Dans les pays en développement, la reprise peut-elle créer des sociétés plus justes et des modèles économiques plus durables ? C’est la question à laquelle tente de répondre un rapport de l’Ocde, Perspectives on Global Development 2021: From Protest to Progress ?. Il confirme ce que de nombreux spécialistes des risques pays disent depuis quelques mois : les gouvernements devront prendre en compte les groupes marginalisés jusqu’àlors s’ils ne veulent pas assister à un regain de mécontentement.
Hong Kong, Chili, Bolivie, Equateur, Liban, Algérie, Iran, Géorgie… Après un pic de manifestations violentes en 2019, en particulier dans les pays à revenu intermédiaire, la Covid-19 a eu pour effet de vider les rues. Depuis la fin de la crise financière de 2008-2009, le nombre de manifestations dans le monde avait doublé en 10 ans.
Mais l’interruption de cette vague de mécontentement, nourrie par un manque de confiance dans les gouvernements et la démocratie, n’est que temporaire selon les analystes de l’Organisation de coopération et de développement économiques (Ocde).
Joindre les deux bouts reste la principale préoccupation
Le rapport analyse les nombreux facteurs à l’origine de ce mécontentement croissant dans les pays en développement. Joindre les deux bouts reste la principale préoccupation.
Malgré trois décennies de croissance économique quasi continue, une grande partie de la population des pays en développement avait du mal à s’en sortir, avant même que la pandémie ne frappe. Les populations exigent également de meilleurs services publics, moins de corruption et une plus grande voix au chapitre dans la gestion de leur pays, ainsi qu’une plus grande action contre le changement climatique.
En outre, le rapport montre que la qualité de la démocratie se détériore dans le monde.
Le mécontentement émerge de l’interaction de ces griefs avec la fragmentation des sociétés : partout dans le monde, la confiance entre les gens diminue, l’engagement civil s’affaiblit et des guerres culturelles émergent. Partout dans le monde, des mouvements populistes émergent, généralement incapables de relever les défis auxquels les sociétés sont confrontées.
Si les rues se sont vidées en 2020, les réseaux sociaux ont servi de porte-voix. Selon le rapport de l’Ocde, l’effondrement de la cohésion sociale et les ruptures du contrat social rendront extrêmement difficile une meilleure reconstruction.
La coopération internationale doit évoluer
Transformer l’économie, renforcer les institutions, lutter contre la pauvreté et faire face à la crise climatique…
Si les analystes de l’Ocde appellent les gouvernement à s’emparer d’approches inclusives et participatives pour relever ces défis, il n’en estime pas moins que les pays en développement ne peuvent pas à eux seuls réparer ces lignes de faille. Ils sont très vulnérables à des facteurs dépassant leurs frontières, comme l’ont démontré les récentes crises économiques, les catastrophes environnementales et, bien sûr, les pandémies.
La coopération internationale est essentielle pour faire face à ces menaces, mais les institutions multilatérales sont confrontées à des doutes quant à leur légitimité et leur efficacité, en particulier pour répondre aux besoins des pays en développement.
La pandémie de Covid-19, qui continue de s’aggraver dans de nombreux pays en développement, a souligné la nécessité de nouvelles approches de la coopération internationale. À court terme, la communauté internationale a un rôle crucial à jouer pour garantir que les pays en développement accèdent aux vaccins et aux autres moyens dont ils ont besoin pour lutter contre la pandémie, éviter les crises humanitaires émergentes et coordonner l’allégement de la dette.
À plus long terme, estime le rapport, les Objectifs de développement durable et l’Accord de Paris sur le climat donnent la feuille de route pour s’attaquer aux nombreuses causes de mécontentement identifiées dans ce rapport, mais ne peuvent être atteints sans des institutions mondiales véritablement inclusives et à la hauteur de leurs ambitions.
SC
Pour consulter l’intégralité du rapport en ligne (et en anglais), cliquez ici.