Ce cas illustre le casse-tête que peuvent générer les sanctions occidentales sur les personnalités et entreprises russes : le logisticien Gefco a annoncé le 1er avril le rachat par lui-même de la participation majoritaire de la société de chemins de fer RZD, une façon de rompre le lien avec un actionnaire russe devenu infréquentable. Selon Les Echos, CMA CGM s’est positionnée pour la reprise de cette part.
Mise à jour du 08 avril 2022 : lire sur notre site le dernier article sur Gefco : CMA CGM avale Gefco
Depuis l’avalanche de sanctions occidentales qui s’est abattue sur un certain nombre d’oligarques et entreprises russes, tout lien avec ces dernières peuvent faire fuir le moindre client, partenaire, prestataire.
La société des Chemins de fer russes (RZD) ayant été mis sur ces listes noires par l’Union européenne, le Royaume-Uni et les Etats-Unis, Gefco, organisateur de transport français spécialisé sur l’automobile, initialement développé par le groupe Peugeot (l’accord de cession de 75 % remonte à 2012), a donc commencé à voir son écosystème se dissoudre.
Plusieurs articles prémonitoires sont d’ailleurs parus dans la presse française dans le courant du mois de mars. « Qui voudrait recourir aux services du français Gefco, dont le principal actionnaire, la Société des chemins de fer russes, participe à l’effort de guerre ? » s’interrogeait ainsi le chroniqueur du Monde Jean-Michel Bezat, le 25 mars.
Pourtant, explique le groupe dans un communiqué, « toutes ces autorités s’accordent à dire que ces sanctions ne devraient pas avoir d’impact sur Gefco, qui est une société indépendante enregistrée en France ». Mais rien n’y fait semble-t-il. « Malgré cette clarification, la conduite de nos affaires quotidiennes, avec nos clients et partenaires commerciaux du monde entier, est devenue extrêmement difficile en raison de la structure de notre actionnariat » reconnaît Gefco, pour lequel le marché russe ne représente que 2 % du chiffre d’affaires global (4,2 milliards d’euros).
D’où une décision inédite : le rachat en catastrophe, par la société elle-même, des parts de son actionnaire majoritaire, la RZD, devenu une entrave à ses activités. Cette décision a été prise par le directoire de Gefco, que préside Luc Nadal, avec l’accord de son Conseil de surveillance, que préside le patron de la RZD, Oleg Belozerov, et le groupe espère la mettre en œuvre avant le 11 avril. C’est dire l’urgence…
Il s’agirait toutefois d’une solution temporaire en attendant de trouver acquérueur : d’après Les Echos du 1er avril, le groupe CMA CGM, qui mène une stratégie de développement de ses parts de marchés dans dans la supply chain de la logistique et du transport depuis quelques années, s’est positionné pour prendre le contrôle de Gefco.
C.G