« Le message clé qui a été donné aux entreprises, c’est l’ouverture », selon un proche du dossier à Bercy qui commente les orientations de la politique d’assurance-crédit export (PAC) pour 2014*. Les pays d’Afrique – priorités affichées du Commerce extérieur français – en sont les premiers bénéficiaires.
Cinq pays africains font ainsi partie du lot de neuf pays émergents ou en développement pour lesquels les conditions d’intervention de Coface pour le compte de l’État ont été assouplies : Congo, Éthiopie, Guinée, Kenya et Mali. Trois autres pays se situent en Amérique latine : Bolivie, Surinam et Équateur. Enfin, un autre est en Asie : Birmanie.
Les orientations de la PAC ont été présentées à huis clos le 12 février dernier à 450 représentants des entreprises exportatrices, banques et assureurs français réunis à Bercy. Elle fixe le cadre et les priorités en matière de soutiens publics à l’exportation pour l’année et est marquée par le maintien d’une politique volontariste. « Sur l’Afrique, cette ouverture s’inscrit dans les différents engagements pris par le ministre de l’Économie et des Finances, Pierre Moscovici, notamment lors du Sommet Afrique-France de l’Élysée, et par Nicole Bricq, ministre du commerce extérieur, avec ses différents déplacements sur le continent » commente-t-on à Bercy.
Selon les chiffres communiqués par Bercy, près de 11,9 milliards d’euros de promesses de garantie ont été délivrées en 2013 par la Direction des garanties publiques (DGP) de Coface et 7,1 milliards d’euros de contrats garantis ont été effectivement conclus. Si Pierre Moscovici et Nicole Bricq se sont félicités de ce bilan marqué « par de nombreux succès », ces chiffres n’en reste pas moins en repli par rapport à 2012. Les promesses de garantie sont restées au même niveau – 11,9 milliards d’euros en 2012 –, mais le montant des contrats garantis conclus a chuté de 30 % (10,1 milliards en 2012).
Outre qu’elle vise à maintenir un soutien important aux exportateurs, cette volonté d’ouverture se veut également dans la ligne des différentes réformes entreprises depuis 2012 pour améliorer l’efficacité du dispositif de soutien à l’exportation de l’État. « La PAC 2014 complète ces différents trains de mesures », souligne-t-on à Bercy. Pour les grandes entreprises et les banques, ce fut la création de nouveaux instruments via les projets de loi de finances rectificatives 2012 et 2013 (garantie de refinancement, extension des garanties pour l’aéronautique et le naval, complément d’assurance-crédit export court terme). Pour les PME et ETI, ce fut la création du label Bpifrance export et la rénovation de son offre.
Bpifrance va encore enrichir sa gamme d’outils avec le projet de la faire intervenir en prêteur direct, dans le cadre de financements de contrats d’exportation, sous la forme notamment de crédits acheteurs. « Il s’agit de palier des défaillances du marché sur certains segments, notamment les contrats de petits montants », confirme-t-on à Bercy.
C. G.
* La carte de la PAC 2014, qui fournit des informations sur la politique d’ouverture par pays, est téléchargeable au lien suivant
Bpifrance s’implique dans le financement direct des contrats export
Bercy a donné son feu vert, le 14 février, pour que Bpifrance devienne « prêteur direct » dans le cadre de crédits acheteurs d’ici l’été prochain. Objectif : proposer une solution de financement alternative pour les contrats export de petits montants des PME et ETI (entreprises de taille intermédiaire) lorsque les banques commerciales ne suivent pas.
« Nous sommes en train de regarder comment structurer cette nouvelle offre, avec la DG Trésor et Coface, car je l’avoue, c’est très nouveau pour nous », reconnaissait peu après cette annonce Alain Renck, directeur de Bpifrance export, interrogé par La Lettre confidentielle du Moci*. « Il faut que nous parvenions à mettre en place des solutions pour gérer les risques de telles opérations et en simplifier l’ingénierie pour les rendre accessibles, le but étant de parvenir à monter de petits tickets qui ne trouvent pas preneurs auprès des banques commerciales actuellement » poursuivait-il.
Les crédits acheteurs sont des montages structurés qui, pour simplifier, permettent à un établissement financier de prêter directement ou indirectement à l’acheteur étranger pour qu’il acquière le bien ou le service importé, avec une couverture d’assurance-crédit pour l’établissement prêteur, et de décharger l’exportateur de son risque de paiement. Les difficultés rencontrées par les PME et ETI pour accéder à ce type de financement sont régulièrement dénoncées dans les milieux d’affaires. Elles sont criantes en particulier sur l’Afrique, qui bénéficie actuellement d’une dynamique de croissance mais où les risques – risques pays, risques commerciaux – sont toujours jugés élevés par les banques et assureurs-crédits basés en Europe. Les banques rechignent par ailleurs à prendre du risque sur des petits montants pour des raisons de rentabilité.
Bpifrance, la DG Trésor et Coface planchent sur différentes options telles que des prêts directs, co-financements ou encore refinancements de prêts de prêts bancaires.
C. G.
*À lire également : « Financements export : Bpifrance se prépare à financer les crédits acheteurs » (20/02/2014)