Le cabinet TAC Economics a présenté le 26 janvier ses prévisions dans les pays émergents, en termes de risques et d’opportunités. Elles mettent en exergue une hausse généralisée des primes de risque sur ces marchés en 2023, avec une amélioration espérée en fin d’année et début 2024, et les mieux lotis seront surtout en Europe émergente et en Asie.
En ce début d’année 2023, les économistes de TACS pointent une hausse généralisée des risques pays dans les marchés émergents, avec des primes de risques « au plus haut depuis la crise financière de 2008-2009 ». En cause : la détérioration des indicateurs de risques politiques, liée notamment à l’impact de l’inflation sur le climat social, mais aussi de gouvernance, notamment dans les pays traversant des périodes de tensions ou d’instabilité politique.
Le nombre de pays pour lesquels des signaux d’alerte se sont déclenchés est passé de 14 à 21 entre fin 2021 et le 26 janvier dans le système de compilation de données de TACS. Désormais, des primes de risques élevées, d’au moins 500 points de base, s’appliquent à de grands pays émergents comme le Brésil ou la Turquie. Au total, près des deux tiers des pays émergents sont considérés comme à risque très élevé et élevé au regard des indicateurs de TACS, un tiers étant considéré comme des risques moyens et modérés.
Pour les entreprises et investisseurs en quête d’opportunités, alors que les marchés émergents seront aussi ceux qui connaîtront les plus forts taux de croissance cette année, face à une Amérique du Nord et une zone euro au ralenti, il faudra donc intégrer des primes de risques plus élevées dans l’analyse des opportunités d’affaires.
Primes de risque maximums dans 26 pays, élevée dans 30 autres
D’après la cartographie mondiale des primes de risque présentée par le cabinet de recherche économique le 26 janvier, 26 pays émergents, dont plus de la moitié située en Afrique sub-saharienne, ont d’ores et déjà franchi des seuils de primes de risque supérieures à 650 points de base, soit le coût supplémentaire du risque par rapport à un pays développé comme les Etats-Unis ou la France. Ce sont les plus risqués au regard de cet indicateur mis au point par TACS.
Dans le détail :
– Amérique latine : Argentine (789), Bolivie (726) et le cas extrême du Venezuela (1369) ;
– Afrique : Angola (674), Burkina Faso (713), Cameroun (706), République Centrafricaine (672), Congo (808), République démocratique du Congo (707), Ethiopie (687), Guinée (751), Mali (796), Mauritanie (786), Mozambique (955), Nigeria (810), Sénégal (716), Seychelles (770), Soudan (1073) et Zambie (845) ;
– Asie : Kazakhstan (659), Laos (700), Mongolie (673), Myanmar (706) ;
– Moyen- Orient et Afrique du Nord : Egypte (685), Iran (769) et Libye (762).
Dans la catégorie Risque élevés, avec une prime de risque un peu inférieure mais proche tout de même de ce seuil critique, on trouve 30 pays, là encore avec une certaine concentration en Afrique, mais également une demie douzaine de pays d’Europe, dont la Russie et la Turquie, ainsi qu’en Amérique latine, le Brésil.
Dans le détail :
– Europe : Arménie (498), Biélorussie (531), Monténégro (480), Russie (621), Turquie (519), Ukraine (566) ;
– Amérique latine : Brésil (499), Dominique (484), Honduras (496), Panama (462), Paraguay (522), Pérou (459), Uruguay (517) ;
– Afrique : Bénin (456), Comores (566), Gabon (574), Guinée Bissau (617), Côte d’Ivoire (644), Kenya (647), Madagascar (519), Niger (645), Tanzanie (465), Togo (605);
– Asie : Azerbaïdjan (471), Népal (559), Pakistan (587), Sri Lanka (504) ;
– Moyen- Orient et Afrique du Nord : Algérie (496), Bahreïn (496), Koweït (484).
24 pays à risque moyen et 18 à risque modéré.
Dans la catégorie risque moyen, avec des primes se situant entre 350 et 450 points de base, se situent 24 pays répartis sur tous les continents.
Dans le détail :
– Europe : Georgie (435), Hongrie (364), Macédoine (372) ;
– Amérique latine : Chili (401), Colombie (368), Costa Rica (438), Rép. Dominicaine (317), El Salvador (444), Guatemala (336), Mexique (400);
– Afrique : Cap Vert (311), Ghana (420), Rwanda (431), Ouganda (415) ;
– Asie : Bangladesh (329), Brunei (375), Vietnam (313);
– au Moyen- Orient et Afrique du Nord : Jordanie (419), Maroc (305), Oman (407), Qatar (414), Arabie Saoudite (362), Tunisie (388), Emirats arabes unis (388).
Concernant les pays à risque modéré ou très modéré, avec des primes de risque se situant entre 50 et 300 points de base, leur nombre est moindre, 18, avec une certaine concentration en Europe.
Dans le détail :
– Europe : Albanie (255), Bosnie-Herzégovine (295), Bulgarie (291), République Tchèque (274), Pologne (177), Roumanie (247), Serbie (297) ;
– Afrique : Île Maurice, Afrique du Sud (283) ;
– Asie : Chine (295), Inde (265), Indonésie (286), Corée du Sud (232), Malaisie (153), Philippines (285), Thaïlande (278).
– Moyen- Orient et Afrique du Nord : Israël (252).
Le seul pays émergent où la prime de risque est du niveau des pays développés est Taiwan (61).
Pas d’amélioration avant le deuxième semestre
Les économistes de TACS ne prévoient pas d’amélioration de cette situation avant la fin de l’année 2023 ou le début de 2024. Ils anticipent une évolution du contexte économique en deux temps que l’on peut résumer ainsi :
–un premier semestre au cours duquel persisteront les contraintes qui pèsent actuellement sur l’économie et le commerce mondiaux (inflation forte avec son corollaire le mécontentement social, tensions sur les liquidités, dollar fort, tensions géopolitiques avec la guerre en Ukraine et les tensions Etats-Unis / Chine, croissance faible ou proche de zéro dans les marchés développés) ;
–un deuxième semestre et une fin d’année « beaucoup plus ouverte », avec un « relâchement de l’inflation », une pause dans les restrictions monétaires aux Etats-Unis et en zone Euro qui pourraient déclencher un retour des capitaux dans les émergents, et une « désescalade » des tensions géopolitiques, notamment sur le conflit entre le bloc occidental et la Chine.
Dans ce contexte, TACS parie sur un retour à des taux de croissance pré-Covid dans les émergents dans la deuxième partie de l’année 2023, avec une baisse des tensions sur les taux de change en fin d’année, alors qu’elle sera atone dans les pays matures.
Christine Gilguy
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