Après de nouvelles sanctions notamment américaines et européennes en fin de semaine dernière, le processus de mesures de rétorsion occidentales s’est emballé ce week-end pour priver la Russie de ses ressources financières et commerciales et la débrancher du système de financement et de commerce international.
Dimanche 27 février, la France a appelé ses ressortissants à quitter le pays au plus vite. Ils étaient 4767 fin 2021 selon le registre des Français établis hors de France, dressé par le ministère des Affaires étrangères. Une annonce qui semblait encore lointaine le vendredi 25 février, avant la mise en place de nouvelles sanctions européennes et le refus de tout compromis par la Russie.
Alors que les Etats-Unis et le Royaume-Uni avaient mis en place la veille de nouvelles mesures frappant les banques et les institutions financières russes, l’Union européenne a également haussé le ton. Les sanctions adoptées vendredi visent notamment à réduire drastiquement l’accès de la Russie au marché des capitaux pour empêcher le refinancement de sa dette.
Priver la Russie de l’accès aux capitaux
70 % des avoirs du système bancaire russe sont désormais concernés par des mesures de restriction incluant la Banque centrale russe ainsi que les entreprises étatiques. Elles ne peuvent désormais plus avoir accès au marché international des capitaux pour refinancer leur dette. Les banques de l’UE ont interdiction d’accepter des dépôts de citoyens russes de plus de 100 000 euros.
Désormais isolée sur le plan financier, la Russie le sera également dans son développement technologique. L’UE a en effet décidé d’étendre les restrictions, mises en place en 2014 suite à l’annexion de la Crimée, aux exportations de biens et technologies à double usage (civil et militaire).
Fortes restrictions et interdictions d’exportations dans plusieurs secteurs stratégiques
Le régime de contrôle des exportations est également étendu à des technologies fondamentales (informatique, semi-conducteurs, télécommunications, électronique, lasers…). Les Vingt-Sept ont néanmoins prévu un système de dérogation strictement contrôlé (programmes de coopération, entretien d’infrastructures nucléaires par exemple).
Dans le secteur de l’énergie, crucial pour l’économie russe, l’exportation de biens et de technologies utilisés pour le raffinage du pétrole sont également interdites. Autre secteur visé : l’aéronautique. Les compagnies aériennes russes ne peuvent plus se fournir auprès d’entreprises européennes en pièces et équipements de rechange pour leurs avions.
Les échanges commerciaux internationaux vont être bloqués
Officiellement adoptées dans la soirée du 25 février, ces sanctions européennes vont encore être alourdies. Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a en effet réuni dimanche 27 février dans la soirée un nouveau Conseil des ministres affaires étrangères pour évoquer l’exclusion de la Russie du système de télécommunication interbancaire sécurisé Swift, principal canal de communication des banques du monde entier pour les transactions liées au commerce international. Une décision à laquelle s’est finalement rangée l’Allemagne, jusque là très réticente car très dépendante du gaz russe dont les achats sont réglés via Swift.
La liste n’est pas encore publiée mais l’UE, en coordination avec les Etats-Unis, le Canada et le Royaume-Uni, va exclure un certain nombre de banques russes du système de messagerie utilisé pour les transactions financières internationales. Premières concernées : les banques russes visées par les premiers paquets de sanctions occidentales (Vnesheconombank, Promsvyazbank, Sberbank, VTB…) Une sanction qualifiée d’« arme nucléaire financière », par le ministre français de l’économie par Bruno Le Maire.
Les banques russes ne pouvant plus effectuer de transactions financières à l’international, les exportations et les importations russes vont être bloquées. Selon Les Echos, les experts occidentaux estiment que ces mesures concernant le système Swift pourraient amputer le PIB russe de 7 %.
Sophie Creusillet
Pour consulter le résumé de l’UE sur les nouvelles sanctions européennes, téléchargez le document ci-dessous !