MGI et Soget, les deux éditeurs français leaders dans les solutions logicielles PCS / CCS (Port Community system / Cargo Community system) ont annoncé le 10 décembre leur rapprochement à travers la création d’un Groupement d’intérêt économique (GIE), France PCS, dont l’objectif sera de promouvoir « des chaînes logistiques nationales plus digitalisées, plus fluides, et plus sécurisées ».
Une annonce qui tombe à point nommée quelques jours après la tenue, le 7 décembre, du premier Comité interministériel de la Logistique (CILOG) et la publication de 16 mesures pour redresser la compétitivité du secteur assorti d’une enveloppe de 1,7 milliard d’euros. La Mesure n°14 vise précisément à lancer un « point de contact unique aux frontières dans ses volets numérique et physique ».
Alors que les deux sociétés, implantées l’une sur la plateforme portuaire du Havre (Soget) et l’autre sur la plateforme portuaire de Marseille (MGI) développent leurs offres concurrentes de solutions PCS et CCS ((S)One pour Soget, Ci5 pour MGI), il était temps qu’elles se positionnent alors que Bercy pousse depuis longtemps, avec le soutien des organisations professionnelles nationales de chargeurs et du transport et de la logistique, à l’émergence d’un système unique.
« Travailler en commun sur les dossiers d’avenir »
Lors d’une conférence de presse conjointe en format virtuel organisée le 10 décembre, Hervé Cornède, président du directoire de la société havraise Soget, et Rémi Julien, président du directoire de la société marseillaise MGI, ont toutefois écarté à demi-mot l’idée d’une fusion des deux sociétés : « les systèmes sont inter-opéables », a rappelé Hervé Cornède, en réponse à la question écrite d’un journaliste, et l’enjeu « est de travailler en commun sur les dossiers d’avenir » a-t-il ajouté.
Les deux fondateurs de France PCS veulent positionner le GIE comme « tiers de confiance », acteur « neutre » en mesure de faciliter l’accélération de la numérisation et de la simplification d’un certain nombre de formalités du commerce extérieur. Ils ont à cet égard annoncé l’adhésion du GIE à l’association France Logistique, que préside Anne-Marie Idrac.
Créée en début d’année, cette association vise à répondre à l’une des recommandations du rapport Hémar / Daher sur la compétitivité de la chaîne logistique, publié en septembre 2019, en même temps que l’annonce de la nouvelle stratégie logis tique du gouvernement, appelant à un regroupement des acteurs.
Quatre axes de travail prioritaires
Les fondateurs de France PCS ont par ailleurs défini quatre axes de travail prioritaire pour le GIE :
-contribuer à la création des fameux points de contact unique aux frontière grâce à l’intégration des PCS avec différentes plateformes en cours de développement comme le GUN douanier (guichet unique national de dédouanement commun à différents administrations) ou le GUMP (guichet unique maritime et portuaire);
-nourrir de leurs données un observatoire de la performance portuaire française permettant de suivre l’évolution des performances de la place logistique française ;
-fournir un appui technique pour la mise en œuvre du guichet unique maritime prévu par la Commission européenne à horizon 2025, en collaboration avec les ports et l’administration.
-travailler en commun pour améliorer la cybersécurité des infrastructures portuaires, sujet sur lequel les deux sociétés coopèrent déjà.
Ainsi, selon Rémi Julien, le point de contact unique au frontière pourrait être testé dès 2021 avant d’être généralisé à tous les ports en 2022. « Nous avons choisi de nous limiter à ces quatre projets pour aller vite » a-t-il souligné. A eux deux, les deux éditeurs traitent déjà 95 % des volumes de fret franchissant les frontières dans les ports français et totalisent 130 collaborateurs experts en logistique digitale répartis entre Le Havre et Marseille. De quoi apporter une contribution de poids à l’effort de l’ensemble de la filière.
Christine Gilguy