C’est une véritable déclaration d’amour que Philippe Richert, tout nouveau président de l’Assemblée des Régions de France (ARF), a livrée aux représentants des chambres de commerce et d’industrie (CCI), réunis le 23 février, à Paris, pour l’assemblée générale (AG) de leur structure confédérale CCI France, appelant à « un renforcement des coopérations » entre les régions et les organismes consulaires sur les dossiers du développement économique, de l’innovation et l’internationalisation. A la grande satisfaction d’André Marcon, président de CCI France, qui en a profité pour positionner son réseau comme « partenaire » de choix des Régions sur leurs territoires.
Invité à intervenir lors d’une table ronde à l’issue de cette AG, sur le thème « Régions-CCI : un couple qui fait gagner les entreprises et les territoires », l’ancien ministre des Collectivités territoriales du gouvernement Fillon, lui-même président (Les Républicains) de la nouvelle grande région Alsace Champagne-Ardenne Lorraine (ACAL), effectuait sa première intervention publique en tant que président de l’ARF.
«Vos partenaires pour occuper notre place, toute notre place »
André Marcon a ouvert le bal au nom des CCI, les positionnant comme «vos partenaires pour occuper notre place, toute notre place », en tant que «maîtres d’œuvre», mais aussi parfois de «maîtres d’ouvrage» auprès des Régions «stratèges» du développement économique. Parmi les exemples de domaines de coopération qu’il a mis en avant, les aides publiques aux entreprises, avec le site Internet développé par les CCI lesaides.fr, ou encore la formation professionnelle, et enfin le soutien à l’internationalisation des entreprises.
Dans ce dernier domaine, le président de CCI France n’a pas manqué de positionner clairement CCI International en tant qu’opérateur d’accompagnement global des entreprises à l’international grâce à la connexion que ce service mutualisé des chambres établit entre les 133 CCI sur le territoire et les 113 CCI françaises à l’étranger (CCIFI) du réseau CCI France International. Et de faire au passage la promotion du programme d’accompagnement de bout en bout, dénommé » CCI Implantation + « , lancé l’an dernier par ce réseau* et qui devrait bénéficier d’un coup de pouce budgétaire cette année pour sa finalisation**. « Nous souhaitons que le maximum d’implantations qui seront faites avec le soutien des régions le soient par CCI International » a insisté André Marcon.
En guise de réponse, Philippe Richert, qui avait préparé quelques notes, a livré un discours fleuve de politique générale qui a éclipsé les autres intervenants, et dont on pourra retenir qu’il considère déjà les CCI comme un partenaire incontournable des régions dans leur nouveau rôle de « pilote » du développement économique. Car, pour le nouveau président de l’ARF, la loi NOTRe (Nouvelle organisation territoriale de la République) à un gout d’inachevé en ne donnant pas aux nouvelles Régions les moyens budgétaires de leur nouveau rôle.
Pour des SRDII vraiment « prescriptifs »
« Ma nouvelle région fait 57 000 km2 et son budget est de 2,5 milliards d’euros ; le Bade-Wurtemberg fait 35 000 km2 et son budget est de 40 milliards d’euros », a délivré ce bon connaisseur de l’Allemagne frontalière de sa région. En matière d’aide à l’innovation, même contraste entre les deux côté de la frontière : là où les collectivités en Allemagne alignent 10 milliards d’euros cumulées, l’ensemble des Régions de France ne totaliseraient que 600 millions d’euros…
Pour le nouveau président de l’ARF, le défi n’en reste pas moins à relever, tant pour réussir cette réforme territoriale –« aucune alternance ne reviendra au système antérieur » a-t-il prévenu- que pour gagner « la bataille de l’emploi ». D’où une ouverture aux partenariats sur tous les sujets. Dans la région Alsace qu’il présidait déjà, son expérience avec le réseau consulaire est plutôt positive et il n’a pas manqué de le dire, donnant l’exemple de l’export : la déléguée à la CCI de Région, dont le service international gère la plateforme www.alsace-export.com, la mise en œuvre de la politique de soutien à l’internationalisation des entreprises dans le cadre d’une stratégie régionale élaborée, par ailleurs, en concertation avec tous les acteurs de cette politique.
Une expérience qui pourrait inspirer les orientations que Philippe Richert, aussi pragmatique dans ce domaine que son prédécesseur socialiste Alain Rousset, poussera à la tête de l’ARF. Philippe Richert souhaite aussi -autre point commun avec son prédécesseur- que les futurs Schémas régionaux directeurs de développement économique, d’innovation et d’internationalisation (SRDEII) soient vraiment « prescriptifs », avec stratégie, plan d’action et « évaluation constante des résultats ». Bref, qu’ils engagent leurs promoteurs et leurs opérateurs.
CG
*Lire à ce sujet : CCI /Stratégie : quand l’international s’impose comme une “nécessité” et devient une “priorité” du réseau consulaire
**Lire au sommaire de la LC aujourd’hui : CCI International / Budget : un bonus de 600 000 euros pour finaliser l’offre « CCI Implantation + »