Le ralentissement chinois s’accélère -sur un an à fin février, – 25,4 % à l’ export et – 13,8 % à l’import !- et les prix des matières premières connaissent un véritable « crash », aggravant les difficultés de bons nombre de pays émergents producteurs. Mais c’est le comportement de l’économie allemande et les risques auxquelles sont confrontées ses entreprises, très exposées dans les pays émergents, qui commence à inquiéter de ce côté-ci du Rhin, alors qu’en 2015, l’Allemagne est restée le premier débouché export de la France (16 % de ses exportations avec plus de 71,2 milliards d’euros).
Dans une récente note, Coface relève ainsi que « près de 29 % de l’ensemble des exportations allemandes sont destinées aux marchés émergents » et « plus du cinquième de ces exportations est expédié vers la Chine » souligne la note de Coface, qui indique que le pays est donc plus exposé que l’ensemble de la zone euro (26 % des exportations vers les émergents). La Chine à elle seule absorbe ainsi « l’équivalent de 6 % des livraisons transfrontalières totales de l’Allemagne ». L’an dernier, le commerce extérieur a eu « une contribution quasi-nulle » à la croissance allemande, laquelle ne compte actuellement que sur « la demande interne, en particulier la consommation des ménages » indique Coface, qui anticipe une croissance de 1,7 % du PIB cette année (1,5 % en 2015).
De fait, si l’on passe en revue les principaux partenaires commerciaux de l’Allemagne, les pays émergents sont à la peine depuis l’an dernier, selon les statistiques allemandes compilées par la base de données GTA (groupe IHS). En Chine, 5ème débouché de l’Allemagne à l’export, ses ventes ont reculé de 4,2 % l’an dernier (71,2 milliards). En Russie, 15ème client, les exportations allemandes ont chuté de 25,4 % (21,7 milliards). Enfin au Brésil, 26ème client, les ventes allemandes se sont repliées de 4,7 % (9,8 milliards) en 2015. En l’occurrence, Chine, Russie et Brésil sont les trois premiers pays émergents clients de l’Allemagne en 2015.
Reste que le commerce extérieur du pays est diversifié, avec actuellement ses plus importants marchés dans les zones moins turbulentes d’Europe occidentale et d’Amérique du nord qui ont, en 2015, enregistré de forts rebonds. Les Etats-Unis ont ainsi – ce fait a fait couler beaucoup d’encre- raflé à la France, l’an dernier, le premier rang des clients de l’Allemagne avec 113,9 milliards d’exportations allemandes, en hausse de 18,7 %, devant l’Hexagone, 2ème avec 102,9 milliards (+ 2,4 %) et le Royaume uni, 3ème avec 88,9 milliards. Et globalement, les exportations allemandes ont progressé de 6,4 %.
L’appareil exportateur allemand a donc globalement les reins solides face à la déroute des marchés émergents. Reste que, au plan micro-économique, certaines de ses entreprises peuvent être plus fragilisées que d’autres, selon les secteurs. Coface estime pour sa part « particulièrement vulnérables » les secteurs de l’automobile, du génie mécanique, du matériel électrique ainsi que l’industrie chimique plus « traditionnellement cyclique ». A suivre, donc.
CG