Lancée en 2014 par l’Amrae, l’Association française pour le management des risques et des assurances en entreprise, et son équivalent québécoise, l’Agraq (Association des gestionnaires de risques et d’assurances du Québec), le Club Franco Risk, premier club de « risk managers » (directeurs des risques) francophones, trace son sillon avec l’ambition de regrouper, à terme, tout ce que la francophonie des affaires compte de spécialistes de la gestion des risques d’entreprises dans le monde.
Créé sous la forme d’une association Loi 1901, le Club vient de mettre en ligne son site Internet, www.clubfrancorisk.com, un site portail qui a été présenté pour la première fois à l’occasion des 24ème Rencontres de l’Amrae, qui se tenaient à Lille du 3 au 5 février. Les inscriptions se font très facilement via le site Internet. Deux catégories d’adhérents sont prévues : les personnes physiques et morales membres actifs et les personnes physiques ou morales membres associés. « Le Club est ouvert aux adhésions individuelles, mais aussi aux associations et aux professionnels » précise Gilbert Canaméras, son président, également secrétaire général de la Ferma (Federation of European Risk Management Associations), la fédération européenne des risk managers.
« Le besoin se manifeste depuis longtemps de regrouper des spécialistes de la gestion des risques et assurances de l’espace francophone », explique encore celui qui a présidé l’Amrae jusqu’à l’an dernier et à soutenu ce projet porté par Marc de Pommereau, secrétaire général du nouveau club. Avec ce club et ce site, « on leur propose un espace qui a vocation à les aider à se structurer dans leur pays tout en favorisant les échanges ».
Diffuser les bonnes pratiques
Le désir d’offrir une alternative à l’influence des anglo-saxons sur les métiers de la gestion du risque et des assurances en entreprise est aussi une motivation, même si elle n’est pas la principale. « L’influence américaine est très forte et se diffuse à travers la RIMS (Risk Management and Insurance Society) », souligne Marc de Pommereau. La RIMS compte quelque 81 chapitres, dont 68 dans les seuls États-Unis et les autres dans le reste du monde (Canada, Australie, Japon, Mexique, etc.).
Mais l’autre grand objectif du club est de diffuser les bonnes pratiques, via les échanges mais aussi de la formation. « Dans le cadre de la mondialisation des entreprises, il est extrêmement important, pour une entreprise, d’avoir une culture commune du risque si elle veut harmoniser les pratiques dans ses filiales », explique Marc de Pommereau, qui sait de quoi il parle en tant que directeur des Assurances chez Engie. Les assureurs y ont aussi intérêt.
Or, si la culture du risque est bien développée dans les entreprises en Europe et en Amérique du Nord, qui ont l’habitude de s’assurer et d’assurer leurs salariés, en Afrique, où les territoires francophones sont importants, on en est au tout début. Les associations de professionnels sont d’ailleurs rares sur le continent, et, lorsqu’elles existent, manquent de moyens. Mais le besoin existe, preuve en est la venue de plus en plus de professionnels africains aux Rencontres annuelles de l’Amrae, qu’ils soient assureurs, courtiers ou, plus rarement, responsables des risques dans des entreprises.
La Belgique et la Suisse, grâce à leurs milieux d’affaires francophones, sont également intéressées, sans compter le Québec, dont les professionnels sont co-fondateurs du Club. Pour la Suisse et la Belgique, seuls leurs particularismes linguistiques ont jusqu’à présent freiné l’ouverture d’un chapitre en tant que tel, mais cela ne devrait pas entraver les adhésions individuelles.
Première association de professionnels francophones avec quelque 2 300 membres et dotée d’une importante filiale de formation, l’Amrae souhaite favoriser sous son aile le déploiement d’une culture francophone du risque. « Nous avons deux points commun avec les professionnels francophones : la langue et le code Napoléon, résume Gilbert Canaméras. Les entreprises se développent dans ces territoires, les risk managers doivent les accompagner ».
Pour favoriser son développement, les formalités d’adhésion au Club ont été simplifiées et peuvent être faites directement sur le site Internet. Une association de risk manager dans un pays pourra ainsi aisément ouvrir un nouveau « chapitre ». Les gestionnaires du risque au Maroc et au Congo seraient sur le point de rejoindre ainsi le Club. Entre les risk managers et les professionnels (assureurs, courtiers, consultants) venus de France, Belgique, Suisse, Québec et d’Afrique, les fondateurs estiment l’objectif de 2 000 membres d’ici deux à trois raisonnable.
Christine Gilguy