Une croissance de son PIB supérieure à 6 % depuis 2015, un nouvel aéroport international, la naissance de la première compagnie aérienne nationale, des autoroutes à péage… Le Sénégal, deuxième économie d’Afrique de l’Ouest francophone après la Côte d’Ivoire, connaît depuis ces quatre dernières années une accélération de son développement économique conjuguée à une stabilité politique et sécuritaire, des finances publiques contrôlées, une ouverture aux investissements directs étrangers (IDE), des ressources agricoles et minières…
De nouvelles opportunités dans un pays stable
Autant d’atouts qui font de ce pays une destination attractive pour les entreprises françaises déjà nombreuses à avoir choisi ce marché : 250 entreprises tricolores, grands groupes comme PME, sont implantées au Sénégal. Les développements dans le pays offrent de nouvelles opportunités d’affaires aux entreprises françaises : c’est le message que sont venus délivrer les intervenants –institutionnels français, représentants du gouvernement sénégalais, ambassadeurs des deux pays… qui se sont succédé lors de l’atelier Sénégal organisé par Business France le 8 avril.
Il est vrai qu’il se tenait moins d’une semaine après l’investiture, le 2 avril, du président sénégalais Macky Sall, réélu pour un second mandat de cinq ans au terme d’un scrutin qui s’est déroulé dans le calme. C’est sous son impulsion qu’a été mis en œuvre à partir de 2014 un vaste programme d’infrastructures intitulé Plan Sénégal Émergent (PSE), visant à faire de ce pays de 16 millions d’habitants une économie émergente à l’horizon 2035.
Les achèvements des grands projets d’infrastructures lancés au cours de la précédente mandature du président Sall sont visibles à Dakar comme l’a souligné dans son allocution d’ouverture Frédéric Rossi, directeur général délégué Export de Business France. Le nouvel aéroport international Blaise Diagne de Diass (AIDB) est sorti de terre, Air Sénégal, la nouvelle compagnie aérienne nationale a été lancée en 2016, de nouveaux hôtels ont été construits…
Le lancement en décembre dernier de la phase 2 du PSE ouvre de nouvelles opportunités d’affaires aux entreprises françaises dans les secteurs porteurs.
Hydrocarbures, agroalimentaire et agriculture, le numérique
Ce pays côtier renferme d’importantes réserves de pétrole et de gaz naturel dont la découverte récente, en 2014, pourrait transformer la situation économique du Sénégal dans les prochaines années bien que comme le rappelait en introduction Christophe Bigot, ambassadeur de France au Sénégal, le pays « n’a pas vocation à dépendre de la rente pétrolière ». Il demeure en effet un marché d’importation avec une part marginale de production locale d’hydrocarbures.
Dans ce secteur, comme l’a rappelé Quentin Voutier, responsable Sénégal chez Business France, la plupart des marchés ont déjà été attribués. La société franco-britannique d’ingénierie pétrolière et gazière TechnipFMC a remporté en avril 2018 un contrat d’ingénierie pour le développement du champ Tortue/Ahmeyim, un projet majeur de gaz naturel liquéfié (GNL), situé au large de la frontière maritime entre la Mauritanie et le Sénégal. Total s’est pour sa part positionné dans le domaine de l’exploration/production avec la signature en mai 2017 d’un accord concernant l’offshore profond.
Mais les entreprises françaises peuvent encore se positionner. « Là où l’offre française peut-être pertinente, c’est sur des marchés de niche comme le catering », a avancé Quentin Voutier. Un domaine sur lequel pourrait très bien se positionner le groupe marseillais CIS, spécialisé dans la gestion de bases-vie en milieux extrêmes, onshore et offshore, pour les entreprises de l’industrie pétrolière et gazière, minière etc.
Des opportunités sont à saisir aussi bien dans l’amont que dans l’aval de la filière estime le responsable Sénégal de Business France. En amont, dans la fourniture de services et équipements pour l’exploration et ou l’exploitation, le transport et le stockage des hydrocarbures. Et en aval, sur l’accompagnement des raffineries dans la valorisation des ressources énergétiques extraites ou la modernisation de leurs capacités. Les sociétés françaises peuvent également proposer leurs services pour accompagner les distributeurs dans l’augmentation de leurs capacités de distribution et de stockage des hydrocarbures.
Outre les hydrocarbures, l’agroalimentaire et l’agriculture sont à considérer. Dans l’agroalimentaire, ce pays importateur de lait de l’Union européenne (UE) a des besoins en équipements industriels, en techniques d’élevage et dans les procédés de transformation. Dans l’agriculture, les entreprises tricolores peuvent fournir des intrants et des technologies agricoles, mais également des outils de valorisation post-récolte. Le secteur agricoles sénégalais présente également des besoins en matière de formation.
Mais le Sénégal ne veut pas seulement faire reposer son développement sur le potentiel de ses ressources gazières et agricoles et veut s’affirmer comme un hub régional pour les technologies numériques. Dans un marché porté par les technologies mobiles et où les solutions fintech se multiplient –celles-ci ont d’ailleurs conduit à la création du Dakar Finance Cluster, écosystème sénégalais d’entreprises des fintechs–, des opportunités existent pour les entreprises tricolores de la French Tech.
Ville durable : des opportunités dans les infrastructures routières
Le Programme de modernisation des villes baptisé « Promovilles » a été présenté par Astou Sow Diokhane, coordinatrice nationale de ce programme et responsable de l’Ageroute (Agence des travaux et de gestion des routes), chargée de la mise en œuvre de tous les travaux de construction, de réhabilitation et d’entretien de routes, de ponts… Le taux d’urbanisation est important : en 2015, près de la moitié, 45 %, de la population sénégalaise habitait en villes.
Le projet Promovilles, dont le coût global est évalué à 280 milliards de francs CFA sur la période 2015-2025, a pour objectif d’améliorer la mobilité urbaine à Dakar et dans les grandes agglomérations. Il prévoit la réalisation, dans différentes villes sénégalaises, de plus de 300 kilomètres de voiries incluant leurs dépendances (assainissement, éclairage public et aménagement paysager).
Émergence d’une ville nouvelle : les opportunités de Diamniadio
Mbaye Dieng, conseiller technique chargé des affaires foncières à la Délégation générale de promotion des pôles urbains (DGPU) de Diamnadio et du lac Rose, a présenté pour sa part le vaste projet urbain de ville nouvelle de Diamniadio, développé par l’État sénégalais pour décongestionner la capitale. Ce pôle urbain, dont la première pierre a été posée il y a quatre ans par le président Sall, prend forme. Il réside dans l’aménagement de 1 644 hectares (Ha) de terres divisés en quatre quartiers de 350 à 450 Ha chacun abritant des unités de vie et d’activités.
Cet immense projet vise à développer le tourisme qui sera orienté sur les séjours d’affaires (organisation de colloques et de conférences nationales et internationales) avec une offre complémentaire mixte comprenant du résidentiel haut de gamme, de l’hôtellerie et des bureaux. Le nouveau pôle urbain accueillera également un pôle santé avec un centre de traumatologie et un centre hospitalier universitaire (CHU). Sont également prévus une gare multimodale et un quartier de la gare.
Autant dire que l’émergence de cette ville nouvelle offre de nombreuses opportunités aux entreprises françaises. « Diamniadio est une ville ouverte à tous les investisseurs », a livré Mbaye Dieng.
Sport : les opportunités des Jeux olympiques de la jeunesse 2022
Mamadou Ngom Niang, directeur de l’administration générale et de l’équipement au ministère des Sports sénégalais, a présenté les besoins dans le secteur du sport. En effet, à trois ans des Jeux olympiques de la jeunesse (JOJ), dont la prochaine édition se déroulera en 2022 au Sénégal, les besoins sont nombreux. Le budget pour organiser cette manifestation sportive internationale est estimé à 130 millions d’euros. « C’est la première fois qu’un pays africain abrite ces jeux là, donc c’est un défi énorme », a déclaré Mamadou Ngom Niang. Un défi que le pays est prêt à relever.
Pour organiser dans les meilleures conditions cette compétition réservée aux jeunes athlètes âgés de 14 à 18 ans, « le Sénégal aura besoin d’infrastructures sportives de qualité », a assuré le directeur de l’administration générale et de l’équipement du ministère des Sports.
La cité olympique est en cours de construction et le palais des sports est déjà réalisé mais il reste à construire le village olympique qui accueillera et hébergera les athlètes et toutes les délégations, ainsi que des stades modernes. « Le chantier est énorme en matière d’infrastructures sportives, ça va de la réhabilitation de certaines infrastructures qui existaient déjà à la conception de nouvelles infrastructures sportives », a détaillé Mamadou Ngom Niang. Comme pour toute manifestation internationale accueillant du public, il y a aussi des besoins en matière d’organisation événementielle, d’ingénierie et dans le domaine de la sécurité.
Pour saisir ces marchés, les entreprises françaises peuvent se positionner sur des appels d’offres en se rapprochant soit du Comité national olympique et sportif sénégalais soit du ministère sénégalais des Sports. Pour l’heure, a expliqué Mamadou Ngom Niang, le cahier des charges de la faisabilité des infrastructures n’est pas encore finalisé. Le Comité national olympique et sportif sénégalais qui se réunira dans un mois va étudier les besoins restants en matière d’infrastructures.
Si l’accélération du développement économique porté notamment par l’État et son PSE offre de nouvelles opportunités d’affaires aux entreprises françaises, la concurrence est rude. « Nos concurrents au plan commercial, c’est la Chine, c’est la Turquie, c’est l’Inde et c’est le Maroc », a ainsi prévenu Vincent Toussaint, chef du service économique auprès de l’ambassade de France au Sénégal.
La France demeure néanmoins le premier fournisseur du Sénégal avec une part de marché de 14,7 % devant la Chine (12,8 %). Le Sénégal est le premier excédent commercial de la France en Afrique de l’Ouest, a souligné Vincent Toussaint. En 2018, les exportations françaises vers ce pays se sont élevées à 820,77 millions d’euros contre 91,11 millions d’euros pour les importations. De ce fait, l’excédent s’est établi à +729,66 millions d’euros.
Venice Affre