Mauvaise nouvelle pour un pays dont les pratiques de paiement étaient déjà réputées moyennes : l’allongement des délais de paiement est devenu monnaie courante en Pologne, plus d’un quart des entreprises polonaises étant confrontées à des retards de paiement d’au moins trois mois. C’est ce que révèle la première enquête de Coface sur le comportement de paiement des entreprises polonaises publiée le 12 janvier.
Premier constat, en Pologne, les entreprises signalent des retards de paiement moyens de 51,5 jours. C’est 10 jours de plus que les entreprises allemandes (41,5 jours).
Menée entre novembre et décembre 2016 auprès de 267 entreprises issues de secteurs variés, l’étude, l’enquête montre qu’en Pologne 64,1 % des transactions s’effectuent avec des retards de paiement allant jusqu’à 60 jours. Les retards dépassant les 90 jours représentent 24 % des transactions, et les longs dépassements, supérieurs à 150 jours, comptent pour près de 10 % des règlements. En outre, le sondage révèle qu’environ 80 % des encours de créances ne seront pas payés dans leur intégralité passé le délai de six mois. De plus, les paiements en retard coûtent cher : 20 % des entreprises ayant répondu à l’enquête sont victimes d’impayés dont le montant représente plus de 10 % de leur chiffre d’affaires. Coface précise toutefois que son enquête a été réalisée pendant « une période de ralentissement temporaire de l’économie ».
L’étude conduite par Grzegorz Sielewicz, économiste chez Coface, analyse les délais de paiement dans 12 secteurs. Parmi les entreprises interrogées, 32 % proviennent de l’industrie manufacturière (automobile, transports, sidérurgie, textile-habillement, papier-bois), 35 % du commerce et près de 33 % des services. La chimie (13,3 % des entreprises), la construction (12,5 %) et l’agroalimentaire (12,5 %) sont les secteurs les plus représentés dans l’enquête. Ils sont suivis par les TIC (8,4 %), la pharmacie (8,4 %), l’automobile (8 %), l’énergie (6,8 %) et les transports (6,5 %). Les secteurs les moins représentés sont : le textile-habillement (6,1 %), le papier-bois (6,1 %), la sidérurgie (5,3 %) et la distribution (2,3 %).
Les transports et la construction sont les plus touchés par les retards de paiement
Les retards de paiement varient selon les secteurs d’activité. Dans la distribution les délais de paiement des factures sont de « seulement » 19,3 jours. A contrario, certains secteurs souffrent de retards de paiement de nettement supérieurs à la moyenne, qui représentent une part signifiante du chiffre d’affaires des entreprises victimes d’impayés. Les entreprises des transports sont celles qui souffrent le plus avec des retards de paiement qui atteignent 112,9 jours, soit un délai plus de deux fois supérieurs à la moyenne. Dans l’industrie de la construction, les délais moyens hypothétiques avoisinent les 84 jours. Ces dépassements ont des conséquences sur les situations de trésorerie des entreprises. Ainsi, 82 % des sociétés interrogées par Coface ayant des créances impayées connaissent des difficultés de trésorerie. Parmi elles, 18 % ont indiqué qu’il s’agissait d’un problème permanent. Les secteurs de l’énergie, de l’automobile et des produits chimiques connaissent également des retards de paiement supérieurs à la moyenne.
S’agissant des raisons des impayés, les entreprises estiment que les retards de paiement de leurs clients s’expliquent essentiellement par les difficultés financières de ces derniers (problèmes de cash-flow ou manque d’accès au financement), mais également par la fraude ou des comportements immoraux. En conséquence, les entreprises ont dû introduire des mesures efficaces contre leurs débiteurs.
Le niveau des créances impayées devrait se stabiliser à l’avenir, d’après les anticipations de Coface. Toutefois, près de la moitié des entreprises interrogés ne s’attendent pas à des changements au cours des six prochains mois. Mais, relativise l’assureur, le pourcentage des entreprises (29 %) qui prévoient une baisse des créances impayées est plus élevé que celui de celles qui prévoient qu’elles augmenteront (22 %).
Le spécialiste de l’assurance-crédit table sur une croissance du PIB polonais de 2,7 % pour 2016 et prévoit une accélération à 3,1 % en 2017.
Venice Affre
Pour en savoir plus :
Consultez le Panorama de Coface sur les paiements inter-entreprises en Pologne en fichier PDF joint plus bas