Délicate, la succession familiale ? Pas pour Agathe Doublet-Delpierre en tout cas. Depuis son plus jeune âge, elle s’est roulée avec son frère et sa sœur dans les tissus de l’entreprise familiale. À 10 ans, elle vendait son premier drapeau. Elle a naturellement rejoint Doublet, en 1997, à 23 ans, avec pour bagages des études à Science-Po Lille complétés par une maîtrise de droit public avec un stage au ministère de l’Agriculture.
« Cela peut paraître prétentieux, mais, à l’époque, je ne voyais pas pourquoi je serais allée faire profiter de ma valeur ajoutée une autre société que l’entreprise familiale… », confesse tout de go la présidente du directoire de Doublet depuis 2009. Sa sœur aînée, Gaëlle, et son frère cadet, Jean-Bernard, l’ont rejointe en 2002 pour respectivement prendre en charge le marketing et la production de la société. « Le plus difficile dans la vie d’un chef d’entreprise, c’est de décider. Là, nous sommes trois. Je suis moins seule et nous partageons les responsabilités », fait valoir cette mère de famille de 37 ans. Précisément la moyenne d’âge des 250 salariés de Doublet SA, où Agathe prône un management ouvert.
Mûrement préparée, la transmission de l’entreprise par leur père, en 2009, n’a donné lieu à aucun conflit. « Nous avons tous les trois l’entreprise dans le sang. Entre nous, il n’y a aucun enjeu de pouvoir. Nous nous respectons et je les consulte pour chaque décision importante », assure Agathe. « Nous avons chacun notre domaine de prédilection. La répartition des rôles s’est faite naturellement, en fonction des compétences de
chacun. Mais Agathe était plus légitime pour diriger l’entreprise, par ses compétences en gestion et son ancienneté », renchérit Gaëlle. S’il a passé la main à ses trois enfants, le père charismatique garde un œil sur l’entreprise dont il conserve le titre de président du conseil de surveillance. Toujours très présent dans les réseaux d’influence (il est aujourd’hui président de NFX, l’agence de promotion régionale), il reste un ambassadeur de référence pour l’entreprise.
Difficile, dans ces conditions, de ne pas parler boulot durant les réunions du week-end dans la maison familiale picarde. Le clan Doublet s’y emploie pourtant, permettant à Agathe de continuer à cultiver son jardin secret – la littérature – à laquelle elle consacre un blog.
T. B.