Une série d’annonces ont marqué l’événement qui a célébré, le 30 novembre, le vingtième anniversaire du volontariat international en entreprise ou en administration (V.I.E., V.I.A.), ce dispositif public géré par Business France qui permet à des jeunes diplômés de partir en mission pour des entreprises ou des administrations à l’international pour 6 à 24 mois.
Covid-19 oblige, l’événement s’est déroulé au format visioconférence, réunissant en direct les principaux représentants de la Team France Export et ses partenaires, les trois ministres de tutelle Jean-Yves Le Drian (Europe et des affaires étrangères), Franck Riester (Commerce extérieur et attractivité), et, par l’intermédiaire d’un message vidéo, Bruno le Maire (Economie, finances, relance), ainsi que des dirigeants d’entreprises et des jeunes. Les organisateurs ont recensé 3000 inscrits pour suivre la conférence depuis différents pays.
Premier chèque V.I.E. délivré à la société 9’58-Win Win
Le premier chèque de relance V.I.E., d’un montant de 5000 euros, a ainsi été symboliquement remis par Jean-Yves Le Drian à Régis Charpentier, le fondateur et dirigeant de 9’58 -Win Win Afrique, une startup qui promeut le sport comme moyen de développement économique et éducatif. Cette entreprise s’apprêtait à en envoyer quatre jeune VIE à Abidjan entre décembre et janvier. « Le succès, on le doit en grande partie à ce dispositif » a dit le chef d’entreprise.
Ce chèque V.I.E., une subvention de 5000 euros pour le recrutement d’un de ces jeunes, est l’une des mesures du plan de relance export que l’on attendait pour janvier 2020, mais dont le lancement officiel a été fait dès le 1er décembre, un mois en avance, les entreprises pouvant d’ores et déjà se porter candidates. Elle complètera les aides mises en place par les Régions en faveur de ce dispositif. L’objectif du gouvernement est de délivrer 3000 chèques V.I.E. d’ici le 1er décembre 2021.
Mais l’occasion était trop belle pour mettre un coup de projecteur sur cette mesure, d’autant qu’elle s’associe à une volonté du gouvernement, dans le contexte de la crise actuelle qui frappe les jeunes en quête d’emploi, de pousser les candidatures de profils de diplômés issus des quartiers prioritaires de la politique de la ville et des cursus courts type Bac + 2 et 3 (BTS, Bachelor). Actuellement, 90 % des VIE -8367 en poste actuellement dans 140 pays- sont issus de cursus Bac + 5 très demandés par les entreprises.
Conditions pour les grands groupes et nouveau site Internet
« Il faut qu’on arrive à diversifier les profils » a insisté le patron du Quai d’Orsay. C’est pourquoi ce chèque ne sera pas octroyé par Business France sans conditionnalité : si les PME et ETI en bénéficieront sans conditions, les grands groupes internationaux, friands de la formule pour détecter les jeunes talents, n’en bénéficieront que pour les recrutements de jeunes correspondant à ces nouveaux profils.
Business France a noué des partenariats avec des établissements de formation comme l’ENSAM (Arts et métiers) et des associations comme Nos quartiers ont du talent pour inciter les jeunes concernés à « oser » se porter candidat. Elle déploie des efforts de communication tout autant à destination des jeunes que des entreprises.
Franck Riester a appelé les entreprises à « jouer le jeu du V.I.E. ». « Ces derniers mois, malgré la crise, certaines entreprises ont pu continuer la mise en en œuvre de leurs contrats grâce aux V.I.E. dont elles disposaient sur place » a souligné Christophe Lecourtier, directeur-général de Business France.
Autre nouveauté annoncée à l’occasion de cette commémoration, un nouveau site Internet remplaçant le Civiweb est lancé le 1er décembre : Mon volontariat international. Modernisé, ce site doit permettre aux 40 000 jeunes inscrits de mieux s’orienter, de postuler auprès des entreprises, trouver des missions et bénéficier de coaching.
Nouvelles initiatives du secteur privé pour booster le V.I.E
Le secteur privé n’est pas en reste. « C’est une formule qui fait l’unanimité » a souligné Alain Bentéjac, le président du Comité national des Conseillers du commerce extérieur de la France (CNCCEF). Elle est en effet perçue comme « un accélérateur de la performance internationale », selon Dominique Carlac’h, vice-présidente du Medef.
Les CCEF ont été à l’origine du premier grand prix V.I.E., il y a 15 ans en Italie, événement qui vise à faire connaître cette formule. A l’étranger, ils font aussi du mentoring de jeune VIE. Mais ils vont aller plus loin.
Renaud Bentegeat, le président de CCI France International, l’association tête de pont des CCI françaises à l’étranger, a ainsi annoncé la prochaine création d’une société commune entre le CNCCEF et CCI France International dont l’objet sera de recruter des VIE à temps partagé au bénéfice des entrepreneurs français à l’étranger.
« Le dossier a été validé par Business France, nous espérons qu’il sera approuvé par le ministère des Affaires étrangères et Bercy » a indiqué le président de CCI France international. Ce fut chose faite en direct par Jean-Yves Le Drian concernant le Quai d’Orsay.
Par ailleurs, CCI France International a signé le 30 novembre une convention avec Business France qui va permettre à la première de prendre en charge depuis Paris des V.I.E. à temps partagé, qui effectueront des missions pour plusieurs entreprises.
Le volontariat international a encore de beaux jours devant lui.
Christine Gilguy