Gérard
Louis-Dreyfus, ancien président de la société de négoce, et son neveu Peter
Mann viennent de créer une société commune avec le russe Sistema. Objectif :
profiter de l’ascension du secteur pour exploiter les immenses terres agricoles
russes.
Allemands, danois, chinois, coréens, français… Les investisseurs étrangers se
ruent sur les terres agricoles russes. Ce phénomène n’est pas nouveau :
après l’entrée en vigueur, en 2003, de la loi sur l’exploitation des terres
agricoles, les holdings étrangers ont commencé à s’intéresser de très près à l’agriculture
russe en 2006, avec la hausse des cours mondiaux. En août 2010, suite à une
vague d’incendies, la Russie déclare un embargo sur les exportations de
céréales. Un an après, les autorités décident de prendre le taureau par les
cornes et de lancer une politique volontariste de consolidation du secteur
agricole.
Adopté
fin 2011, le plan de développement de l’agriculture (2013-2020) prévoit ainsi
230 milliards de dollars d’investissements. Une somme colossale en grande
partie consacrée à la mise à niveau des infrastructures logistiques, maillon
faible du secteur. Contrairement à l’Ukraine, la Russie dispose en effet d’un
nombre limité de ports en eau profonde sur la mer Noire, d’un matériel
ferroviaire à bout de souffle et de coûts de transports élevés (les céréales ne
sont pas considérées comme des marchandises prioritaires). Bref, il y a fort à
faire. Et les projets sont en route.
Le
plus important est sans conteste celui du port de Taman dont la mise en service,
prévue en 2016, devrait permettre de décharger le port de Novorossiisk et de
Tuapse, complètement saturés. A terme, en 2025, il devrait disposer d’une
capacité de transbordement de 65 à 90 millions de tonnes annuelles (tous
produits confondus). Ce port doit surtout permettre d’accueillir des panamax et
donc prendre aux ports ukrainiens une partie de leur clientèle.
A l’instar
de Louis-Dreyfus, les entreprises étrangères tablent donc sur une montée en
puissance des exportations des céréales russes. Les rendements sont certes
moins élevés, certaines régions sont victimes de punaises qui peuvent décimer
une récolte, les incendies sont toujours à craindre… Mais les coûts de
production demeurent infimes comparés aux coûts hexagonaux.
Surtout,
la montée en gamme des infrastructures, les politiques d’alliance menées avec le
Kazakhstan et l’Ukraine, deux autres grands producteurs, devraient permettre
aux céréales russes d’aller tailler des croupières au blé français sur les marchés
d’Afrique du Nord.
Sophie
Creusillet
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