Conséquence d’une économie mondiale en panne de croissance, Coface a annoncé aujourd’hui la baisse des notes de risque pays pour le Japon et six pays émergents –dont plusieurs producteurs de pétrole et de gaz- dans le cadre de sa revue trimestrielle des évaluations pays*.
En Asie, « l’économie japonaise inquiète (…) par la faiblesse de la consommation, analyse l’assureur-crédit français dans un communiqué. L’appréciation du yen en ce début d’année et l’inefficacité des mesures Abenomics ont conduit la Banque du Japon à adopter des taux d’intérêts négatifs ». En conséquence, après avoir été mis sous surveillance négative en janvier 2016, le Japon a été dégradé par Coface à A2 (au lieu de A1).
Pour sa part, la Malaisie, qui a été dégradée en A3 (au lieu de A2), « souffre des prix bas des matières premières mais également du scandale relatif au fond souverain 1MBD » qui a affecté la « confiance des investisseurs » dans un contexte « de dette des ménages élevée et de faiblesse de la demande externe ». Le risque politique s’accroît, selon Coface.
Toute une série de dégradations concernent des pays moyen-orientaux ou d’Asie centrale producteurs d’hydrocarbures. Le Sultanat d’Oman, dont la notre à été ramenée à A4 « demeure une des économies les plus vulnérables aux prix bas du pétrole » estime Coface, qui relève que « ses capacités de productions restent limitées à court terme et les revenus pétroliers (près de 85% des recettes publiques) se sont contractés de 36,3% en 2015 ».
La note A4 de l’Arabie Saoudite est mise sous surveillance négative face au creusement du déficit public « à mesure que les prix se maintiennent à un bas niveau » et au constat que « les indices de confiance des entreprises commencent à se détériorer ». La note A2 du Koweït est également mise sous surveillance négative, car pour Coface, cet émirat « risque de connaître une détérioration de ses comptes publics et extérieurs en 2016 ».
Le Kazakhstan est dégradé en C (au lieu de B) suite au ralentissement de ses exportations à destination de la Chine et de l’impact négatif sur son économie « de la récession Russe et des prix bas du pétrole ». L’Arménie, qui souffre également de la récession russe (chute du nombre de travailleurs arméniens de 5 % l’an dernier), est dégradée en D (au lieu de C), catégorie qui, précise Coface, « regroupe les pays dont les entreprises sont confrontées à une probabilité de défaut très élevée ». L’Arménie fait aussi face à « la frustration croissante de la population en raison de la corruption et des faibles performances économiques, ce qui participe à la détérioration de sa situation politique et sociale ».
D’une manière générale, Coface note un accroissement du risque politique. « La hausse de l’instabilité politique peut avoir un impact non négligeable sur des économies déjà touchées par le ralentissement mondial » analyse l’assureur-crédit. « En effet, elle est la suite logique de conditions économiques dégradées qui mécontentent les populations et fragilisent l’unité interne. » Certes les pays émergents –en premier lieu les producteurs de matières premières et de pétrole- sont touchés. Mais en Europe, en particulier dans la zone euro, « la montée du risque politique s’étend : Grèce, Portugal, Espagne et Irlande » selon Coface.
De fait, la reprise qui se manifeste dans les pays émergents, si elle a conduit a revoir ses prévisions de croissance à la hausse ( + 3,9% prévue en 2016 par Coface, après 3,4% en 2015 et 7,2% en 2010), reste fragile compte tenu de « la faible dynamique des pays avancés (1,7% en 2016) » qui « perturbe plus que jamais l’équilibre mondial ». Coface estime que la croissance mondiale ne devrait pas dépasser 2,7% cette année.
C.G
*Coface classe le risque pays de A à D, du risque le plus faible au risque le plus élevé (www.coface.fr/).
Pour prolonger :
–Conjoncture / Risque pays : les émergents dans l’œil du cyclone avec une nouvelle vague de déclassements par Coface
–Echos du colloque Coface : Pétrole, jusqu’où et jusqu’à quand la chute des prix ?
–Colloque Coface : les risques montent en Chine et restent très élevés en Russie