Rapport Cian : une Afrique plus mal notée, mais plus séduisante

« La situation n’a pas empiré, mais l’attente vis-à-vis de l’Afrique est bien plus forte qu’elle ne l’était, ce qui explique que les notes que nous attribuons tous les ans aient baissé en 2013 », a souligné Jean-Louis Vilgrain (notre photo), président du Conseil français des investisseurs en Afrique (Cian), lors de la présentation, le 24 janvier dans les locaux du Moniteur du commerce international (MOCI) à Paris, du 25e rapport annuel sur l’Afrique du Cian.

De fait, véritable baromètre de l’activité des entreprises françaises sur ce continent en développement, le baromètre du climat des affaires en Afrique du Cian, édité par Le Moci, constate, pour la première fois, une dégradation de l’environnement des affaires dans les 31 pays étudiés sur la période 2012-2014. La note moyenne attribuée sur la base des 514 réponses reçues par le Cian était ainsi de 2,39 sur 5 l’an dernier, contre 2,57 sur 5 en 2012, ce qui correspond à une chute de 7,4 %. Par région, c’est dans la zone australe, orientale et océan Indien que la baisse est la plus forte (- 7,7 %).

Dans le détail, 14 pays ont obtenu une appréciation supérieure à 2,5, dont Maurice, l’Afrique du Sud et le Maroc, les seuls à dépasser la note 3, avec respectivement 3,42 (évaluation stable par rapport à 2012), 3,28 (en baisse) et 3,18 (en hausse). La République démocratique du Congo (RDC) est bonne dernière de ce classement avec un chiffre très bas : 1,66.

Rentabilité et investissements décollent

« Le paradoxe apparent, insiste Jean-Louis Vilgrain, c’est que l’Afrique n’a jamais été aussi rentable, recherchée par les entreprises et que les celles-ci y investissent de plus en plus ». Les tendances dégagées dans le rapport Cian confirment, à cet égard, les propos du président du Cian : si 56 % des sociétés déclarent des résultats positifs ces deux dernières années, elles sont encore plus nombreuses, soit 65 %, à prévoir cette année des bénéfices.

Parallèlement, les entreprises françaises annoncent effectivement aussi leur intention d’injecter plus de capitaux dans le continent : 56 % exactement prévoient ainsi d’accroître leurs investissements cette année, un taux bien supérieur aux taux effectifs des deux années précédentes : 48 % en 2012 et 49 % l’an passé. La région la plus rentable et qui reçoit le plus d’investissement est l’Afrique centrale, alors que l’Afrique de l’Ouest est la moins rentable.

Forum Afrique Cian-MOCI le 31 janvier

Le 31 janvier, le Cian et Le Moci accueilleront quelque 800 entreprises et institutions pour leur 3e Forum Afrique, organisé à la Chambre de Commerce et d’Industrie Paris Ile-de-France sur le thème « Innovation, rénovation : quels outils de séduction pour conquérir les marchés africains ? ».

Le Cian a enregistré ces derniers mois 21 nouvelles adhésions d’entreprises « qui vont à l’abordage de l’Afrique, comme L’Oréal, parce qu’elles ont besoin d’Afrique », se félicite son secrétaire général, Stephen Decam, qui confie « le souci » de son organisation « d’identifier les secteurs dans lesquels la France dispose d’un savoir-faire ». Parmi ces domaines, figurent, selon le Cian, les services aux villes dans l’eau ou la santé. Et Stephen Decam de préciser que « d’ici à trente ans la moitié de la population africaine deviendra urbaine ». De nouvelles fenêtres d’opportunités vont donc s’ouvrir.

François Pargny