L’embellie de l’économie mondiale amorcée en 2017 se poursuit, d’après Coface qui table en 2018 sur une hausse de la croissance mondiale de +3,2 %. Dans les pays émergents, la reprise est même attendue plus forte (+4,6 %). Cette tendance très positive, qui confirment les prévisions d’autres analystes et les dernières estimations du FMI, pourrait toutefois être gâchée par les risques politiques, qui demeurent importants et sources d’incertitudes.
La résurgence des risques politiques aussi bien dans les pays émergents, en raison d’échéances électorales, que dans les économies avancées (négociation sur le ‘Brexit’, crise politique en Espagne autour de l’indépendance de la Catalogne, peut être demain hausse des tensions entre l’Union européenne et la Pologne…) n’est pas à exclure, estime ainsi l’assureur-crédit, qui exposait sa vision des grandes tendances de l’économie mondiale pour 2018 lors de son colloque annuel consacré aux risques pays et sectoriels, le 23 janvier à Paris, dans l’amphithéâtre du palais des congrès, à la Porte Maillot. Une analyse qui conforte une perception assez largement répandue chez les assureurs-crédits.
La prudence est de mise sur le risque politique
Les risques politiques poussent donc à la prudence. « La frustration sociale reste élevée dans les pays émergents au début d’une année riche en élections », observe Coface. À celle-ci s’ajoute un niveau élevé de l’indice de risque de troubles sociaux établi par l’assureur-crédit. En Iran, en proie à un mécontentement social, cet indice obtient un score élevé de 71 %, mais il dépasse les 60 % au Liban (65 %), en Russie (64 %), en Algérie, au Brésil et au Mexique (61 % respectivement).
Au Moyen-Orient, ce risque est exacerbé par la volatilité des prix du pétrole. L’assureur-crédit a de ce fait abaissé la note de risque de l’Arabie saoudite à C (risque élevé). Le pays est fortement dépendant des prix pétroliers qui restent volatils. « Les tensions politiques internes augmentent et risquent de se dégrader l’environnement des affaires aux yeux des investisseurs », juge Coface.
Rappelons que l’assureur-crédit attribue des notes de risque allant d’A1 pour risque « très faible », à E risque « extrême» pour estimer le risque de non-paiement (risque d’impayés des entreprises) et appréhender l’environnement des affaires d’un pays donné.
Les gagnants de l’embellie de l’économie mondiale en 2018 sont…
Parmi les « gagnants de l’accélération du commerce mondial » (+4,4 % en 2017, selon les prévisions Coface, après +1,5 % en 2016), plusieurs pays ont vu leur note de risque s’améliorer.
En Asie, ont été ainsi reclassés la Corée du Sud, Taïwan, Singapour et Hong Kong en A2 (risque peu élevé).
En Europe, la Grèce a profité du retour de la confiance des ménages et des entreprises. Dans ce contexte, l’assureur-crédit a réévalué positivement sa note de risque, qui est passée de C (risque élevé) à B (risque assez élevé).
Les Pays-Bas sont quant à eux reclassés en A1 (risque très faible). En 2018, selon Coface, l’activité devrait continuer d’enregistrer un taux de croissance très dynamique, « supérieur à 2 %». La société d’assurance-crédit prévoit également, cette année, une baisse de 10 % des défaillances des entreprises aux Pays-Bas.
Malgré des risques politiques toujours élevés, Coface a amélioré les évaluations de l’Ukraine et de la Moldavie, reclassées respectivement en C (risque élevé), ainsi que la note de risque de la Géorgie (B). Ces nations « retrouvent une bonne croissance suite au redémarrage de la Russie et à la reprise nette en Europe », note Coface.
La note du Kazakhstan est, elle, reclassée en B (assez élevé). Le pays, observe Coface, profite de l’augmentation de sa production pétrolière et des investissements publics en lien avec le projet chinois de la « nouvelle route de la soie ».
Coface a également amélioré l’évaluation du Brésil, où la reprise est principalement due à la consommation privée, et dont le risque est par conséquent reclassé en B (assez élevé). Infine, l’Égypte est elle reclassée en B (risque assez élevé).
Évaluation du risque sectoriel dans 24 pays
Une nouveauté a été introduite cette année dans le Guide Coface des Risques pays & sectoriels 2018. Celui-ci donne désormais, en plus des notes de risque pays, les évaluations du risque dans 13 secteurs d’activité de 24 pays sur les 160 passés au crible dans le guide, représentant près de 85 % du PIB mondial. Un indicateur intéressant pour gérer ses risques de crédit.
Signe que l’embellie macro-économique touche aussi la micro-économie, l’année 2018 débute avec 18 révisions d’évaluations sectorielles dont 15 sont positives.
La métallurgie concentre « le plus de bonnes nouvelles sous l’effet d’une remontée des cours des métaux », indique l’assureur-crédit. Le risque n’est plus considéré comme « très élevé » mais « élevé » en Italie, en Inde et en Turquie, et comme « moyen » aux Pays-Bas.
Dans le secteur de l’énergie, une reprise est enregistrée au Canada désormais en « risque élevé » et aux États-Unis (« risque moyen »), « en ligne avec l’accroissement de la production et des prix », commente Coface. En France, la construction voit son évaluation s’améliorer pour la deuxième fois en neuf mois en « risque faible ».
S’agissant de l’industrie automobile du Royaume-Uni, celle-ci évolue, d’après Coface, « à contre-courant du reste de l’Europe de l’Ouest ». Les premiers signes néfastes d’un risque de « hard Brexit » à venir : les investissements, la production et les ventes en berne provoqués par une détérioration de la confiance des ménages et des investisseurs, expliquent la dégradation du secteur en « risque élevé », selon l’assureur-crédit.
Desk Moci
Pour en savoir plus :
– Consulter les prévisions de risques pays et sectoriels de Coface pour 2018 en cliquant ICI
– Consulter la page du site Coface dédiée au colloque du 23 janvier 2018 : colloque-risque-pays.com/
Pour prolonger :
Lire nos deux autres articles reliés au colloque :
–Europe / Risques politiques : le secteur privé, inquiet du Brexit et de la Pologne
–Chine / Routes de la Soie (3) : pour J.P. Raffarin, il ne faut pas…
Et aussi
–Risque pays / Export : Credendo s’inquiète de l’augmentation des risques politiques
– Forum Moci 2017 / Risques et opportunités : le commerce reprend, malgré le protectionnisme et la compliance
– Export / Risques pays : Coface déclasse 17 pays et crée une nouvelle note E pour “risque extrême”
– Risques pays / Export : le risque politique mondial au plus haut en 2017, selon Coface
–Et notre dernier Atlas des Risques pays (9e édition 2017)