Parmi les missions des volontaires internationaux en entreprises (VIE), celles liées à la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) ont pris de l’ampleur depuis le début de la crise. Cette évolution témoigne d’un changement dans les priorités des candidats, désormais plus attentifs aux projets des entreprises en matière de décarbonation ou de ressources humaines.
En 2018, 14 % des VIE avaient dans leur mission une dimension RSE. Trois ans plus tard, ils étaient 21 %, selon une enquête réalisée par Business France en partenariat avec le NewGen Talent Centre de l’Edhec. 60 % ont par ailleurs travaillé sur des sujets RSE, en dehors de leurs missions principales.
Pour Manuelle Malot, qui dirige ce centre d’analyse des aspirations, comportements et compétences des jeunes diplômés de l’Edhec, « cette nouvelle dimension monte en puissance et devient un critère de choix pour les candidats au VIE ».
« Avoir un impact sociétal » figure désormais en troisième position des objectifs de carrière des VIE, derrière « acquérir des compétences et se développer personnellement » et « avoir une perspective internationale ». « Avoir de la diversité dans ses missions » et « avoir un salaire attractif » sont relégués à la 4e et 5e positions.
Si la rémunération n’est pas leur motivation numéro un, elle a néanmoins son importance. « J’avais un plus gros salaire et une plus grosse équipe que mes copains restés à Paris », témoigne Dorothée Raffray, en mission VIE à Berlin pour Autobiz en 2016 et 2017. Et en période de forte inflation, la question de la rémunération de ces jeunes se pose tout particulièrement. « Un hausse substantielle des indemnités pour les jeunes en mission dans certains pays devrait avoir lieu bientôt », laisse entendre Christophe Monnier, directeur du programme VIE à Business France.
La rapport de force est à l’avantage de la jeune génération
Pour ce dernier, on assiste en ce moment à « une véritable guerre des talents ». L’offre de missions étant supérieure à la demande, les candidats sont en position de force. Une situation qui conduit les entreprises à soigner la formulation de leurs offres. « Nous travaillons à des offres mieux marketées et plus adaptée à la nouvelle génération », relève Marie Piffaut, cheffe du service VIE. Ce qui inclut la mise en avant d’actions de l’entreprise en matière de RSE. Un changement de paradigme qu’a bien compris Goulven de la Bellière, adjoint du directeur de la gestion des cadres chez Saint-Gobain.
Le géant français des matériaux de construction, qui a recruté 850 VIE dans 48 pays depuis le lancement du dispositif, a en effet pris l’habitude de leur exposer les engagements du groupe en matière de décarbonation. L’entreprise, dont six dirigeants du top management ont commencé en tant que VIE, est actuellement en plein redémarrage de cette formule qui lui a permis d’ouvrir de nouveaux marchés. Leur nombre devrait revenir à son niveau pré-pandémique en 2023.
C’est à ce même horizon que le nombre total de VIE dans le monde (actuellement 8150, contre 7000 en septembre 2021) devrait dépasser le niveau record enregistré en 2019 avec 10 500 jeunes. « Avec la pandémie de Covid-19, il y a eu un coup d’arrêt brutal et les contingents ont fondu comme neige au soleil, mais nous espérons retrouver les niveaux de 2019 l’an prochain », souligne Didier Boulogne, directeur général délégué à l’export chez Business France. Pour ce dernier, la relation avec les candidats a récemment pris une tournure nouvelle : « On est dans une logique de consommation de la part des jeunes ».
Sophie Creusillet