Téléphonie
mobile, télévision numérique, logiciels, services informatiques, Internet… Le
chiffre d’affaires des TIC russes est estimé à 63,5 milliards de dollars. A l’occasion
des Journées Russie organisées les 15 et 16 décembre au Sénat par Ubifrance,
des entreprises françaises sont venues témoigner des opportunités de ce marché
en pleine expansion.
Malgré un
taux de pénétration de seulement 46 %, les 56,8 millions d’internautes russes
représentent le plus gros marché européen. Si les Russes se sont mis plus tard
que le reste des Européens à l’Internet, son développement est spectaculaire.
Le chiffre d’affaires de la téléphonie mobile et d’Internet, estimé à 44,7
milliards de dollars, devrait bondir de 27 % à l’horizon 2013 pour atteindre 56,6
milliards de dollars. En Russie, on compte un téléphone mobile et
demi par habitant.
Une aubaine
pour les fournisseurs de contenus et pour les e-commerçants comme en atteste le
succès d’Ozon.ru, l’Amazon russe. Maëlle Gavet, directrice générale de cette
entreprise russe devenue leader de l’e-commerce russe en quelques années, croit
à l’explosion des achats en ligne : « L’accès
à Internet est devenu massif il y a 3-4 ans et il faut, comme partout dans le
monde, entre 2 et 5 ans pour voir les achats se développer. Nous attendons ! ».
Avec 1,5 million de produits référencés, un site dédié aux voyages et une chaîne
logistique intégrée, Ozon.ru se tient prêt. D’autant qu’elle n’a pas de concurrents. Selon
Maëlle Gavet, les entreprises de e-commerce russes sont en effet « sous capitalisées et sans expérience ».
Il y a donc des places à prendre ! A condition cependant de s’adapter aux
spécificités du marché comme Ozon.ru l’a fait : mise en place de points
relais partout sur l’immense territoire de la Fédération afin de pallier les
errements de la poste et paiement en liquide à la réception. Car les
consommateurs ne font pas confiance aux banques et rechignent à payer en ligne.
Les banques
justement, mais aussi les compagnies d’assurance, les administrations et les grandes entreprises d’Etat (hors
défense et aéronautique), constituent un autre marché intéressant pour les
éditeurs de logiciel. Leurs infrastructures informatiques sont en général
désuètes, mais font l’objet de programmes de modernisation ambitieux. « Sur le plan conceptuel, les Russes
sont plus en avance que nous. Le gouvernement a ainsi prévu de mettre en place
un ID unique pour toutes les démarches administratives. La question est de
savoir quand cela se fera », se demande Tristan Corsi, directeur du
développement Russie et CEI d’Axway, le deuxième éditeur de logiciel français
derrière Dassault. Selon lui, l’adhésion,
imminente, de la Russie à l’OMC devrait accélérer ce type de projets.
Dans l’audiovisuel,
la date du passage à la télévision numérique
(2015) est également à mettre au conditionnel, selon Yannick Levy, P-dg de
Dibcom, une PME spécialisée dans les composants dédiés aux équipements de la
TNT (télévision numérique terrestre) : « Il
faut se méfier des effets d’annonce et prendre en compte les évolutions
technologiques. En France la norme DVBT a été créée en 1998, lancée en 2005 et
la télévision analogique a été débranchée seulement cette année, alors que la
norme DVBT2 est au point. S’il est trop tard en France pour passer au DVBT2, c’est
toujours possible en Russie ».
L’immensité
du territoire russe est un autre facteur de ralentissement du passage au tout
numérique. Mais pour Astom, une PME française de 100 salariés qui conçoit,
fabrique et commercialise des récepteurs de télévision par satellite, c’est
également une aubaine. « En France,
alors que nous venons de passer à la TNT, il y a encore 15 % des foyers qui ne
reçoivent pas ou mal la TNT. L’alternative, c’est la télévision par satellite,
qui est appelée à se développer dans les régions reculées de la Russie »,
constate FranceTitin-Snaider, directrice marketing et service client d’Astom.
Déjà, 31 % des foyers russes abonnés à un service de télévision payante
utilisent le satellite.
En pleine
expansion, le secteur des TIC comporte certaines spécificités inhérentes à l’environnement
des affaires russe. A cet égard, tous les intervenants de cet atelier ont convenus
de trois obstacles majeurs : la gestion du temps, la complexité des
réglementations et les ressources humaines. «Je
consacre 20 % de mon temps aux RH, a expliqué Maëlle Gavet. Il y a des candidats diplômés et compétents,
mais la difficulté est de trouver des gens parlant anglais, ayant voyagé et qui
ne changent pas d’entreprise tous les deux ou trois ans.»
Mais ces
particularismes n’empêchent pas de faire des affaires, selon Mme Gavet : « Il faut arrêter d’avoir peur de la
Russie. Il n’y a pas d’ours sur la Place Rouge, l’administration ne vous attend
pas l’arme à la main et on n’est pas obligé de verser des dessous de table. Il
faut venir en Russie ! ».
Sophie Creusillet
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