Produire dans l’Hexagone et dans le respect de l’environnement sont des atouts à l’export. Les enjeux du Made in France et du « green business » ont ainsi fait l’objet de deux tables rondes, le 7 novembre, à l’occasion de la cérémonie de remise des trophées du Palmarès MOCI 2022, organisée en partenariat avec la CCI Paris-Île-de-France pour le lancement de son événement « Faites de l’international ».
A l’occasion de la cérémonie de remise des trophées de son treizième Palmarès des PME leader à l’export, le 7 novembre, Le Moci avait choisi d’aborder, lors de deux tables rondes animées par Christine Gilguy, sa rédactrice en chef, deux tendances majeures que les entrepreneurs ne peuvent ignorer en ces temps de réindustrialisation/relocalisation et de développement durable : le Made in France et le green business.
Nul n’ignore que la France possède des savoir-faire et des produits typiquement français appréciés dans le monde par les consommateurs et les professionnels. Ce rappel n’était, pourtant, pas inutile à quelques jours du salon annuel du Made in France (MIF), Porte de Versailles, du 10 au 13 novembre.
Au demeurant, ce savoir-faire tricolore, qui nous est enviée dans le luxe ou la gastronomie, est aussi une réalité dans l’industrie, se sont ainsi efforcés de démontrer les trois participants à la première table ronde sur le Made in France (de droite à gauche sur la photo) : Pascal Nadobny, P-dg d’Addev Materials (colles, adhésifs, films ou rubans, 700 salariés, CA 170 millions d’euros dont); Thierry Bisiaux, P-dg de Cryla (mécanique de précision, 130 salariés, CA 17 millions dont 35 % à l’export); et Sam Bahsoun, président de France Kitchen (équipement de cuisine professionnelle), associé à deux confrères, Charvet (matériel de cuisson) et Tournus (environnement en inox), au sein du consortium Africa Hotel French Consortium (AHFC) (350 salariés, CA 63 millions).
Aéronautique et cuisine, des fers de lance pour les PME
Ainsi, s’est félicité Pascal Nadobny, « quand vous êtes une ETI patrimoniale avec deux tiers de son chiffre d’affaires à l’international et que l’on travaille pour une industrie reconnue dans le monde, en l’occurrence l’aéronautique, qu’il y a des Airbus, des Dassault, des Safran ou des Thales, non seulement vous devenez crédible, mais en plus vous travaillez dans une logique de French Fab ».
Même propos en faveur du Made in France de la part de Thierry Bisiaux, patron de Cryla. Cette PMI basée à Besançon fournit des composants à l’aéronautique, au médical, au luxe et développe un partenariat industriel en Tunisie. « La Franche-Comté a la minutie dans son ADN, a-t-il souligné, et nous sommes très fiers de former et d’exporter notre culture industrielle chez notre partenaire ».
« L’histoire de la France est liée à la réussite de la pâtisserie, de la gastronomie, rappelait, pour sa part, Sam Bahsoun, ajoutant que « l’on peut être parfois plus cher, mais en retour on offre la qualité, la réputation et le service allant avec le matériel ».
Pour autant, ce n’est pas suffisant. En l’occurrence, si France Kitchen et ses partenaires ont créé en juin le consortium AHFC, c’était pour que cette expertise française reconnue dans le monde entier puisse répondre à des projets clé en mains en Afrique et au Moyen-Orient, avec des financements notamment comparables aux concurrents chinois et turcs.
Il faut plus pour gagner à l’export, a aussi souligné Francis Gelb, le fondateur de la marque de couverts de table Sabre, lauréat du Trophée de l’exportateur francilien de l’année. « Nous, c’est plutôt la France des guinguettes, du 14 juillet, on doit faire rêver, mais ce n’est pas suffisant ». Et d’avertir les exportateurs : « par expérience, et nous ne l’avons pas été au tout départ, il faut être professionnel : livrer des commandes complètes, respecter les délais, avoir des tarifs en dollar, calculer les droits de douane… il faut être sérieux ».
Les marchés du « green » fortement porteurs
Lors de la deuxième table ronde consacrée au green « simple com ou vrai levier à l’export ? », deux entrepreneurs étaient invités à partager leur expérience : Christian Le Roux (au centre sur la photo), secrétaire général de M2i Life Sciences (technologies durables pour l’agriculture et la santé, 200 salariés, 35 millions d’euros attendus en 2022, dont 90 % à l’export) et Antoine Fichet (à gauche), président et cofondateur de la startup Daan Tech (lave-vaisselle économique, écologique et compact, 60 % à l’export).
M2i Life fabrique des pesticides naturels à base de phéromones d’insectes. « Nous sommes les parfumeurs des insectes », n’hésite pas à affirmer son secrétaire général. Ces produits perturbent l’activité sexuelle des insectes nuisibles ciblés (méthode de la confusion sexuelle). C’est « sans résidu, sans toxicité », assure Christian Le Roux. « Nos concurrents, poursuit-il, sont des géants, comme Bayer et les autres grands chimistes. Nous, on fait du bio pesticide ». Le marché est porteur au-delà de l’agriculture : M2i Life effectue actuellement des recherches sur la betterave pour d’autres géants comme Nestlé et L’Oréal, qui ont besoin, l’un de sucre, l’autre d’éthanol. « Ils se tournent vers nous parce qu’ils ne veulent plus une seule trace de pesticide », se délecte Christian Le Roux.
De son côté, Daan Tech a lancé en 2020 Bob un lave-vaisselle à 70 % Made in France pour des foyers de deux à trois personnes et disposant d’un espace réduit. Ce produit électroménager au réservoir intégré et aux dimensions étonnantes (49 cm x 49) lave en 20 minutes. « Nous avons traduit notre site en six langues dès le départ et ça marche. Nous cartonnons au Danemark et en Suède, ce qui nous a surpris au départ, mais aussi en Allemagne », dévoilait Antoine Fichet. Un des arguments qui a séduit les consommateurs : le produit, éco-conçu, est durable (au moins 10 ans) et réparable.
Dans leur diversité, tout autant le Made in France que le green business sont donc porteurs à l’export. Et il bénéficient du soutien gouvernemental qui donne la priorité à la ré-industrialisation dans les secteurs d’innovation, à travers les dispositifs d’aides publique comme ceux de la Team France Export. Lors de son intervention en clôture du Palmares, le ministre délégué en charge du Commerce extérieur, de l’attractivité et des Français de l’étranger, Olivier Becht (notre photo ci-dessus), n’a d’ailleurs pas manqué de rappeler aux dirigeants de PME présents qu’il reste des crédits sur l’enveloppe des chèques relance export et VIE mis en place dans le cadre du plan de relance. « Ils faut les consommer avant le 31 décembre » a lancé le ministre. Et les demandes peuvent être déposées jusqu’au 15 décembre.
François Pargny