L’assureur-crédit belge Credendo a présenté le 21 mars la première édition de son « Atlas des risques mondiaux », opus synthétique de 16 pages qui livre le point de vue d’experts, internes et extérieurs, sur les principaux risques identifiés comme pesant particulièrement sur l’économie mondiale pour l’année en cours. Cinq grands risques sont mis en exergue pour cette première édition.
Cinq grands risques sont, pour certains sans surprise, identifiés par Credendo comme majeurs pour l’économie mondiale et les risques pays dans la première édition de son « Atlas des risques mondiaux 2023 » : les risques géopolitiques, les dettes publiques, le réchauffement climatique, les risques démographiques et les risques inflationnistes.
Pour chacun d’entre eux, le document, qui rompe dans le style et la présentation avec les traditionnels études bourrées de tableaux et de graphiques, détaille les risques et donne des pistes d’amélioration possibles. Sans entrer dans les détails, on s’arrêtera sur deux d’entre eux.
Concernant les risques géopolitiques, la guerre en Ukraine, qui n’en finit pas de provoquer des incertitudes à travers le monde via, notamment, les marchés de matières premières, est logiquement le premier à être cité. Mais « une dizaine de conflits sont latents à travers la planète » signale le document. En premier lieu les tensions sino-américaines autour de Taiwan mais aussi des technologies stratégiques, qui risques d’amener une véritable « fragmentation de l’économie mondiale en deux blocs : celui des alliés des Etats-Unis et celui de ceux de la Chine » selon Pascaline Della Faille, Risk Manager chez Credendo.
50 pays au bord du défaut
Un autre éclairage intéressant est fourni sur l’enjeu de la dette publique des pays en développement : une cinquantaine de pays seraient susceptibles de faire défaut cette année, avec un enjeu sur 250 milliards de dollars selon des données reprises dans le document. Les plus exposés sont actuellement des pays parmi les plus pauvres, dépourvus de revenus d’exportation substantiels (à l’instar des pays producteurs de pétrole) situés notamment en Afrique. Plusieurs sont d’ores et déjà en défaut sur les marchés financiers : Mali, Zambie, Suriname, Liban, Sri Lanka, Ukraine, Biéloriussie, Russie. L’an dernier, en Afrique, Malawi, République du Congo, Zambie, Ghana font partie de ceux qui ont déjà fait défaut. Mais des poids lourds fragilisés comme l’Egypte, voire la Turquie, ne sont pas à l’abris d’un tel choc.
Un des facteurs qui complique la résolution du problème – outre les facteurs macro-économiques tels que le ralentissement mondial et la hausse des prix des produits alimentaires et de l’énergie- est le fait que contrairement au passé, beaucoup de ces pays très endettés ont des créanciers multiples, et bilatéraux, avec des fonds souverains ou des Etats tels que la Chine ou l’Inde. Difficile de « coordonner une restructuration de dette » avec autant d’intervenants, observe Louise Van Canwenbergh, analyste senior chez Credendo. D’autant que certains pays comme la Chine ou l’Inde ont peut d’expérience en matière de restructuration.
Dans ce contexte, des évolutions positives sont toutefois porteuses d’espoir : l’Angola, un des plus gros créancier de la Chine, vient de signer un accord de restructuration avec celle-ci tout en menant à bien un programme avec le FMI tandis que le Ghana a réussi a restructurer sa dette publique domestique et peut envisager à nouveau une aide du FMI.
Plus de soutien aux projets pétroliers et gaziers
Dernier point mis en exergue par Credendo dans la présentation de cet Atlas : le réchauffement climatique, qui commence à avoir des effets négatifs et désastreux dans beaucoup de pays. « La bonne nouvelle, c’est qu’on a des solutions, la mauvaise, c’est qu’il faut clairement qu’on accélère » a résumé Nabil Jijakli, le président directeur général de Credendo.
Sans entrer dans les détails du document, on retiendra que l’assureur-crédit belge, à l’instar de ses homologues européens, s’est aligné sur les orientations de son pays et de l’Union européenne dans ce domaine et a pris des engagements en matière de respect des normes ESG, dans les projets d’exportation ou d’investissement qui lui sont soumis.
Il s’est ainsi retiré du charbon et refuse de soutenir tout projet pétrolier et gazier décidé après 2021, tout en gardant une souplesse d’approche pour des projets améliorant l’efficacité énergétique d’un pays. Et, selon Nabil Jijakli, « nous avons clairement été confrontés à des projets que nous avons refusés ». En revanche, les projets qui cochent les bonnes cases bénéficient d’incitations, comme de meilleures conditions de couverture.
C.G
Le document Atlas des risques mondiaux 2023 est téléchargeable sur le site de Credendo : cliquez ICI