La situation économique espagnole semblait plutôt s’améliorer ces dernières années, mais bien évidemment, avec les effets de la crise sanitaire et de la conjoncture dégradée à la suite de la guerre en Ukraine, la fragilité des entreprises espagnoles demeure : elles sont lourdement touchées par la crise économique et victimes d’un secteur bancaire toujours fragile, plus particulièrement en régions, avec des Caisses d’Épargne quasi exsangues… Les retards de paiement subis par les entreprises espagnoles incitent également souvent ces dernières à ne pas respecter leurs engagements vis-à-vis de leurs propres fournisseurs.Concernant les défaillances d’entreprises, il est préférable de rester prudent.
Les chiffres communiqués varient non seulement très fortement d’un prestataire à un autre, mais ils sont en plus souvent contradictoires. En revanche, tous les prestataires ont constaté une véritable explosion des défaillances d’entreprises en 2021 (+30 % par exemple selon Allianz Trade), les mesures de soutien aux entreprises ayant pour la plupart été suspendues, même si un moratoire en aura prolongé certaines jusqu’à fin juin 2022.
Atradius estime que « l’ajustement à la normal a déjà eu lieu en 2021 » (Note économique du 6 oct. 2022) et prévoit une relative stabilité des niveaux de défaillance contrairement à Allianz Trade, qui table sur de nouvelles progressions de respectivement +8 % en 2022 et +13 % en 2023.Signalons qu’une réforme de la Loi sur l’insolvabilité, est entrée en vigueur le 26 septembre 2022, transposant la Directive (UE) 2019/1023 en matière d’insolvabilité. Souhaitons qu’elle soit efficace car selon un communiqué du ministère de l’Économie, plus de 40 % des entreprises seraient en très grandes difficultés. On recenserait plus de 220 000 entreprises zombies dans ce pays !
Autre phénomène inquiétant : une recrudescence d’entreprises qui ne respectent pas les règles de publication des comptes annuels… Pour les défaillances, les secteurs les plus touchés demeurent la construction, le commerce et l’énergie. La persistance des retards de paiement, le nombre élevé des défaillances d’entreprises et la situation économique fragilisée de l’Espagne ne peuvent qu’inciter à la plus grande prudence.
Pour information, la clause de réserve de propriété n’a aucune valeur si elle n’est pas enregistrée. Rappelons que le comportement payeur des entreprises espagnoles peut s’avérer très mauvais si la transaction n’est pas sécurisée. Sur le terrain, les credit managers d’entreprises fortement exposées en Espagne constatent des retards toujours aussi conséquents.
Très grande prudence donc pour les mois à venir.