« Il est temps de s’intéresser au marché jordanien », affirmait, le 8 décembre à Paris, Bruno Langlais (notre photo), vice-président de la Chambre de commerce et d’industrie française en Jordanie (Cafraj), lors d’un atelier d’information sur la Jordanie, le Koweït et Oman. Et celui-ci de faire valoir auprès des chefs d’entreprise réunis par Ubifrance une « véritable proximité avec l’Europe ».
Depuis plusieurs années, la Jordanie et l’Union européenne (UE) entretiennent des relations privilégiées, notamment en matière commerciale, depuis la signature d’un accord d’association en 2012. « En avril prochain, nos matériels ne seront plus du tout taxés à l’entrée en Jordanie, alors que nos concurrents indiens et chinois devront encore acquitter des droits de douane de 25 à 30 % », se félicite Bruno Langlais, également directeur général de Saint-Gobain PAM Proche-Orient, un fabricant d’équipements pour les réseaux d’eau et d’assainissement.
« Ce sont des produits techniques pour lesquels les normes sont donc très importantes », poursuit-il. Or, le Liban et la Jordanie sont les deux pays du Proche et du Moyen-Orient à être associés aux travaux du Comité européen de normalisation. Un autre atout aux yeux de cette filiale de Saint-Gobain, la qualité des universités du pays : « Pour recruter, la difficulté est de maintenir les cadres sur place. Les talents s’expatrient à l’étranger, notamment à Dubaï où ils touchent des salaires trois à quatre fois supérieurs et la Jordanie est alors obligé d’importer de la main d’œuvre », constate Bruno Langlais.
Saint-Gobain PAM crée une plateforme logistique à Aqaba
Outre l’eau, l’assainissement et l’environnement, trois autres secteurs doivent, selon lui, retenir plus particulièrement l’attention des entrepreneurs français : les différentes énergies, notamment renouvelables, le transport et le matériel médical. De façon générale, les besoins sont générés par la croissance économique et démographique de ces dernières années. Saint-Gobain PAM disposera, pour sa part, en mars prochain d’une plateforme logistique dans la Zone économique spéciale d’Aqaba (Asez), sur la mer Rouge, pour exporter vers l’Irak.
« A l’origine, relate Bruno Langlais, nous avons choisi la Jordanie pour nous trouver relativement près de l’Irak, qui représente pour nous 50 à 100 millions d’euros de chiffre d’affaires chaque année ». Quant au marché domestique, certes, il reste modeste avec ses six millions d’habitants et ses deux millions de réfugiés, mais « il est facile d’accès ». Enfin, le pays est stable et en choisissant aujourd’hui de s’installer autour du port d’Aqaba, Saint-Gobain PAM Proche-Orient va pouvoir se renforcer en Irak, tout en bénéficiant des avantages d’une zone franche.
Comment remplacer le gaz égyptien subventionné ?
De façon générale, les flux commerciaux de la Jordanie avec l’Irak et la Syrie, ses deux principaux débouchés extérieurs, se sont réduits depuis que la guerre a éclaté dans ses deux États. Certes, pour une économie privée de ressources naturelles, la baisse des cours du pétrole va lui donner un coup de pouce, mais le pays du Cèdre est privée d’eau et en conflit avec Israël à ce sujet. De plus, « il a perdu son fournisseur traditionnel de gaz, l’Égypte, et a dû importer aux prix du marché », remarque Jacques de Lajugie, chef du Service économique régional (SER) Proche et Moyen-Orient.
Le Qatar peut-il remplacer l’Égypte ? Ce n’est pas sûr, car Doha est déjà courtisé par de nombreuses capitales étrangères. Israël ? Cette option, choisie par l’Égypte, paraît, néanmoins, difficile politiquement à pratiquer. Dans le contexte régional, le plan de développement des énergies renouvelables est d’autant plus important. D’après une note, publiée en mars 2014 par le Service économique à Amman, l’objectif est que les énergies représentent 10 % du mix énergétique d’ici 2020. De façon concrète, quelque 1 200 mégawatts (MW) d’énergie éolienne sont prévus, 600 MW d’électricité d’origine solaire, 50 MW produite avec de la biomasse. Environ 30 % des ménages devront encore être équipés de chauffe-eau solaires. Des perspectives séduisantes, mais qui se heurte aux coûts. « Ces projets, souligne le Service économique, ont du mal à se finaliser, notamment parce que l’électricité produite était jusqu’à présent plus coûteuse que celle issue d’un gaz égyptien subventionné ».
François Pargny
Pour prolonger :
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