Une semaine après la présentation des chiffres 2018 du commerce extérieur, Eric Woerth, qui préside la Commission des finances de l’Assemblée nationale, ouvrait, le 14 février dans l’enceinte de l’Assemblée, les « 1er États généraux du commerce extérieur ». Une initiative prise par le député Les Républicains (LR) de l’Oise en dehors de toute contingence politique, a assuré l’intéressé au Moci avant l’évènement. « Comme président de la Commission des finances, le commerce extérieur m’intéresse naturellement et il est important pour notre pays de dégager une stratégie cohérente », a expliqué encore l’ancien ministre du Budget, puis du Travail de mai 2007 à novembre 2016.
J-B. Lemoyne absent
Au programme de l’événement, trois tables rondes sur trois questions d’actualité : « refonder la politique commerciale européenne ? », « comment revoir la stratégie d’exportation française ? », « comment accompagner concrètement les entreprises à l’exportation ? ». Le programme, distribué le matin même, comprenait également une intervention entre les deux dernières tables rondes de Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’État en charge du Commerce extérieur auprès du ministre de l’Europe et des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian.
Mais le secrétaire d’État n’était pas au rendez-vous. Une façon de bouder l’événement ? Aucune explication n’a été fournie sur cette absence ni par Eric Woerth ni par l’animateur des « États généraux », l’ancien journaliste économique (Les Echos, Le Figaro, L’Opinion) Cyrille Lachèvre, aujourd’hui Senior Communication Consultant à la Banque européenne d’investissement (BEI).
Eric Woerth a indiqué qu’il souhaitait « pérenniser » cette manifestation, en l’organisant tous les ans. Il a du pain sur la planche car restée confidentielle, cette manifestation, dont Le Moci a appris la tenue la veille par une simple alerte Google, a aussi fait l’objet de critiques, parfois acerbes, dans la salle le jour-même, mais aussi de la part de certains acteurs de l’écosystème du commerce extérieur sur les réseaux sociaux.
Ces critiques ont surtout concerné la troisième table ronde. Si tous les orateurs du panel y sont apparus comme légitimes, y compris l’ancienne ministre du Commerce extérieur, Anne-Marie Idrac, l’ancien président de Coface, François David, en a excédé plus d’un par ses diatribes à l’encontre du Trésor et de la Team France Export, le nouveau dispositif d’accompagnement à l’export destiné aux PME et TPE mis en place dans les territoires et s’appuyant sur une alliance entre les Régions, Business France, les CCI et Bpifrance.
Les acteurs privés frustrés de ne pas être invités
Pour ne rien arranger, le secteur privé avait été tenu à l’écart si l’on en croit un post rageur d’Etienne Vauchez, le président de l’OSCI, sur son compte Linkedin. Cette fédération qui regroupe des sociétés de commerce international (SCI) et d’accompagnement à l’international (SCI) n’avait pas été invitée à participer à la table ronde sur l’accompagnement des entreprises.
« Bien que sollicités par l’OSCI il y a un mois, les organisateurs n’ont pas jugé utile d’y inviter les représentants des acteurs privés », a ainsi déploré Etienne Vauchez dans son post. Et l’intéressé de prendre ensuite les internautes à témoin : « franchement, ça semble difficile de faire progresser notre pays à l’export avec des acteurs publics, et pourtant ça semble être le consensus ici bas ».
Etienne Vauchez a, néanmoins, remercié Pedro Novo, le directeur exécutif de la banque publique Bpifrance en charge de l’Export qui, lui, était invité sur le panel de cette table ronde, et a cité l’OSCI dans son intervention. Ces « États généraux du commerce extérieur » étaient une première édition. Les organisateurs devront sans doute faire mieux en 2020 pour emporter l’adhésion générale…
François Pargny
*Lire dans la LC d’aujourd’hui : Commerce extérieur / Export : l’investissement et l’Europe au cœur des 1ers “États généraux” d’E. Woerth