Les problèmes environnementaux -notamment liés au climat-, sociaux et de gouvernance (entendre ceux liés à la corruption) prennent une place croissante comme facteurs de risques pays, et sont en bonne place dans les radars des entreprises qui se développent à l’international, comme l’a montré encore récemment l’enquête annuelle du courtier Willis Towers Watson.
Dans le jargon des assureurs, qui les prennent de plus en plus en compte dans leurs évaluations du risque pays, on les appelle « ESG » pour risques Environnementaux, Sociétaux et de Gouvernance. Mais Euler Hermes, numéro 1 mondial de l’assurance-crédit, vient de franchir le premier un nouveau cap en intégrant, dans sa méthodologie d’approche du risque pays, de nouveaux indicateurs mesurant les risques environnementaux et les risques politiques via les réseaux sociaux.
Indicateurs « soutenabilité environnementale »
Selon un communiqué de presse d’Euler Hermes, six indicateurs liés à la « soutenabilité environnementale » sont ainsi désormais intégrés dans son analyse du climat des affaires (indicateur ‘SBE’ pour Structural Business Environment) pour chaque pays : intensité énergétique du PIB; part de l’énergie renouvelable produite dans le total de l’électricité produite, émissions de CO2 ; stress hydrique ; taux de recyclage ; densité de populations vulnérables aux chocs climatiques.
Ils s’ajoutent à des indicateurs déjà intégrés par l’assureur-crédit dans ses rating SBE tels que les résultats du classement pays Doing Business de la Banque mondiale ou des indicateurs de contrôle de la corruption.
Un algorithme pour sonder les réseaux sociaux
Quand à l’évaluation des risques de turbulences politiques, elle s’est enrichie d’un outil d’analyse d’éléments en provenance des réseaux sociaux, s’appuyant sur un algorithme de traitement des masses de données (data science). Une nouveauté. « Cela permet à Euler Hermes de détecter le risque de mouvements sociaux, comme ce fut par exemple le cas dernièrement en Amérique Latine et au Moyen-Orient » précise le communiqué de l’assureur-crédit.
Déjà, après le Printemps Arabe démarré fin 2010, qu’aucun analyste n’avait vraiment prévu, Euler Hermes avait intégré des indicateurs mesurant les inégalités persistantes et l’immobilité sociale dans chaque pays pour mesurer les risques de mouvements sociaux et de turbulences politiques qui pouvaient s’y produire.
Nouveau risque d’impayé
« La corrélation entre les risques ESG et le risque d’impayés tend (…) à s’accroître avec le temps » souligne encore Euler Hermes. Et de préciser : « Cette tendance est par exemple visible au travers d’événements relatifs au climat qui engendrent une interruption des chaînes de valeur, ou encore avec une recrudescence des mouvements sociaux, source de tensions sur la trésorerie des entreprises. Le nouveau risque d’impayés pourrait également venir d’un accès plus difficile au crédit pour les entreprises dont l’emprunte carbone est la plus forte, et pour celles dont les actifs sont les plus exposés aux réglementations environnementales ».
L’assureur-crédit compte ainsi affiner un peu plus la gestion de ses arbitrages de risques, comme l’explique Ludovic Subran, son chef économiste : « notre nouvelle méthodologie d’évaluation du risque pays vise à capter les potentiels impacts du changement climatique et du mécontentement social sur les entreprises. Ces dernières pourraient en effet prochainement faire face à des coûts de financement plus élevés, des interruptions de production et des chaînes de valeur disruptées. Les Petits États Insulaires en développement, les pays dont le mix énergétique est fortement carboné, ou encore les pays où les risques d’inondations sont élevés sont sur la liste de surveillance concernant l’impact qu’ils pourraient avoir sur le commerce B2B ».
Desk Moci