Le grand rêve du chef de l’État algérien, Abdelaziz Bouteflika, est de terminer son troisième mandat sur un bilan économique positif et avec la certitude d’avoir donné au pays les moyens de son développement en s’appuyant sur la rente pétrolière.
Depuis 2001, ce dessein passe par une dépense publique parmi les plus importantes de l’histoire du pays depuis cinquante ans et par des plans de relance. Tout en suscitant des critiques sur leur efficacité, ces derniers alignent des chiffres impressionnants qui attestent de la solvabilité du pays.
Le dernier plan de relance, celui consacré à la période 2010-2014, est doté d’une enveloppe de 286 milliards de dollars, « la plus importante » selon l’économiste algérien Mustapha Mikideche. À cette nuance près qu’environ 130 milliards représentent le montant non dépensé des précédents plans d’investissement, faute d’avoir pu les projets correspondants dans les temps.
L’inauguration, le 8 mai, du premier tronçon du tramway de la capitale, en l’occurrence, le Citadis d’Alstom, a été un signal positif à cet égard pour des Algérois devenus sceptiques quand à la capacité du gouvernement à tenir ses promesses dans les délais annoncés… De même que la prochaine mise en service de la première ligne de métro par RATP El Djazair (Co-entreprise entre la RATP et EMA, Entreprise du métro d’Alger) fin 2011 ou début 2012, dont la réception est désormais prévue le 31 octobre de cette année. Un projet qualifié de « serpent de mer », qui aura mis trente ans à se concrétiser. Cette première ligne de métro d’Alger, longue de 9 km, comportera 10 stations et verra circuler 11 trains de 6 voitures, selon la RATP.
De fait, ce plan est destiné à financer la réalisation ou le parachèvement de grands projets d’infrastructures et à favoriser la création d’une dynamique qui profiterait aux entreprises algériennes. « Il s’agit, résume le ministre de l’Industrie, de la PME et de la Promotion de l’investissement, Mohamed Benmeradi, d’assurer à la croissance un socle solide, avec de l’argent sainement dépensé dans les infrastructures et les services publics. Et qu’au terme du programme, les entreprises se prennent en charge et l’État n’intervienne que pour assurer la régulation. » Quelque 130 milliards de dollars sont mobilisés pour les projets en cours dans le rail, les routes et l’eau. Cent cinquante-six milliards sont alloués pour de nouveaux chantiers dans le secteur des travaux publics et la modernisation, l’extension des réseaux routier et autoroutier ainsi que celle des capacités portuaires.
Pour les transports, il est prévu l’extension du réseau de chemin de fer, l’amélioration du transport urbain (avec notamment la réalisation de tramways dans 14 villes), et la modernisation les infrastructures aéroportuaires. Dans le domaine de l’habitat, 1,2 million de logements seront livrés durant le quinquennat tandis que, dans celui de la santé, 1 500 infrastructures dont 172 hôpitaux et 377 polycliniques sont inscrites dans le programme. Le programme prévoit également le raccordement de 1 million de foyers au réseau du gaz naturel et l’alimentation de 220 000 foyers ruraux en électricité, ainsi que l’amélioration de l’alimentation en eau potable.
Les énergies renouvelables sont concernées également : le gouvernement veut que l’énergie solaire couvre 40 % des besoins d’ici 2035. Un potentiel évident dans un pays qui englobe le plus vaste désert du monde.
Pour ce qui est des infrastructures sportives, 80 stades de football, 160 salles polyvalentes de sport, 400 piscines et plus de 200 auberges de jeunes seront réalisés. Une aubaine pour les entreprises qui devraient trouver des opportunités de marché importante dans la diversité des secteurs et des chantiers concernés par le plan de relance.
Autant de projets qui généreront de nouvelles demandes dans des secteurs comme les matériaux de construction, les équipements et matériels énergétiques et électriques, les équipements médicaux, la tuyauterie et les matériels de raccordement, la décoration et le mobilier, l’ingénierie… Un signe : le dernier salon Batimatec, qui s’est déroulé à Alger du 9 au 13 mai, a attiré quelque 800 exposants, dont la moitié d’étrangers venus de 20 pays. Le seul pavillon français en a rassemblé 73… Mais attention, l’heure est à présent aux partenariats pour produire de la valeur ajoutée localement.
Nordine Azzouz
Le Citadis d’Alstom roule enfin à Alger
Exploité par l’Établissement de transport urbain et suburbain d’Alger (Etusa), le tramway Citadis d’Alstom circule, depuis quelques semaines, sur la première section de la ligne que le consortium Mediterrail (dont Alstom est chef de fil et qui associe l’italien Todini et l’algérien ETRHB) a livré à l’Entreprise du métro d’Alger (EMA) en décembre 2010. Premier du genre en Algérie, ce tramway devait être initialement inauguré en 2009 mais le chantier a pris du retard. Ce tronçon relie le quartier de Bab Ezzouar à celui de Bordj El Kiffan, dans la banlieue est d’Alger. D’une longueur de 7,2 km, il comprend 13 stations. À terme, la ligne comportera deux autres sections et s’étendra sur 23 kilomètres. Le réseau comprendra à terme 38 stations et 8 pôles d’échanges. Ce grand projet, d’un montant initial de 350 millions d’euros, avait été confié en 2006 à Mediterrail. Alstom, via ses filiales italienne et espagnole, est aussi engagé dans les projets de tramway clés en main d’ Oran et Constantine, où les
travaux sont en cours. Au total, 98 rames ont été commandées. Il s’agit d’un contrat stratégique pour Alstom, qui s’enracine ainsi en Afrique du Nord. En tant que chef de file de Mediterrail, il a fourni une partie du génie civil, la totalité des infrastructures, l’atelier-dépôt, le PCC ainsi que 41 rames Citadis. Il assure également la maintenance des équipements du système et des rames pour une durée de 10 ans.
A. L.