Avec la Grèce et le Portugal, l’Italie est l’un des pays de l’Union européenne les plus frappés par la crise économique et l’inflation des coûts de l’énergie. Coface a revu à la baisse la note de risque pays de l’Italie en octobre 2022, de A4 à B, comme pour Chypre, un signe que la situation est préoccupante. Ceci a bien évidemment des conséquences directes sur la vie des entreprises. Après cinq années consécutives de baisse des défaillances d’entreprises, l’Italie a vu les défaillances exploser en 2021 (+19 % selon Allianz Trade), et la tendance se poursuit en 2022 (+6 %) et 2023 (+21 %). Cette explosion est principalement due à l’arrêt de plusieurs mesures d’aides qui avaient été prises par les autorités publiques pour « freiner » l’explosion des défaillances provoquées par la pandémie. Comme ailleurs, l’impact est catastrophique sur certaines entreprises dont la fragilité avait été un temps masqué par les aides financières publiques. Pour mémoire, rappelons la récente entrée en vigueur d’une nouvelle loi sur les faillites introduisant une procédure de sauvegarde qui semble connaître beaucoup de succès en Italie. Notons également que la faiblesse du système bancaire italien a entraîné, entre autres conséquences, une raréfaction du crédit court terme pour les TPE et PME. D’où une nette augmentation du recours au bon vieux crédit fournisseur. Selon les statistiques de l’Union de Berne, en 2021, l’Italie figurait en quatrième position des pays sur lesquels les assureurscrédit avaient versé des indemnisations sur les opérations court terme. En matière de comportement de paiement, l’Italie reste en outre l’un des plus mauvais élèves de l’Europe et les efforts des autorités pour généraliser la facturation électronique depuis 2019 ne semblent pas avoir d’effets dans ce domaine. Les délais se sont encore dégradés sur les premiers mois de 2022, plus particulièrement dans le secteur public. Comme le disait avec beaucoup d’humour Alberto Conti, Senior Credit Director Europe de DKNY lors d’une intervention en novembre 2013 à une Conférence de l’AFDCC, « there is always time to die and to pay ». Autrement dit, il ne sert à rien d’essayer d’imposer des délais courts qui ne seront le plus souvent pas tenus, mais il ne faut pas non plus être laxiste et laisser traîner les factures. Ne pas hésiter à relancer les débiteurs dès l’échéance atteinte, voire avant, en pré-relance. Mais, attention : les statistiques sur les défaillances d’entreprises sont à prendre avec prudence, car publiées souvent avec beaucoup de retard. En outre, la dernière loi italienne sur les faillites, en introduisant des procédures de sauvegarde, a considérablement réduit le nombre d’entreprises susceptibles d’être en liquidation, rappelant ainsi la situation de l’Espagne il y a quelques années. N’oublions pas non plus que les PME italiennes sont plus touchées que les PME françaises par les crises libyennes et tunisiennes. Grande prudence, donc, en matière de credit management, l’Italie demeure un pays à risque commercial élevé.Enfin, dernier point, attention au formalisme de la clause de réserve de propriété : pour être efficace (et encore…), elle doit être conclue par écrit et être confirmée sur chaque facture et dans la plupart des cas, enregistrée (voir articles 1523 et 1524 du Code civil italien). Notons que l’article 1523 stipule que si l’acheteur n’acquiert la propriété de la chose qu’au moment du paiement de la dernière tranche du prix, il supporte néanmoins les risques dès la livraison.