Pour sa traditionnelle revue trimestrielle de ses notes risques pays, Coface a réévalué la note de trois pays, Afrique du Sud, Nigeria, Portugal, et dégradé l’évaluation de celle de trois autres, Costa-Rica, Suède, Tunisie.
Pour certains d’entre eux, la remontée des cours du pétrole joue un rôle notable. C’est ainsi, que sur une échelle de risques allant du plus faible A1 au plus élevé E, le Nigeria est descendu d’un cran, de D à C, une catégorie qui reste considérée comme à risque élevé néanmoins. Les réserves de change se sont reconstituées, l’agriculture a récolté également de bonnes performances et la monnaie, le naira, s’est « stabilisée depuis l’introduction d’un nouveau guichet de change pour les investisseurs et les exportateurs », explique-t-on chez Coface.
Un baril de pétrole à 65 dollars en 2018
A l’inverse, la hausse des cours de l’or noir a pesé sur l’activité en Tunisie. Compte tenu de la situation préoccupante des finances publiques, de l’inflation (7 %) qui va forcément se répercuter sur la consommation des ménages, la compagnie d’assurance a choisi de dégrader l’évaluation du petit État du Maghreb, passé ainsi de B à C.
S’agissant du prix du baril, lors d’un point presse sur la croissance mondiale, tenu à Paris le 9 avril, Sarah N’Sondé (notre photo), responsable des Analyses sectorielles de l’assureur français estimait qu’il devrait se stabiliser autour de 65 dollars cette année.
Hormis le Nigeria, un autre pays africain est gagnant, l’Afrique du Sud, dont « la reprise économique est sensible notamment dans le papier, le textile et la distribution », a précisé Sarah N’Sondé. Un regain de confiance des entreprises qui devait favoriser l’investissement, d’autant, selon elle, que la situation politique au sommet de l’État s’est éclaircie avec le remplacement du président Jacob Zuma son vice-président Cyril Ramaphosa.
Le redressement économique du Portugal salué
En Amérique latine et en Europe, le Costa-Rica et la Suède voient leur évaluation baisser, l’un de A4 en B, l’autre de A1 à A2. Le premier est confronté à un déficit budgétaire et à une dette publique élevés, lesquels devraient atteindre respectivement 6,5 % et 48,8 % cette année. Le Costa Rica pourrait relever la tête si un consensus politique se dégage dans le futur pour réaliser une réforme fiscale. Quant à la Suède, son déclassement, annonce la Coface, tient à la détérioration de son marché immobilier et la montée de risques d’endettement élevé des ménages.
Un autre pays, revanche, bénéficie d’un reclassement en Europe, le Portugal, dont « la croissance économique est dynamique, soutenue par les exportations », a indiqué Sarah N’Sondé. En outre, le marché du travail s’y redresse, si bien que Coface a relevé son évaluation de A3 à A 2.
Enfin, avec un recul de 33 % des défaillances d’entreprises prévu en 2018 (après – 15 % en 2017), le Portugal illustre parfaitement une tendance générale à la baisse des défaillances dans les pays avancés. D’après les projections de Coface, l’Islande afficherait ainsi – 35 % fin 2018, les Pays-Bas – 26 %, l’Espagne – 13 %, l’Allemagne – 7 %, l’Italie et Singapour – 6 %, le Canada et les États-Unis – 5 %, la France – 4 %. Pour autant, tempérait, Sarah N’Sondé, le niveau des défaillances était spectaculaire en 2017. Cette année, elles vont continuer, mais à un rythme moins lent ».
L’avenir de l’automobile américaine et européenne
Chacun s’interroge aujourd’hui sur l’impact général et pour le marché américain d’une éventuelle guerre commerciale ouverte par Washington et Pékin. La volonté de taxer l’aluminium et l’acier n’est pas sans effet sur le secteur des métaux, classé en risque élevé aux États-Unis. En revanche, « pour l’instant, soulignait la responsable des Analyses sectorielles chez Coface, nous ne voyons pas d’impact sur l’automobile et la construction », deux secteurs classés en risque moyen aux États-Unis. Coface pense que l’activité économique devrait progresser de 2,8 % en 2018 et que l’investissement des entreprises va être dopé par la réduction du taux d’imposition sur les bénéfices des sociétés de 35 à 20 %.
L’automobile est peu protégée aux États-Unis. « Le droit douane y est de 2,5 %, alors qu’il est de 10 % dans l’Union européenne (UE), ce qui explique en partie les propos critiques de Donald Trump sur le déficit américain avec l’Allemagne », confiait au Moci Julien Marcilly, chef économiste de Coface, après le point presse à Paris.
Les États-Unis est le premier client de l’Allemagne, avec plus de 111,5 milliards d’euros d’exportations l’an dernier, et l’automobile son principal poste de vente, avec une part supérieure à 24 %, d’après les Douanes allemandes. Le 18 mars dernier, si le ministre allemand de l’Économie, Peter Altmaier, s’était déplacé à Washington, c’était pour parler d’acier et d’aluminium, mais aussi d’automobile. En cas de guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, Washington pourrait être tenté d’exiger de l’UE des droits de douane équivalents dans l’automobile.
François Pargny
Pour prolonger :
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