Jean-Pierre Barjon reste peu en place… Il présente l’histoire de Lorina tout en pianotant sur son téléphone portable. Il est tout le temps en alerte, pèse ses mots et les informations qu’il communique. Pas question de trop en dire et de risquer d’aider ainsi la concurrence. Jean-Pierre Barjon cultive l’intelligence économique… Posséder sa propre entreprise, c’était le rêve de cet ancien du monde de la micro-informatique.
Diplômé de l’École supérieure de commerce de Chambéry en 1981, il entre chez Canon comme attaché commercial puis comme inspecteur des ventes indirectes. Il passe en 1984 chez Goupil, le constructeur micro-informatique à la française : inspecteur des ventes, directeur régional puis directeur de la filiale Goupil Direct. En 1990, il intègre AMC, une ex-filiale de GEC-Alstom, comme directeur général. À 35 ans, il rêve d’entreprendre, mais ne dispose pas d’un capital suffisant. Il tombe par hasard sur un article concernant l’un des derniers maîtres limonadiers en France.
L’histoire le séduit. Donner une nouvelle jeunesse à cette entreprise centenaire lui semble un défi intéressant.
De plus, comme il le dit avec un sourire, « Lorina était la seule entreprise que je pouvais m’offrir ». Il conserve son poste chez AMC et travaille sur Lorina pendant ses week-ends : « Mon salaire correspondait au chiffre d’affaires de la société », se souvient-il. Il réunit une ribambelle de talents pour l’aider à remonter la société, tous travailleurs du dimanche, et se garde le développement commercial. En 1997, il quitte tout pour s’investir totalement dans Lorina et construit pour lui comme pour sa société un fabuleux destin. « Mon terrain de jeu, c’est le business », avoue-t-il. Ainsi, même s’il passe au moins une semaine aux États-Unis par mois, ce n’est pas le côté touristique ou culturel qui le motive : « J’aime découvrir d’autres habitudes de ventes, comprendre comment devenir meilleur avec de nouveaux arguments. »
Vice-président de la Fédération des entreprises et entrepreneurs de France depuis 1999, il se considère comme l’homme des paris difficiles et ne confesse qu’une seule passion, celle des chevaux de course dont il fait l’élevage. Dans ce domaine aussi, l’entrepreneur croit en ses rêves et ses chevaux participent aujourd’hui à certaines des plus grandes courses nationales ! Avec les chevaux comme dans sa vie professionnelle, Jean-Pierre Barjon conjugue passion, prise de risque et rationalité…
Nathalie Bloch-Sitbon