« Malgré les difficultés économiques, Moscou a conservé tous ses programmes de dépenses. On va continuer le métro, la voirie, les infrastructures ferroviaires, on investit toujours dans la santé ou l’éducation », a souligné Sergueï Sobianine, le maire de la capitale russe (sur notre photo à droite, ici en compagnie d’Alexandre Orlov, ambassadeur de Russie en France), lors d’une conférence « Grand Moscou / Grand Paris », organisée, le 3 juin, par CCI Paris Ile-de-France.
S’exprimant devant un parterre de 200 participants, dont 70 responsables d’entreprises françaises et 30 de sociétés russes, le premier magistrat de Moscou (voir en pdf sa biographie et les projets d’investissement à Moscou), a affirmé que sa « tache » est « de développer la plus grande mégalopole du monde ». La capitale russe, qui compte 12 millions d’habitants, devrait croître de deux millions d’habitants d’ici 2025. « C’est un budget de 100 milliards d’euros de prévu », se félicitait aussi Jean-Paul Vermes, le président de la CCI Paris Ile-de-France. Un investissement qui sera déboursé sur une période de trente ans dans une multitude de secteurs, allant des projets d’aménagement urbain et de logement à l’énergie, en passant par la valorisation des friches industrielles et l’essor du commerce.
Près de 24 milliards d’euros investis en 2015
Pour le président de l’Assemblée des départements de France (ADF), l’ancien ministre Maurice Leroy, « Paris et Moscou ont des points communs », car si la première métropole compte 12 millions d’habitants et la seconde 25 millions d’habitants dans un rayon de 50 kilomètres, « elles représentent toutes deux un tiers du produit national brut ».
A l’heure actuelle, selon Oleg Bocharove, chef du département Recherche, politique industrielle et entrepreneuriat de la municipalité, Moscou « occupe la dixième place dans le monde avec un marché de 420 milliards d’euros en parité de pouvoir d’achat et la troisième en Europe avec des dépenses de consommation des ménages de 180 milliards d’euros. C’est aussi un point d’entrée à un marché régional de 200 milliards de personnes et ce sont encore 23,7 milliards d’euros d’investissements qui ont été consentis dans la ville en 2015, dont 70 % par le secteur privé ».
« Pendant la crise, a expliqué Sergueï Sobianine, il fallait penser à des politiques spéciales. Et c’est ainsi que nous avons monté des programmes de soutien ». Un appui dont ont bénéficié « 23 technopoles au total », et qui a concerné aussi des parcs et des complexes industriels dotés d’infrastructures et d’avantages fiscaux. « Cette politique nous permet de développer les entreprises existantes et d’en accueillir de nouvelles », s’est réjoui le maire de Moscou. Selon lui, « aucune entreprise a quitté Moscou et ce sont ces entreprises qui gagneront. Avec la crise, c’est maintenant avantageux d’investir sur place ».
Les prix seraient ainsi tombés sur place et la capitale russe ne serait plus la cinquième ville la plus chère du monde, ce qui est aussi « bon pour la production et l’exportation ». Et, si Sergueï Sobianine estime que « tous les domaines sont prioritaires », à la CCI de Paris Ile-de-France, il s’est arrêté sur le cas de la santé. « Moscou a besoin d’équipement médical et achète beaucoup de médicaments », a-t-il exposé, faisant référence à une loi fédérale qui va « nous permettre de signer des accords avec des fabricants sur les achats ». « Dans le tourisme, a-t-il ajouté, de nouveaux hôtels sont en construction, les existants sont moins chers, les restaurants aussi et des espaces culturels sont développés ».
Devenir une ville propre
« Il y a cinq ans, il a été décidé de faire de Moscou une ville propre », a rapporté Anton Koulbatchevsky, chef du département Ressources naturelles et protection de l’environnement à la municipalité. « Les projets du Grand Moscou et du Grand Paris ne sont pas seulement des réseaux de transport, a fait observer Maurice Leroy. Les infrastructures sont la colonne vertébrale, et le véritable défi c’est de créer à Moscou et à Paris la ville post Kyoto » [NDLR : en référence à la ville japonaise où un protocole international sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre a été signé fin décembre 2007]. Et Anton Koulbatchevsky de préciser : « nous avons créé des parcs, des pistes cyclables, établi un périmètre de 17 000 hectares de territoires naturels spécialement protégés (TNSP). Depuis 2011, nous travaillons aussi sur la qualité de l’air, avec des objectifs précis en matière de réduction de la pollution atmosphérique, par exemple, moins 30 % sur les autoroutes et moins 20 % dans les territoires habités ».
La conférence organisée par la CCI Paris Ile-de-France a été clôturée par la signature d’un mémorandum of understanding (MOU) entre Accor, gestionnaire d’hôtels, et l’Université de finance et de droit de Moscou. Le groupe français passera de dix à quinze établissements dans la capitale russe d’ici la fin de l’année, offrant toute la panoplie de son moyen de gamme : Mercure, Novotel, Ibis. « L’Université, qui est propriétaire de terrains, est un bon partenaire pour nous », confiait au MOCI, à l’issue de cette signature, Alexis Delaroff, directeur exécutif de la filiale du groupe français. Accor va ainsi ouvrir un Mercure d’une centaine de chambres près du Kremlin.
François Pargny