Dans le cadre d’un nouveau train de sanctions imposées à la Russie à la suite de la guerre en Ukraine, les pays de l’Union européenne (UE) ont annoncé le 30 mai s’être mis d’accord sur une interdiction progressive des importations de pétrole russe.
Seuls les flux par voie maritime sont actuellement visés. Soit deux tiers de l’ensemble du pétrole fourni par la Russie à l’UE. Mais le chiffre pourrait monter jusqu’à 90 % d’ici la fin de l’année, car l’Allemagne et la Pologne se sont engagées sur la fermeture de l’oléoduc Droujba. Seule exception : la Hongrie a de son côté trouvé un accord lui permettant toutefois d’acheminer le pétrole de cette manière.
Rappel des faits : alors que les Etats-Unis ont décrété le 8 mars un embargo sur les importations de gaz et de pétrole russes, l’UE avait présenté de son côté le projet de plan « REPowerEU » qui doit permettre à l’Europe d’être « indépendante des combustibles fossiles russes bien avant 2030 ».
La Russie fournissait jusqu’à présent 27 % du pétrole importé par l’UE pour un budget de 400 milliards d’euros par an. Charles Michel, président du Conseil européen a annoncé mardi 31 mai, via Twitter, un « accord pour bannir les exportations de pétrole russe vers l’UE ». Et de préciser dans un second tweet : « cela couvre plus des deux tiers des importations en provenance de Russie, coupant une importante source de financement de sa machine de guerre. Pression maximale sur la Russie pour mettre fin à la guerre ».
Emmanuel Macron s’est félicité de cette unité des Vingt-Sept et de la solidarité à l’égard du peuple ukrainien. « La Russie fait le choix de poursuivre sa guerre en Ukraine. En Européens, unis et solidaires du peuple ukrainien, nous prenons ce soir de nouvelles sanctions. Nous avons décidé de mettre fin aux importations de pétrole russe à 90 % d’ici fin 2022 », a-t-il twitté.
La Chine, premier client de la Russie
Selon les données Comtrade des Nations Unies, la Chine reste le plus grand client de la Russie pour le pétrole avec près de 33 % de la valeur des exportations russes en 2020, pour environ 24 milliards de dollars (Md USD), soit 22,4 Md d’euros.
L’impact économique d’un arrêt des importations de l’UE est tout de même important car il représente près de 45 % de la valeur exportée pour un budget de plus de 32 Md USD (30,4 Md EUR).
Les principaux clients du pétrole russe
–Chine : 23,77 Md USD (32,8 %)
–Pays-Bas : 9,42 Md USD (13 %)
–Allemagne : 8,7 Md USD (8,7 %)
–Corée du Sud : 5,03 Md USD (6,9 %)
–Pologne : 4,18 Md USD (5,8 %)
–Italie : 3,74 Md USD (5,2 %)
–Biélorussie : 3,54 Md USD (4,9 %)
–Finlande : 2,76 Md USD (3,8 %)
–Japon : 2,09 Md USD (2,9 %)
–Slovaquie : 1,47 Md USD (2 %)
–Royaume-Uni : 1,11 Md USD (1,5 %)
–Hongrie : 1,03 Md USD (1,4 %)
–Etats-Unis : 0,95 Md USD (1,3 %)
Source: UN Comtrade, Statista.
De l’autre côté du globe, l’Inde, qui n’a pas condamné l’invasion russe, n’a clairement pas la même stratégie. Nos confrères du Monde ont dévoilé mi-mars, que le gouvernement indien était en discussion avec Moscou pour acheter du pétrole brut à bon marché. La ministre indienne des finances Nirmala Sitharaman, a expliqué que la Russie a fait une « offre ouverte » pour la vente de pétrole brut à un prix réduit, sans en dire plus sur les détails qui étaient alors encore en discussion.
Cette information a été confirmée par Hardeep Singh Puri, ministre indien du Pétrole et du gaz naturel qui a ajouté que le gouvernement explorait « toutes les options possibles » pour acheter du pétrole le moins cher possible. « Des discussions sont en cours, il y a plusieurs points qui doivent être examinés, comme la quantité de pétrole disponible en Russie ou sur de nouveaux marchés ou avec de nouveaux fournisseurs qui pourraient arriver sur le marché. Il y a également des questions relatives à l’assurance, au fret et à une foule d’autres questions, y compris les modalités de paiement », a-t-il précisé.
C.P.