Les acteurs des filières agricole et alimentaire de Rhône-Alpes conjuguent leurs forces dans le tout nouveau cluster « Patrimoine gastronomique et manger bien ». Objectif : améliorer la compétitivité et le rayonnement du secteur.
« On distingue des produits alimentaires culturels et locaux et d’autres, marchands et mondiaux. L’offre régionale est plutôt dans la première catégorie, nous devons la pousser à l’international », explique Michel Guglielmi, délégué du cluster créé en mai et précédemment directeur de l’école d’ingénieurs en alimentation, agriculture, environnement et développement rural Isara-Lyon. Le cluster rassemble des producteurs, des artisans, des métiers de bouche mais également les entreprises de transformation, les représentations consulaires, des centres techniques et de recherche, des établissements de formation. Beaucoup ont déjà coutume de travailler ensemble, mais le cluster veut créer une vraie dynamique. La Région a déboursé 200 000 euros pour financer l’emploi de trois personnes qui vont dans un premier temps animer et communiquer avec tous ces acteurs pour faire démarrer la machine.
Sur leur feuille de route, trois axes de travail : R&D et innovation animé par le Pôle européen agroalimentaire pour la communication la recherche, l’innovation et le transfert de technologies (Peacritt), emploi et formation animé par l’Isara-Lyon, promotion et commercialisation animés par le comité de promotion R3AP, qui réunit les acteurs publics et privés de la filière alimentaire. R3AP porte depuis des décennies cette mission, on lui doit en particulier de nombreuses actions internationales comme la participation des entreprises de la région sur un stand commun à de grands salons ou la mise en avant de produits régionaux auprès d’acheteurs étrangers.
Mais les producteurs et entreprises de la filière en Rhône-Alpes sont de fait essentiellement des PME, voire des TPE et leur capacité à exporter doit être stimulée. Le cluster annonce d’ici trois ans et sous l’égide de la Région un plan de développement international.
L’innovation est considérée comme un atout important pour doper la compétitivité de ces entreprises, voilà pourquoi le cluster lance deux appels à projet. L’un porte sur les process à base de fermentation (ils concernent les vins, pains, salaisons, produits laitiers, bières…) l’objectif étant de faire émerger des programmes de recherche. Sur la thématique plus large de « innovation-entreprise », appel est fait aux entreprises régionales de porter un projet de recherche appliquée, le cluster se chargeant de le relayer auprès de financeurs, l’appel sera clos fin juillet.
Ce cluster régional est baptisé Patrimoine gastronomique et bien manger « car les produits régionaux correspondent bien à cette idée de convivialité, de plaisir de manger, de produits sains aussi… », décrypte Alain Guglielmi. R3AP avait travaillé en ce sens en publiant voilà dix ans un inventaire des produits régionaux et de terroir. Le cluster prévoit de le mettre à jour et d’y ajouter les savoir-faire de transformation. Ce travail sur le référentiel alimentaire et des savoir-faire doit permettre leur valorisation. « Nous disposerons d’un outil pouvant légitimer plus facilement produits et process », souligne Alain Guglielmi.
Laurence Jaillard, à Lyon
La filière du bien manger
Le cluster est une association qui compte huit membres fondateurs : Aria, Coop de France Rhône-Alpes-Auvergne, les trois chambres régionales d’agriculture, des métiers, de commerce et d’industrie, l’Isara Lyon, le Peacritt, R3AP fortement soutenu depuis ses débuts par la Région. Rhône-Alpes totalise 41 000 producteurs agricoles, 870 entreprises de transformation, 470 entreprises de commerce de gros agricole et alimentaire et une grande diversité d’artisans et de métiers de bouche.
L. J.