Après la sidération du confinement, il faut relancer la machine. A l’export, cela passera par une relance des efforts de prospection des PME et ETI. Bpifrance est l’opérateur d’une nouveauté du plan de relance export : l’assurance prospection (AP) « accompagnement », destinée à booster les projets export des petites entreprises tout en les aidant à les structurer grâce au recours à un professionnel. Une mesure qui s’ajoute à un petit arsenal, dont le chèque export que gèrera Business France. Le Moci fait le point.
« Le chèque export est complémentaire de l’AP accompagnement : nous marions le carburant (le financement) et la boussole (l’accompagnement) » souligne Pedro Novo, directeur exécutif export de Bpifrance*.
Autrement dit, une même entreprise pourra cumuler les deux aides, pour peu qu’elle parvienne à bien structurer son projet de prospection, avec l’intervention d’un professionnel pour se préparer. « Si nous séparons l’accompagnement à la préparation du financement, cela ne marche pas » rappelle Pedro Novo.
Précision importante : la nouvelle procédure sera opérationnelle au 1er janvier 2021, le budget devant être voté dans le cadre de la Loi de finance pour 2021.
Finis les missions mal ficelées et les voyages d’agrément
Finis donc les missions mal ficelées et les voyages d’agrément à l’étranger qui avaient entaché l’ancienne formule de l’Assurance prospection premiers pas (A3P), suspendues en 2018.
Concrètement, la nouvelle assurance prospection « accompagnement » visera à financer des « petits tickets » avec des budgets d’un montant maximum de 40 000 euros. Elle obligera les bénéficiaires à recourir à un professionnel de l’accompagnement export, public (Team France Export) ou privé (consultants, sociétés d’accompagnement à l’international…).
Le professionnel auquel l’entrepreneur aura recours devra au préalable avoir été agréé par Bpifrance, qui promet de faire simple : « la procédure d’agrément sera alignée au plus près de la procédure d’agrément mise en place par la Team France Export pour le chèque export » assure Pedro Novo. Les demandes pourront être faites en ligne, suivi d’un process dématérialisé pour l’instruction, le suivi de l’accompagnement et le recouvrement.
Pedro Novo espère que ce nouvel outil permettra de générer 700 à 800 dossiers par an supplémentaires dans les trois prochaines années, pour une enveloppe de l’ordre de 25 à 30 millions d’euros par an.
D’autres mesures de relance ciblées
Cette assurance prospection « accompagnement » ne sera pas la seule nouveauté introduite par Bpifrance pour la relance.
Dans le cadre de la priorité donnée aux entreprises opérant dans les secteurs de la lutte contre le changement climatique, 10 % de l’enveloppe budgétaire dédiée à l’assurance prospection leur sera désormais réservée. Ce qui représente environ 30 millions annuellement. Energies renouvelables, transports propres, traitements et recyclage des déchets sont en première ligne pour en bénéficier.
Par ailleurs, les mesures mises en place dans le cadre du premier plan de soutien lancé en avril 2020 restent opérationnelles pour soutenir cette relance : la réassurance Cap export (assurance-crédit export court terme), la prolongation des contrats d’assurance prospection d’un an, les offres d’augmentation des couvertures (cautions, préfinancement export..).
Durant l’été, un nouveau dispositif opéré par la Caisse centrale de réassurance (CCR) est venu renforcer les outils d’assurance avec un objectif de couvrir des filières : une réassurance des portefeuilles de risques export jusqu’à 90 % et dans la limite d’une perte de 5 milliards d’euros.
Un milliard d’investissement prospection sur trois ans
« Les 247,5 millions d’euros du plan de relance sont un fruit à deux morceaux : l’accompagnement avec les alliés de la Team France Export et le financement avec Bpifrance » souligne Pedro Novo.
Bpifrance aura notamment à gérer 130 millions d’euros sur cette enveloppe, destinés à sécuriser la production de contrats d’assurance prospection sur les trois prochaines années. « Sur une base annuelle de 300 millions d’euros de dépenses de prospection par an générée grâce à cet outil, on obtient près de 1 milliards d’euros d’investissement prospection sur trois ans » se félicite le directeur exécutif de Bpifrance.
« Lors du confinement, il y a eu un énorme besoin de solidarité, aujourd’hui, il y a un besoin de reprendre confiance en soi, poursuit Pedro Novo. Les entreprises n’ont pas le droit d’attendre. Il n’y a jamais eu autant de moyen pour les conseiller et les financer ». Un motif d’optimisme : selon le dernier baromètre Bpifrance-Rexecode, les entreprises se développant à l’international ont mieux résisté à la crise que les autres.
Christine Gilguy
*Sur notre photo : le 1er octobre, sur le campus Afrique de l’événement BPI Inno Generation, il est question d’ambition et d’expérience sur les marchés africains pour les entreprises françaises avec, de gauche à droite : Vincent Faujour, président de Piriou, Christophe Lecourtier, directeur général de Business France, Franck Riester, ministre du Commerce extérieur et Pedro Novo, directeur exécutif export de Bpifrance.