résultat, l’activité, notamment des entreprises de plus de 20 salariés, s’est écroulée. Si la baisse est relativement moins importante pour les sociétés de moins de 20 salariés (- 4, 7 %), en revanche, elle dépasse 6 % au-dessus de ce seuil.
Les chiffres d’affaires ont ainsi diminué à 12 milliards d’euros pour les premières et 54,6 milliards pour les secondes, soit un total de 66,6 milliards, alors que ce dernier chiffre était encore de 70,7 milliards en 2012 et 72,8 milliards en 2011.
A la désindustrialisation de la France, correspond le recul de la sous-traitance, selon Daniel Coué. Or, « on ne peut pas faire de l’industrie sans sous-traitance. C’est la boîte à outils de l’industrie. Il ne faut donc pas laisser partir sa sous-traitance, car on perd aussi alors l’industrie. Et on ne pourrait pas réindustrialiser… Et c’est ce qui se passe », affirmait le consultant français, le 27 mai à Paris, lors de la présentation de la 44ème édition du Salon mondial de la sous-traitance industrielle (Midest), prévu entre le 4 et 7 novembre prochains à Paris Nord Villepinte.
La sous-évaluation du dollar pénalise la France
Dans les entreprises de plus de 20 salariés, en traitant les données disponibles de l’Insee, Daniel Coué a pu établir que les grands secteurs de la sous-traitance ont tous subi, à l’exception de la maintenance industrielle (+ 1,37 %), un recul significatif de leur activité d’ensemble, à l’instar des pièces techniques en matières plastiques (- 6,05 %), de la mécanique industrielle et de précision (- 13,11 %), du découpage, de l’emboutissage, du repoussage et de la tôlerie (- 12,04 %) ou encore de la fonderie (- 8,82 %).
S’agissant des débouchés extérieurs, le recul des exportations français est sensible en Allemagne et en Italie. La sous-évaluation du dollar par rapport à l’euro n’a pas permis de compenser au grand large. Les expéditions vers l’Asie, l’Afrique et le Moyen-Orient se sont même contactées. Or, la situation ne devrait pas s’améliorer cette année, malgré un rebond au premier trimestre par rapport aux trois premiers mois de 2013. « La devise américaine continue à perdre par rapport à la monnaie européenne », observe Daniel Coué. Lequel, prudent, estime, que « pour se faire une idée réelle de la situation, il faudra attendre la fin du premier semestre ».
François Pargny