Le nouveau gouvernement dévoilé ce matin 2 avril à Matignon, qui compte 16 ministres de plein exercice, ne comporte pas de ministère du Commerce extérieur contrairement au précédent. Ce qui laisse penser que ce portefeuille, détenu jusqu’à présent par Nicole Bricq, pourrait être attribué à un simple secrétariat d’État, la semaine prochaine, lorsque sera complété le gouvernement.
Les observateurs avertis n’ont pas manqué de relever que dans ce contexte, Laurent Fabius, qui a été reconduit aux Affaires étrangères, s’est vu adjoindre, à côté de cette attribution, celle du « Développement international ». Une victoire non négligeable pour la bataille qu’il a menée au Quai d’Orsay et face aux ministères de l’Économie et des finances et du Commerce extérieur pour imposer sa politique de diplomatie économique et sa cotutelle sur un certain nombre de politiques et d’organismes. Le dernier épisode victorieux avait été d’obtenir la cotutelle, avec le ministère du Commerce extérieur, le Développement durable et l’Agriculture, de la future agence issue de la fusion entre Ubifrance et l’Afii, à la tête de laquelle une de ses proches avait été nommée, Véronique Bédague-Hamilius.
Si cette dernière a écourté sa nouvelle mission pour prendre la direction du cabinet du nouveau Premier ministre Manuel Valls, la nouvelle fonction de Laurent Fabius pourrait signifier que tout ou partie du Commerce extérieur pourrait lui être rattaché, comme cela se murmurait ces dernières semaines.
Il faudra toutefois composer avec le nouvel homme fort de Bercy (qui ne compte plus que deux ministres de plein exercice au lieu de 4 précédemment, Michel Sapin ayant hérité des Finances et de la comptabilité publique), Arnaud Montebourg, qui, en plus du portefeuille du Redressement productif qu’il détenait déjà, s’est vu confier l’Économie et le Numérique.
Bercy, et en son sein la puissante DG Trésor, ont jusqu’à présent eu le rôle moteur sur la définition de la stratégie de Commerce extérieur et la gestion des soutiens publics dans ce domaine, même si d’autres ministères y étaient associés. Le nouveau ministre de l’Économie, du redressement productif et du numérique, chantre du Made in France, sait à quel point aujourd’hui le redressement de l’industrie et le développement du numérique passe par un élargissement des débouchés internationaux et s’inscrit dans une compétition mondiale. Dans ce contexte, conserver une influence forte sur la politique du commerce extérieur paraît essentiel.
Les choix, qui seront annoncés la semaine prochaine, en diront long sur le nouvel équilibre créé au sein du gouvernement en matière de pilotage de la diplomatie économique.
Christine Gilguy