L’Europe centrale et orientale est entrée dans un cercle vertueux. Et c’est plutôt bon pour le risque pays, voire le risque client ! Depuis deux ans, le nombre de défaillances d’entreprises ne cesse d’y baisser. D’après une étude que Coface vient de rendre publique (voir fichier en pdf), « 2016 a vu un recul continu de 6 % du nombre de défaillances d’entreprises en Europe centrale et orientale, après une chute de 14 % en 2015 ». Et 2017 devrait confirmer cette embellie, puisque l’assureur crédit export « table sur une poursuite de la baisse des défaillances d’entreprises en Europe centrale et orientale de 3,9 % en 2017 et de 2,3 % en 2018 ».
La situation du marché du travail favorable
« L’accélération de la croissance du PIB et la relance des investissements annoncent des signaux plus positifs pour les entreprises », souligne Grzegorz Sielewicz (notre photo), économiste de Coface en charge de l’Europe centrale et orientale, selon lequel « un nouveau flux de projets d’infrastructure, une consommation des ménages stable et le développement des marchés étrangers y contribueront ».
C’est « la situation positive du marché du travail » (diminution du chômage, hausse des salaires) qui est à la base de l’amélioration de la santé des entreprises. Pour autant, les années de crise n’ont pas été effacées. Sur les 14 nations étudiées (*), seules la Roumanie et la Slovaquie peuvent se targuer d’un niveau plus faible qu’en 2008, grâce à une chute du nombre de défaillances, respectivement de – 20,8 % et – 22,6 % entre 2015 et 2016.
Les défaillances ont bondi en Hongrie et Lituanie
Deuxième remarque, la réalité diffère selon les États. Huit d’entre eux ont affiché l’an dernier un recul des défaillances. Selon Coface, « la Bulgarie a connu le plus fort recul, avec une chute de 35,6 % des procédures et quasiment aucune défaillance dans les secteurs pharmaceutique, informatique ou de l’enseignement. A l’opposé, en Hongrie, elles ont plus que doublé par rapport à l’année précédente et, en Lituanie, elles ont progressé de 35,2 % ».
Dans certains pays, comme l’Estonie, la Hongrie et la Russie, plus de 20 % des procédures pour insolvabilité concernent des sociétés de construction. De façon générale, la construction est le secteur le plus touché en Europe centrale et orientale. D’après Coface, leurs économies « ont été touchées par le nouveau budget de l’Union européenne et par une baisse des investissements en 2016, avec un ralentissement du rythme de croissance du PIB (2,9 % en 2016, après 3,5 % en 2015), et, « dans la plupart des pays, la construction a connu une chute significative de la production, ce qui a entraîné une détérioration des conditions de liquidité pour les entreprises du secteur ».
Un risque politique dans plusieurs pays
Toutefois, cette année, « la relance des investissements, estime Coface, devrait profiter plus particulièrement à des secteurs tels que la construction, le transport et la fabrication de machines, d’équipement et de matériaux de construction ». Tous ces secteurs, avec le commerce de gros et de détail, ont beaucoup souffert en 2016, à l’exception de la production de machines, qui figure parmi les domaines d’activité ayant, au contraire, connu une amélioration, à l’instar de la pharmacie, les technologies de l’information, l’éducation et les services financiers.
L’économie en Europe de l’Est va profiter d’un regain, avec une croissance qui devrait encore progresser à + 3,4 % cette année et + 3,3 % en 2018. L’accélération d’un cercle vertueux ne signifie, pourtant, pas que tout est réglé. Politiquement, les incertitudes existent en Italie, en République tchèque, en Pologne et en Roumanie, outre la situation singulière provoquée par le Brexit. Une instabilité trop importante ne serait pas sans risque pour la santé des entreprises.
F.P
*Bulgarie, Croatie, République tchèque, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Pologne, Roumanie, Russie, Serbie, Slovaquie, Slovénie, Ukraine.