Pas d’amélioration, on s’en doute, la crise sanitaire mondiale ayant aggravé la situation déjà fragile de l’économie tunisienne.
Selon de nombreux observateurs, le pays est au bord de la faillite.
Début juillet 2022, l’OCDE a dégradé la note de risque pays de la Tunisie en risque maximum, 7. Encore un « printemps arabe » qui n’en finit pas…
À la suite des attentats terroristes de ces dernières années, puis de la crise sanitaire, le tourisme a longtemps été en berne. Il reprend très timidement, mais les réserves de devises ont fondu.
Conséquence directe, le risque de non transfert s’est dégradé : il demeure noté à 6/7 par Credendo, au lieu de 4/7 il y a à peine quatre ans.
Les délais de paiement sur le marché domestique, déjà élevés en raison de la faiblesse du système bancaire, et surtout, l’absence de financement bancaire des PME, dénoncé à plusieurs reprises par la Banque mondiale, se répercutent dans les transactions à l’international.
Il n’existe pas de statistiques fiables sur les défaillances d’entreprises ces dernières années, mais des estimations plutôt pessimistes. Ces derniers mois, des études de la Conect (Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie) et de l’Anpme (Association nationale des PME), annoncent des chiffres préfigurant une véritable explosion des défaillances sur 2021 et 2022.
Dans le domaine du textile, on souligne également une véritable hémorragie, en particulier parmi des entreprises ne vivant que sur l’exportation (principalement vers l’Allemagne et l’Italie), donc là aussi, une source de devises qui se tarit.
Rappelons que la Loi n°2016 – 36 du 29 avril 2016 relative aux Procédures collectives entrée en vigueur, après trois années de gestation a suscité de sévères critiques car il semblerait que la priorité de cette loi soit de favoriser la liquidation et non la sauvegarde des entreprises.
Rappelons aussi les problèmes liés à la lourdeur administrative et la lenteur des opérations de douane, pesant très fortement sur les délais de livraison et donc souvent sur les délais effectifs de paiement.
Comme le soulignait Atradius dans sa dernière édition « Debt Collection Handbook », publié début octobre 2021, le recouvrement est devenu encore plus difficile depuis le printemps arabe de 2011. La vigilance est toujours recommandée dans les transactions commerciales.
Pour une relation commerciale régulière, d’autres moyens de paiement que le crédit documentaire irrévocable et confirmé sont très largement utilisés. Citons particulièrement le virement Swift, garanti par une lettre de crédit standby (LCSB).
La LCSB est de plus en plus utilisée en Tunisie, en particulier par les filiales de banques étrangères.
Dans ce domaine des paiements, éviter surtout la remise documentaire, sauf si l’opération est garantie par une police d’assurance-crédit. On ne le répétera jamais assez, la grande majorité des retards de paiement en Tunisie sont sur des opérations adossées à des remises documentaires… Il faudra être d’autant plus vigilant que la Tunisie est très dépendante de l’Europe – zone dont la demande est en panne – et, en matière de monnaie, plus particulièrement de la zone euro.
De nombreux sous traitants et fournisseurs d’entreprises européennes, dans les secteurs du textile et de l’automobile, ressentent sérieusement l’impact de la crise européenne sur les commandes de leurs clients.
Ce dernier point, ainsi que la chute du tourisme évoquée plus haut, font que la Tunisie va continuer à être confrontée à une insuffisance forte de rentrée de devises