L’assureur-crédit belge vient de publier les évolutions de notes en matière d’environnement des affaires et de risque politique court terme. On compte six améliorations pour 16 dégradations, notamment en Europe. Revue de détail.
Environnement des affaires : 6 pays connaissent des améliorations
En matière d’environnement des affaires, la perception des experts de Credendo s’améliore pour six pays. Sur une échelle qui va de A à G, du meilleur au pire, l’Algérie passe de D à C, Chypre de G à F, la Norvège de C à B, le Sri Lanka de F à E, le Tadjikistan de F à E, et la Turquie de G à F.
Concernant la Turquie, important partenaire de l’Union européenne (UE), le retour à une politique économique et monétaire plus orthodoxe depuis la réélection du président Erdogan en 2023, semble porter ses fruits.
« Depuis mai 2023, la banque centrale du pays a mis en place une politique monétaire plus conventionnelle, augmentant progressivement les taux d’intérêt de référence à 50 % (contre 8,5 % début juin 2023) et laissant la livre turque se déprécier, tout en supprimant progressivement certains instruments financiers peu orthodoxes, explique Credendo. En conséquence, et dans le cadre d’une politique budgétaire plus prudente, l’économie ralentit, l’inflation a diminué, la balance courante s’est améliorée et le taux de change de la livre est désormais plus stable. Alors que la catégorie de risque politique à court terme reste à 5/7 pour le moment [Ndlr, sur une échelle de 1 à 7, du meilleur au pire), la liquidité de la Turquie s’est également améliorée, ce qui a entraîné des perspectives positives pour son risque politique à court terme ».
Plusieurs pays européens plombés par les incertitudes du secteur automobile
En revanche, la perception se dégrade pour 13 pays. Une majorité passe de D à E : Allemagne, Autriche, Hongrie, Italie, République Tchèque, Slovaquie, Honduras, Mexique, San Marin, Vatican. La Finlande passe de D à C, l’Irlande de C à D, et la Corée du Sud de A à B.
Concernant la dégradation de note du Mexique, il y a manifestement un « effet Trump », avec les menaces du nouveau président élu américain concernant l’immigration et la hausse des droits de douane (+ 25 %), qui pèsent sur le peso.
« L’augmentation de la volatilité des devises devrait se poursuivre dans les mois à venir en raison de l’imprévisibilité de Trump et de l’incertitude accrue autour de ses politiques commerciales, compte tenu de la position des États-Unis en tant que premier partenaire commercial du Mexique (représentant plus de 80 % de ses exportations), analyse notamment Credendo. Suite à la dépréciation du peso mexicain, l’inflation devrait augmenter (4,5 % à la fin du mois de novembre) et les taux d’intérêt devraient rester plus élevés encore longtemps, voire augmenter, entraînant une hausse des coûts d’emprunt pour les entreprises et un ralentissement de la croissance économique, actuellement estimée à 1 % pour l’année prochaine ».
Quant à l’environnement des affaires dans pays européens dégradés, il résulte notamment des incertitudes pesant sur l’activité industrielle : « Le climat des affaires dans le secteur manufacturier européen est resté faible, comme en témoigne la contraction constante de l’indice PMI manufacturier dans ces pays, justifie Credendo. L’une des principales préoccupations est la difficulté du secteur automobile en Europe », confronté à une transition énergétique à marche forcée dans un contexte de morosité de la consommation.
Ainsi « de grands acteurs tels que Volkswagen et Audi ont annoncé la fermeture de plusieurs usines de fabrication en Europe. Ces fermetures ne sont pas seulement un coup dur pour les entreprises, mais aussi pour l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement, en particulier dans les pays d’Europe centrale tels que la Hongrie, la Slovaquie et la République tchèque, qui dépendent fortement du secteur automobile allemand », poursuit-il.
S’ajoute à cette situation les incertitudes sur l’impact qu’aurait une plus important protectionnisme américain dans le cadre du deuxième mandat de Donald Trump, qui pèse aussi sur des pays comme l’Irlande ou la Finlande.
Risque politique court terme : trois dégradations pour deux améliorations
Trois pays émergents bénéficient d’une amélioration de notre sur le risque politique court terme (moins d’un an) : le Ghana et le Pakistan passent de 6 à 5 sur une échelle de 1 à 7, du meilleur au pire. Une évolution positive qui marque une amélioration de la situation de leurs liquidités, notamment dans le cadre d’accords signés avec le FMI. Le Kazakhstan passe pour sa part de 3 à 2.
Deux pays sont à l’inverse dégradés : le Mexique encore, de 1 à 2, et le Myanmar, de 6 à 7.
C.G