Attention à la montée du risque de change dans certains pays émergents. Selon une étude publiée par le groupe financier japonais Nomura, sept pays émergents, dont plusieurs situés en Europe de l’Est et membres de l’Union européenne, risquent une crise de change dans les 12 mois qui viennent et trois autres sont dans des situations préoccupantes.
Pour détecter très en avance le risque de crise de change pesant sur 32 pays émergents, Nomura utilise un indicateur avancé surnommé « Damoclès », un score issu d’une compilation de données suivies à la loupe telles que les réserves de change, le poids de la dette extérieure court terme dans les revenus d’exportations, ou encore les soldes budgétaires et de la balance des comptes courants.
Lorsque Damoclès approche de la barre des 100 voire la dépasse, le pays risque une crise de change avec un taux de probabilité de 64 % selon les performances de cet indicateur depuis qu’il a été créé en 1996.
Selon les niveaux actuels de leur score Damoclès, sept pays émergents ont franchi le niveau de risque maximum : Égypte (165), Roumanie (145), Sri Lanka (138), Turquie (138), République Tchèque (126), Pakistan (120) et Hongrie (100).
Trois pays se rapprochent dangereusement de la barre fatidique des 100 : Brésil (92), Chili (88), Inde (83).
Enfin, 11 pays sont passés au-dessus des 50, dont 4 atteignent 75 : Pologne, Maroc, Kenya et Colombie totalisent un score de 75 ; Kazakhstan et Ukraine 69 ; Vietnam et Malaisie 63 ; et Philippines et Thaïlande 56.
Les pays qui s’en sortent le mieux au regard de cet indicateur vont de la Corée du Sud à Taiwan, en passant par l’Afrique du Sud, le Mexique, la Chine ou encore Israël et la Croatie.
Le plus haut niveau de risque depuis la crise asiatique
Au total, relève toutefois Nomura dans son analyse, le score Damoclès a progressé dans 22 des 32 pays sous revue depuis mai 2022, date de la précédente mise à jour.
Autre motif d’inquiétude, la somme des scores obtenus par les 32 pays a très fortement augmenté durant cette période : il est passé de 1744 à 2234, soit le plus haut niveau depuis… juillet 1999, et plutôt proche du niveau record atteint durant la crise asiatique de 1997-98.
De quoi confirmer la très grande fragilisation de certaines devises de pays émergents ces derniers mois. Alors que certains ne se sont pas encore complètement remis des effets de la crise sanitaire liée à la Covid-19, ils doivent à présent faire face au retournement de la conjoncture économique mondiale et au relèvement des taux d’intérêt aux États-Unis, qui entraine un reflux des capitaux internationaux jusque-là investis sur les marchés émergents.
C.G
Pour consulter l’étude (en anglais), cliquez ICI