Spécialiste des risques de crédit dans 159 pays, Coface a publié en septembre un panorama « des risques politiques croissants pour les économies asiatiques » plein d’enseignement au moment où la Chine fait peur et séduit à la fois, avec son grand projet de Routes de la Soie.
En Asie, rapporte l’assureur-crédit, c’est la région Est (Chine, Corée, Japon, Mongolie, Taïwan), « avec en tête la Chine », où les risques politiques ont le plus augmenté en dix ans. Dans l’ex-Empire du Milieu, « le niveau global a augmenté de 7,2 points de pourcentage entre 2007 et 2017, en raison d’un score de fragilité sociale particulièrement élevé », commente-t-on chez Coface.
Pékin restreint les libertés
« Les autorités chinoises ont renforcé leur surveillance de l’économie et de l’accès à l’information », y précise-t-on. Ainsi, « la campagne anti-corruption de la Chine, l’utilisation accrue de la surveillance sur Internet et les restrictions de voyage imposées à certaines minorités et régions ont toutes la même finalité » et « plus récemment, le gouvernement a introduit un système de crédit social, qui examine le contenu que les utilisateurs partagent sur les médias sociaux ». S’ajoutent à la corruption et au manque de liberté d’expression le niveau relativement élevé des inégalités de salaire et les tendances démographiques défavorables.
Les « racines » du terrorisme existent, observe encore l’assureur-crédit. La fragmentation religieuse et ethnique est très forte – il suffit de penser au Tibet et au Xinjiang. Dans le Top 16 en Asie dressé par Coface, la Chine pointe ainsi au 7e rang, derrière le Laos, avec un score global de 46 %.
Asie du Sud et Sud-est, régions les plus risquées
A l’exception du Myanmar, les cinq pays les plus risqués sont tous confrontés à un terrorisme élevé. Le pays le plus lourdement évalué est le Pakistan, avec un score global de 69 % (niveau de risque terroriste : 100 %), suivi par la Thaïlande, avec 59 % (niveau de risque terroriste : 75 %), les Philippines, également avec 59 % (86 %), et l’Inde, avec 56 % (96 %). Le Myanmar se place en cinquième position, avec un score global de 54 %, en raison d’un niveau relativement élevé en matière de terrorisme (57 %) et de fragilité sociale (53 %).
Si, au total, c’est en Asie de l’Est que les risques politiques ont augmenté le plus rapidement, il ne faut pas perdre de vue que la situation est plus dangereuse en Asie du Sud et Sud-est, comme le montrent les cas de l’Inde, du Pakistan, du Myanmar et des Philippines. De façon générale, ces deux régions, pourtant en bonne santé économique, sont confrontées à des pressions sociales fortes, « liées à l’inégalité des revenus et à la corruption », observe Coface.
Des persécutions des Rohingyas au terrorisme à Mindanao
L’Inde et le Pakistan ont un différent historique à propos du Cachemire. D’où les tensions qui perdurent à leur frontière commune. Au Myanmar, la répression de la communauté ethnique musulmane Rohingya n’a pas trouvé de règlement pacifique. Quant aux Philippines, l’archipel est miné au sud par des mouvements insurrectionnels et un haut degré de terrorisme djihadiste dans la province musulmane de Mindanao.
Dans le monde, l’Asie n’est pas, pour autant, le continent le moins bien classé par Coface. Certes, son score de 45 % en matière de risque politique est supérieur à la moyenne générale, qui atteint 35 %. En revanche, ce continent n’a rien à envier à d’autres régions, comme l’Amérique latine, dont le niveau de risque est légèrement supérieur (46 %), et surtout l’Europe centrale, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, et l’Afrique subsaharienne (plus ou moins 60 %).
F. P