Les entreprises occidentales vont avoir de plus en plus de mal à travailler avec la Russie. Alors que l’Union européenne peaufinait son nouveau dispositif, le président américain Joe Biden et le Premier ministre britannique Boris Johnson ont annoncé dès les 24 et 25 février de nouvelles sanctions financières à l’encontre de Moscou après l’invasion de l’Ukraine par les troupes russes, après une première salve le 22 et 23 février. Revue de détail.
Alors que le détail des nouvelles sanctions européennes devrait être connu le 25 février dans la soirée, Joe Biden avait annoncé la veille des mesures « dévastatrices » destinées à assécher les financements de la Russie et entraver son développement technologique.
« Chaque jour, les institutions financières russes effectuent environ 46 milliards de dollars d’opérations de change dans le monde, dont 80 % sont en dollars américains, précise un communiqué du département du Trésor américain. La grande majorité de ces transactions seront désormais interrompues. »
Deux poids lourds de la finance russe bloqués
Washington a décidé de frapper fort. Après la Vnesheconombank (la banque publique de développement) et la Promsvyazbank (active dans le secteur de la défense), deux banques de plus grande importance sont désormais dans la ligne de mire de Washington : la Sberbank et VTB. Elles représentent à elles deux plus de la moitié du système bancaire total en Russie en valeur d’actif.
Concrètement, le Trésor américain a demandé aux institutions financières américaines de fermer, sous 30 jours, tout correspondant ou compte de transit avec la Sberbank, la plus grande institution financière de Russie, majoritairement détenue par le gouvernement russe. Elle détient la plus grande part de marché des dépôts dans le pays et est le principal créancier de l’économie russe. Sont également concernées les institutions financières étrangères détenues à 50 % ou plus, directement ou indirectement, par la Sberbank.
Les sanctions à l’encontre de VTB sont un cran au-dessus puisque le gouvernement américain a décidé d’un blocage total de la deuxième plus grande institution financière de Russie, qui détient près de 20% des actifs bancaires dans le pays. Vingt filiales détenues à plus de 50 % et comprenant des banques, des holdings et d’autres sociétés financières situées en Russie et dans huit autres pays sont également visées.
Trois autres grandes institutions financières russes dont les actifs combinés sont estimés à 80 milliards de dollars font également l’objet d’un blocage total : Otkritie (établissement de crédit d’Etat), Novikom (opérant dans la défense) et Sovcom (la troisième plus grande institution financière privée de Russie).
En outre, les Etats-Unis ont décidé de geler les avoirs et d’interdire de territoire de membres de familles proches du président Poutine et de dirigeants dans le secteur de la finance.
Plus d’accès au marché de la dette de la City
Critiqué pour la timidité des premières mesures prises par le Royaume-Uni, le Premier ministre britannique a annoncé pour sa part, le 24 février, un paquet de sanctions « le plus punitif jamais imposé par le Royaume-Uni ».
Concrètement, VTB est venue rejoindre les cinq autres banques ayant fait l’objet de sanctions deux jours plus tôt, avec gel immédiat des avoirs. A compter du 1er mars ces banques n’auront plus accès aux marchés de la dette de la City.
Cette interdiction concerne également « toutes les sociétés publiques russes ou sociétés privées clés » pour Moscou dont le géant de la défense Rostec. A l’instar des Etats-Unis, le Royaume-Uni a également interdit de territoire et gelé les avoirs de personnalités, des proches de Vladimir Poutine et des dirigeants de banques ou de grandes entreprises étatiques.
Enfin, Boris Johnson a annoncé l’interdiction de survol de son territoire par la compagnie Aeroflot. Vendredi 25 février, Moscou a riposté en bannissant de son espace aérien tous les avions « appartenant, loués ou exploités par une personne liée à la Grande-Bretagne », selon les termes d’un communiqué du régulateur aérien Rosaviatsia.
Un paquet de sanctions massives attendu de la part de l’UE
Si l’Union européenne (UE) n’avait pas encore détaillé son paquet de sanctions à l’heure où nous bouclons cet article, les grandes lignes ont été arrêtées jeudi 24 février lors d’une réunion extraordinaire du Conseil.
Selon un communiqué de la Commission, les Vingt-sept vont mettre en place « de nouvelles mesures restrictives qui auront des conséquences lourdes et massives pour la Russie ». Elles concernent « le secteur financier, les secteurs de l’énergie et des transports, les biens à double usage ainsi que le contrôle des exportations et le financement des exportations, la politique des visas, des inscriptions supplémentaires de ressortissants russes sur les listes et de nouveaux critères d’inscription sur les listes ».
En outre, selon une information de l’Afp, confirmée vendredi 25 février par une source européenne à France Télévisions, l’UE a décidé de sanctionner Vladimir Poutine et son ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.
Sophie Creusillet
Pour consulter la liste détaillée des sanctions américaines, cliquez ici et ici pour les celles prises par le Royaume-Uni.